| [4,13] πρὶν δὲ τῆς κοινῆς ἅψασθαι τροφῆς, 
ὅρκους αὐτοῖς ὄμνυσι φρικώδεις, πρῶτον μὲν
εὐσεβήσειν τὸ θεῖον, ἔπειτα τὰ πρὸς ἀνθρώπους δίκαια
φυλάξειν καὶ μήτε κατὰ γνώμην βλάψειν τινὰ μήτ´ ἐξ
ἐπιτάγματος, μισήσειν δὲ ἀεὶ τοὺς ἀδίκους καὶ συναγωνιεῖσθαι 
τοῖς δικαίοις, τὸ πιστὸν πᾶσι μὲν παρέξειν,
μάλιστα δὲ τοῖς κρατοῦσιν· οὐ γὰρ δίχα θεοῦ περιγίνεσθαί 
τινι τὸ ἄρχειν. κἂν αὐτὸς ἄρχῃ, μηδεπώποτε
ἐξυβρίσαι εἰς τὴν ἐξουσίαν, μηδὲ ἐσθῆτι ἤ τινι πλείονι
κόσμῳ τοὺς ὑποτεταγμένους ὑπερλαμπρύνεσθαι, τὴν
ἀλήθειαν ἀγαπᾶν ἀεὶ καὶ τοὺς ψευδομένους προβάλλεσθαι· 
χεῖρας κλοπῆς καὶ ψυχὴν ἀνοσίου κέρδους
καθαρὰν φυλάξειν καὶ μήτε κρύψειν τι τοὺς αἱρετιστὰς 
μήθ´ ἑτέροις αὐτῶν τι μηνύσειν, κἂν μέχρι
θανάτου τις βιάζηται. πρὸς δὲ τούτοις ὄμνυσι μηδενὶ
μὲν μεταδοῦναι τῶν δογμάτων ἑτέρως ἢ ὡς αὐτὸς
παρέλαβεν, ἀφέξεσθαι δὲ λῃστείας, καὶ συντηρήσειν
ὁμοίως τά τε τῆς αἱρέσεως αὐτῶν βιβλία καὶ τὰ τῶν
ἀγγέλων ὀνόματα. τοιοῦτοι μὲν οἱ ὅρκοι· οἱ δ´ ἁλόντες
καὶ ἐκβληθέντες κακῷ μόρῳ φθείρονται. τοῖς γὰρ
ὅρκοις καὶ τοῖς ἔθεσιν ἐνδεδεμένοι οὐδὲ τῆς παρὰ
τοῖς ἄλλοις τροφῆς δύνανται μεταλαμβάνειν, ποηφαγοῦντες 
δὲ καὶ λιμῷ τὸ σῶμα διαφθειρόμενοι ἀπόλλυνται. 
διὸ δὴ πολλοὺς ἐλεήσαντες ἐν ταῖς ἐσχάταις
ἀνάγκαις ἀνέλαβον, ἱκανὴν τιμωρίαν δεδωκέναι νομίζοντες 
ἐπὶ τοῖς ἁμαρτήμασι τὴν μέχρι θανάτου βάσανον. 
τὴν δὲ σκαλίδα διδόασι τοῖς μέλλουσιν αἱρετισταῖς, 
ἐπεὶ καὶ αὐτοὶ ἄλλως οὐ θακεύουσιν ἢ βόθρον
ὀρύξαντες εἰς βάθος ποδιαῖον, περικαλύψαντές τε
θοἱματίῳ, ὡς μὴ ταῖς αὐγαῖς ἐνυβρίζειν τοῦ θεοῦ. 
τοσαύτη δ´ ἐστὶν αὐτῶν ἡ λιτότης ἡ περὶ τὴν δίαιταν
καὶ ὀλιγότης, ὡς τῇ ἑβδομάδι μὴ δεῖσθαι κενώσεως,
ἣν τηρεῖν εἰώθασιν εἰς ὕμνους τῷ θεῷ καὶ εἰς ἀνάπαυσιν. 
ἐκ δὲ τῆς ἀσκήσεως ταύτης τοσαύτην πεποίηνται 
τὴν καρτερίαν, ὡς στρεβλούμενοι καὶ λυγιζόμενοι 
καὶ καόμενοι καὶ διὰ πάντων ὁδεύοντες τῶν
βασανιστηρίων ὀργάνων, ἵν´ ἢ βλασφημήσωσι τὸν
νομοθέτην ἢ φάγωσί τι τῶν ἀσυνήθων, οὐδέτερον
ὑπομένειν. διέδειξαν δὲ τοῦτο ἐν τῷ πρὸς Ῥωμαίους
πολέμῳ, ἐπεὶ οὐδὲ κολακεῦσαι τοὺς αἰκιζομένους ἢ
δακρῦσαι ὑπομένουσι, μειδιῶντες δ´ ἐν ταῖς ἀλγηδόσι
καὶ κατειρωνευόμενοι τῶν τὰς βασάνους προσφερόντων 
εὔθυμοι τὰς ψυχὰς ἠφίεσαν, ὡς πάλιν κομιούμενοι· 
καὶ γὰρ ἔρρωται παρ´ αὐτοῖς ἥδε ἡ δόξα,
φθαρτὰ μὲν εἶναι τὰ σώματα καὶ τὴν ὕλην οὐ μόνιμον 
αὐτῶν, τὰς δὲ ψυχὰς ἀθανάτους ἀεὶ διαμένειν,
καὶ συμπλέκεσθαι μὲν ἐκ τοῦ λεπτοτάτου φοιτώσας
αἰθέρος ῥύμῃ φυσικῇ κατασπωμένας· ἐπειδὰν δὲ ἀνεθῶσι 
τῶν κατὰ σάρκα δεσμῶν, οἷον δὴ μακρᾶς δουλείας ἀπηλλαγμένας, 
τότε χαίρειν καὶ μετεώρους φέρεσθαι. 
ἀπὸ δὲ τῆς τοιαύτης διαίτης καὶ τῆς πρὸς 
ἀλήθειαν καὶ τὴν εὐσέβειαν ἀσκήσεως εἰκότως ἐν
αὐτοῖς πολλοὶ οἳ καὶ τὰ μέλλοντα προγινώσκουσιν,
ὡς ἂν βίβλοις ἱεραῖς καὶ διαφόροις ἁγνείαις καὶ προφητῶν 
ἀποφθέγμασιν ἐμπαιδοτριβούμενοι. σπάνιον
δὲ εἴ ποτε ἐν ταῖς προαγορεύσεσιν ἀστοχοῦσιν.
τοιοῦτο μὲν τὸ τῶν Ἐσσαίων παρὰ τοῖς Ἰουδαίοις τάγμα. 
 | [4,13] XIII. Avant que d'être reçus à la table commune, 
ils font un serment terrible par lequel ils 
s'engagent premièrement d'être pieux envers 
Dieu, ensuite justes à l'égard des hommes ; de ne 
faire jamais tort à personne, ni de propos délibéré, 
ni par l'ordre d'autrui ; de haïr les injustes, de 
prendre toujours le parti des gens de bien, d'être 
fidèles à tout le monde et surtout aux puissances, 
puisque c'est par la permission de Dieu que nous 
avons des supérieurs. Si celui qui doit être reçu 
est constitué en dignité, il jure de ne jamais abuser 
de son pouvoir, de n'être jamais mieux vêtu ni plus 
orné que ses inférieurs, d'aimer toujours la vérité, 
d'avoir de l'éloignement pour les menteurs, de 
conserver ses mains pures de tout larcin et son 
âme de tout gain injuste, de n'avoir rien de caché 
pour ceux de sa secte, de n'en découvrir aucun 
des secrets aux autres, quand même on 
emploierait la menace de mort. Ceux qui sont 
reçus, jurent encore de transmettre aux autres les 
dogmes de leur secte tels qu'ils les ont reçus, de 
s'abstenir du vol, de conserver les Livres de leur 
parti et les noms des anges : tels sont leurs 
serments. Ceux qui y manquent sont chassés de 
la société et périssent misérablement ; car liés par 
leurs engagements et par l'habitude, ils ne 
peuvent pas prendre de nourriture chez les autres, 
et réduits à manger de l'herbe, ils meurent bientôt 
de faim : c'est pourquoi on les a vus touchés de 
pitié à l'égard de ceux qui avaient été chassés, et 
qui étaient réduits à la dernière misère. Ils les ont 
reçus de nouveau, les croyant assez punis de 
leurs fautes, de s'être vus près de mourir. Ils 
donnent une pioche à ceux qui sont prêts d'entrer 
dans leur société parce que lorsqu'ils vont aux 
commodités, ils font une fosse d'un pied de 
profondeur, qu'ils couvrent de leur manteau par 
respect pour les rayons de la divinité. Ils vivent 
avec une si grande frugalité qu'ils n'ont besoin 
d'aller aux commodités que le septième jour et ils 
sont dans l'usage de passer cette journée à louer 
Dieu et à se reposer. Ils étaient parvenus par cette 
habitude de vie à une si grande fermeté, que la 
torture, les roues, le feu, enfin les plus grands 
tourments ne purent les contraindre à blasphémer 
leur législateur ou à manger ce que leur coutume 
leur défendait. Ils le firent bien voir dans la guerre 
contre les Romains. On ne les vit point chercher à 
fléchir leurs bourreaux, ni jeter aucune larme : au 
contraire ils riaient dans les plus grands tourments 
et raillaient ceux qui les tourmentaient. Ils 
rendaient l'âme avec tranquillité, bien persuadés 
qu'elle ne mourrait pas ; car c'est un dogme bien 
établi chez eux, que les corps sont mortels, que la 
matière est sujette au changement, que les âmes 
sont immortelles, qu'elles sont composées d'un air 
très léger et attirées vers les corps par un 
mouvement naturel ; et que lorsqu'elles sont 
dégagées des liens de la chair elles se regardent 
comme délivrées d'une longue servitude, qu'alors 
elles sont dans la joie et se transportent vers le 
ciel. Accoutumés à ce genre de vie et s'occupant 
ainsi de la vérité et de la piété, il est très 
vraisemblable de croire que plusieurs d'entre eux 
ont connu l'avenir, ayant été élevés dès leur 
tendre jeunesse dans la lecture des livres sacrés, 
des écrits des Prophètes, et dans l'usage de 
différentes purifications. Rarement se trompent-ils 
dans leurs prédictions. Telle est la secte des 
Esséniens chez les Juifs.
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