[4,17] Ἰνδῶν γὰρ τῆς πολιτείας εἰς πολλὰ νενεμημένης, ἔστι
τι γένος παρ´ αὐτοῖς τὸ τῶν θεοσόφων, οὓς γυμνοσοφιστὰς καλεῖν
εἰώθασιν Ἕλληνες. τούτων δὲ δύο αἱρέσεις· ὧν τῆς
μὲν Βραχμᾶνες προΐστανται, τῆς δὲ Σαμαναῖοι. ἀλλ´
οἱ μὲν Βραχμᾶνες ἐκ γένους διαδέχονται ὥσπερ ἱερατείαν
τὴν τοιαύτην θεοσοφίαν, Σαμαναῖοι δὲ λογάδες
εἰσὶν κἀκ τῶν βουληθέντων θεοσοφεῖν συμπληρούμενοι.
ἔχει δὲ τὰ κατ´ αὐτοὺς τοῦτον τὸν τρόπον,
ὡς Βαρδησάνης ἀνὴρ Βαβυλώνιος ἐπὶ τῶν πατέρων
ἡμῶν γεγονὼς καὶ ἐντυχὼν τοῖς περὶ Δάνδαμιν πεπεμμένοις
Ἰνδοῖς πρὸς τὸν Καίσαρα ἀνέγραψεν. πάντες
γὰρ Βραχμᾶνες ἑνός εἰσι γένους· ἐξ ἑνὸς γὰρ
πατρὸς καὶ μιᾶς μητρὸς πάντες κατάγουσιν· Σαμαναῖοι
δὲ οὐκ εἰσὶ τοῦ αὐτοῦ γένους, ἀλλ´ ἐκ παντὸς τοῦ
τῶν Ἰνδῶν ἔθνους, ὡς ἔφαμεν, συνειλεγμένοι· οὔτε
δὲ βασιλεύεται Βραχμὰν οὔτε συντελεῖ τι τοῖς ἄλλοις.
τούτων δὲ οἱ φιλόσοφοι οἳ μὲν ἐν ὄρει οἰκοῦσιν, οἳ
δὲ περὶ Γάγγην ποταμόν. σιτοῦνται δὲ οἱ μὲν ὄρειοι
τήν τε ὀπώραν καὶ γάλα βόειον βοτάναις παγέν, οἱ
δὲ περὶ τὸν Γάγγην ἐκ τῆς ὀπώρας, ἣ πολλὴ περὶ
τὸν ποταμὸν γεννᾶται. φέρει δὲ ἡ γῆ σχεδὸν καρπὸν
ἀεὶ νέον καὶ μέντοι καὶ τὴν ὄρυζαν πολλήν τε
καὶ αὐτόματον, ᾗ χρῶνται ὅταν τὸ τῆς ὀπώρας ἐπιλείπῃ.
τὸ δ´ ἄλλου τινὸς ἅψασθαι ἢ ὅλως θιγεῖν
ἐμψύχου τροφῆς ἴσον τῇ ἐσχάτῃ ἀκαθαρσίᾳ τε καὶ
ἀσεβείᾳ νενόμισται. καὶ τοῦτο αὐτοῖς τὸ δόγμα θρησκεύουσί
τε τὸ θεῖον καὶ εὐσεβοῦσι περὶ αὐτὸ καθορῶνται.
τὸν τοίνυν χρόνον τῆς ἡμέρας καὶ τῆς νυκτὸς
τὸν πλεῖστον εἰς ὕμνους τῶν θεῶν ἀπένειμαν καὶ
εὐχάς, ἑκάστου ἰδίαν καλύβην ἔχοντος καὶ ὡς ἔνι μάλιστα
ἰδιάζοντος. κοινῇ γὰρ Βραχμᾶνες μένειν οὐκ
ἀνέχονται οὐδὲ πολλὰ διαλέγεσθαι· ἀλλ´ ὅταν τοῦτο
συμβῇ, ἀναχωρήσαντες ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας οὐ φθέγγονται,
πολλάκις δὲ καὶ νηστεύουσιν. Σαμαναῖοι δὲ
εἰσὶ μέν, ὡς ἔφαμεν, λογάδες· ὅταν δὲ μέλλῃ εἰς τὸ
τάγμα τις ἐγγράφεσθαι, πρόσεισι τοῖς ἄρχουσι τῆς
πόλεως, ὅπου δ´ ἂν τύχῃ τῆς πόλεως ἢ τῆς κώμης,
καὶ τῶν κτημάτων ἐξίσταται πάσης τε τῆς ἄλλης οὐσίας,
ξυράμενος δὲ τοῦ σώματος τὰ περιττὰ λαμβάνει
στολὴν ἄπεισί τε πρὸς Σαμαναίους, οὔτε πρὸς γυναῖκα
οὔτε πρὸς τέκνα, εἰ τύχοι κεκτημένος, ἐπιστροφὴν ἤ
τινα λόγον ἔτι ποιούμενος ἢ πρὸς αὑτὸν ὅλως νομίζων.
καὶ τῶν μὲν τέκνων ὁ βασιλεὺς κήδεται, ὅπως
ἔχωσι τὰ ἀναγκαῖα, τῆς δὲ γυναικὸς οἱ οἰκεῖοι. ὁ δὲ
βίος τοῖς Σαμαναίοις ἐστὶ τοιοῦτος. ἔξω τῆς πόλεως
διατρίβουσι διημερεύοντες ἐν τοῖς περὶ τοῦ θείου
λόγοις, ἔχουσι δὲ οἴκους καὶ τεμένη ὑπὸ τοῦ βασιλέως
οἰκοδομηθέντα, ἐν οἷς οἰκονόμοι εἰσὶν ἀπότακτόν τι
λαμβάνοντες παρὰ τοῦ βασιλέως εἰς τροφὴν τῶν συνιόντων.
ἡ δὲ παρασκευὴ γίνεται ὀρύζης καὶ ἄρτων
καὶ ὀπώρας καὶ λαχάνων. καὶ εἰσελθόντων εἰς τὸν
οἶκον ὑπὸ σημαίνοντι κώδωνι οἱ μὴ Σαμαναῖοι ἐξίασιν,
οἳ δὲ προσεύχονται. εὐξαμένων δὲ πάλιν διακωδωνίζει
καὶ οἱ ὑπηρέται ἑκάστῳ τρυβλίον δόντες (δύο
γὰρ ἐκ ταὐτοῦ οὐκ ἐσθίουσιν) τρέφουσιν αὐτοὺς τῇ
ὀρύζῃ· τῷ δὲ δεομένῳ ποικιλίας προστίθεται λάχανον
ἢ τῆς ὀπώρας τι. τραφέντες δὲ συντόμως ἐπὶ τὰς
αὑτῶν διατριβὰς ἐξίασιν. ἀγύναιοι δ´ εἰσὶ πάντες καὶ
ἀκτήμονες, καὶ τοσοῦτον αὐτῶν τε καὶ τῶν Βραχμάνων
σέβας ἔχουσιν οἱ ἄλλοι, ὥστε καὶ τὸν βασιλέα
ἀφικνεῖσθαι παρ´ αὐτοὺς καὶ ἱκετεύειν εὔξασθαί τι
καὶ δεηθῆναι ὑπὲρ τῶν καταλαμβανόντων τὴν χώραν
ἢ συμβουλεῦσαι τὸ πρακτέον.
| [4,17] XVII. II y a chez les Indiens diverses professions.
On en voit qui s'appliquent uniquement aux
choses divines. Les Grecs donnent le nom des
gymnosophistes à ceux-ci. Il y en a de deux sortes
: les Brahmanes sont les premiers ; ensuite sont
les Samanéens. Les Brahmanes reçoivent de
leurs pères par tradition leur doctrine et cette
espèce de sacerdoce. Les Samanéens se
choisissent parmi ceux qui se proposent de
vaquer aux choses divines. Leur genre de vie a
été traité par Bardesane de Babylone, qui vivait du
temps de nos pères, et qui était avec Dendamis et
les Indiens qui furent envoyés à l'Empereur.
Les Brahmanes sont tous d'une même famille. Ils
sortent d'un même père et d'une même mère. Les
Samanéens sont de diverses familles, toutes ce
pendant indiennes. Le Brahmane n'est point
soumis à l'empire du Roi. Il ne paie aucun impôt.
Quelques-uns de ces philosophes habitent sur les
montagnes, d'autres près du Gange. Ceux des
montagnes vivent des fruits d'automne, de lait de
vache caillé avec des herbes ; ceux du Gange ne
mangent que des fruits d'automne dont il y a une
très grande quantité près de ce fleuve. La terre y
produit continuellement des fruits nouveaux, et
beaucoup de riz qui vient tout seul, dont ils font
usage. S'il arrive que les fruits leur manquent, ils
regardent comme la dernière intempérance, et
même comme une impiété, d'user d'aucune autre
nourriture, et surtout de manger des animaux. Les
plus religieux et les plus pieux font les plus
attachés à ce genre de vie. Ils sont occupés une
partie du jour et la plus grande partie de la nuit à
chanter les louanges des dieux et à les prier.
Chacun d'eux a une petite cellule où il demeure
seul, autant que cela est possible. Car les
Brahmanes n'aiment pas à habiter en commun, ni
à parler beaucoup; et si par hasard cela leur
arrive, ils entrent en retraite, et sont plusieurs jours
sans parler : ils jeûnent très souvent. Les
Samanéens, comme nous l'avons déjà dit, se
prennent au choix. Lorsque quelqu'un veut être
reçu dans l'ordre, il se présente devant les
magistrats de la ville : il abandonne sa patrie et
tous ses biens ; on le rase ensuite pour le
dépouiller de tout ce qui est superflu sur le corps.
Il prend après cela l'habit et va chez les
Samanéens sans retourner ni chez sa femme, ni
chez ses enfants, s'il en a, et n'en étant pas plus
occupé que s'ils ne lui appartenaient pas. Le roi
prend soin de leurs enfants et leur procure ce qui
leur est nécessaire. Les parents se chargent de la
femme : c'est ainsi que vivent les Samanéens. Ils
demeurent hors des villes. Ils passent tout le jour
à s'occuper de la divinité. Ils ont des maisons et
des temples bâtis aux frais du roi, dans lesquels il
y a des économes qui reçoivent ce que le roi a
réglé pour la nourriture de ceux qui y habitent. On
leur apprête du riz, du pain, des fruits, des
légumes. Ils entrent dans le réfectoire au son
d'une trompette; alors ceux qui ne sont pas
Samanéens se retirent. Les Samanéens se
mettent en prière. Tandis qu'ils prient, on entend
de nouveau la trompette, et leurs domestiques
leur apportent à chacun un plat ; car ils ne
mangent jamais deux d'un même plat. Dans ce
plat il y a du riz ; et si quelqu'un d'eux demande
quelqu'autre chose, on lui sert des légumes et
quelques fruits. Après un repas qui dure fort peu
de temps, ils retournent aux mêmes occupations
qu'ils avaient interrompues. Ils sont tous sans
femme et ils ne possèdent aucun bien. Eux et les
Brahmanes sont en si grande vénération que le roi
vient chez eux pour leur demander en grâce, de
faire des prières pour lui, lorsque le pays est
attaqué par les ennemis ; et il veut avoir leur avis
sur ce qu'il doit faire.
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