| [4,12] πρός γε μὴν τὸ θεῖον ἰδίως εὐσεβεῖς. πρὶν γὰρ ἀνασχεῖν
τὸν ἥλιον οὐδὲν φθέγγονται τῶν βεβήλων, πατρίους
δέ τινας εἰς αὐτὸν εὐχάς, ὥσπερ ἱκετεύοντες ἀνατεῖλαι.
μετὰ ταῦτα πρὸς ἃς ἕκαστοι τέχνας ἴσασιν ὑπὸ τῶν
ἐπιμελητῶν ἀφίενται, καὶ μέχρι πέμπτης ὥρας ἐργασάμενοι 
συντόνως ἔπειτα πάλιν εἰς ἓν ἀθροίζονται χωρίον,
ζωσάμενοί τε σκεπάσμασι λινοῖς οὕτως ἀπολούονται
τὸ σῶμα ψυχροῖς ὕδασι, καὶ μετὰ ταύτην τὴν ἁγνείαν
εἰς ἴδιον οἴκημα συνίασιν, ἔνθα μηδενὶ τῶν ἑτεροδόξων 
ἐπιτέτραπται παρελθεῖν· αὐτοί τε καθαροὶ καθάπερ 
εἰς ἅγιόν τι τέμενος παραγίνονται τὸ δειπνητήριον. 
καθισάντων δὲ μεθ´ ἡσυχίας ὁ μὲν σιτοποιὸς
ἐν τάξει παρατίθησιν ἄρτους, ὁ δὲ μάγειρος ἓν ἀγγεῖον
ἐξ ἑνὸς ἐδέσματος ἑκάστῳ. προκατεύχεται δ´ ὁ ἱερεὺς
τῆς τροφῆς ἁγνῆς οὔσης καὶ καθαρᾶς, καὶ γεύσασθαί
τινα πρὶν τῆς εὐχῆς ἀθέμιτον· ἀριστοποιησάμενος δ´
ἐπεύχεται πάλιν, ἀρχόμενοί τε καὶ παυόμενοι γεραίρουσι 
τὸν θεόν. ἔπειθ´ ὡς ἱερὰς καταθέμενοι τὰς 
ἐσθῆτας πάλιν ἐπ´ ἔργα μέχρι δείλης τρέπονται. δειπνοῦσι 
δ´ ὑποστρέψαντες ὁμοίως, συγκαθεζομένων τῶν
ξένων, εἰ τύχοιεν αὐτοῖς παρόντες. οὔτε δὲ κραυγή
ποτε τὸν οἶκον οὔτε θόρυβος μιαίνει, τὰς δὲ λαλιὰς
ἐν τάξει παραχωροῦσιν ἀλλήλοις, καὶ τοῖς ἔξωθεν ὡς
μυστήριόν τι φρικτὸν ἡ τῶν ἔνδον σιωπὴ καταφαίνεται. 
τούτου δ´ αἴτιον ἡ διηνεκὴς νῆψις καὶ τὸ μετρεῖσθαι 
παρ´ αὐτοῖς τροφὴν καὶ ποτὸν μέχρι κόρου.
τοῖς δὲ ζηλοῦσι τὴν αἵρεσιν οὐκ εὐθὺς ἡ πάροδος,
ἀλλ´ ἐπ´ ἐνιαυτὸν ἔξω μένοντι τὴν αὐτὴν ὑποτίθενται
δίαιταν, ἀξινάριόν τε καὶ περίζωμα δόντες καὶ λευκὴν
ἐσθῆτα. ἐπειδὰν δὲ τούτῳ τῷ χρόνῳ πεῖραν ἐγκρατείας 
δῷ, πρόσεισι μὲν ἔγγιον τῇ διαίτῃ καὶ καθαρώτερον 
τῶν πρὸς ἁγνείαν ὑδάτων μεταλαμβάνει, παραλαμβάνεται 
δὲ εἰς τὰς συμβιώσεις οὐδέπω· μετὰ γὰρ
τὴν τῆς καρτερίας ἐπίδειξιν δυσὶν ἄλλοις ἔτεσιν τὸ
ἦθος δοκιμάζεται, καὶ φανεὶς ἄξιος οὕτως εἰς τὸν
ὅμιλον ἐγκρίνεται· 
 | [4,12] XII. Ils ont un respect singulier pour la divinité. 
Avant que le soleil soit levé, ils ne disent rien de 
profane; ils lui adressent quelques prières, qu'ils 
ont apprises de leurs pères, comme pour supplier 
de se lever. Leurs directeurs ensuite les envoient 
travailler aux arts qu'ils savent. Ils sont occupés au 
travail avec beaucoup d'attention jusqu'à la 
cinquième heure, après laquelle ils s'assemblent 
dans un même endroit : ils vont ensuite se laver 
dans de l'eau froide, couverts d'un voile de lin. 
Après cette purification, chacun d'eux se retire 
dans sa cellule. Il n'est point permis à ceux qui ne 
sont pas de leur secte, d'y entrer. Ainsi purgés ils 
vont au réfectoire, qui ressemble à un lieu sacré ; 
ils s'assoient en gardant un grand silence: le 
boulanger leur donne à chacun leur pain par 
ordre, et le cuisinier leur donne un plat où il n'y a 
qu'un seul mets. Le prêtre fait la prière, et quoique 
les vivres dont ils font usage soient purs, il ne leur 
est pas permis d'y toucher avant que la prière soit 
faite. Lorsque le repas est fini, le prêtre fait une 
nouvelle prière : ainsi avant que de manger et 
après avoir mangé ils rendent grâces à Dieu. Ils 
quittent ensuite leurs vêtements qui sont comme 
sacrés, pour retourner à l'ouvrage jusqu'au soir : ils 
observent les mêmes cérémonies en soupant ; et 
s'ils ont quelques hôtes, ils les font souper avec 
eux. On n'entend jamais de clameurs dans leurs 
maisons ; jamais il n'y a de tumulte: ils parlent 
chacun avec ordre ; leur silence paraît aux 
étrangers un mystère redoutable. Ils n'ont pas de 
peine à l'observer, à cause de leur abstinence 
continuelle et de leur sobriété, qui fait qu'ils ne 
boivent et ne mangent précisément que ce qui est 
nécessaire pour vivre, Ceux qui veulent entrer 
dans cette société n'y sont pas reçus tout d'un 
coup : il faut que pendant un an entier ils 
pratiquent ce même genre de vie dans le dehors. 
On leur donne une pioche, une ceinture et un 
habit blanc. Si pendant ce temps là ils donnent 
des preuves de leur tempérance, on les initie 
davantage aux cérémonies de la secte. Ils sont 
admis aux bains : ils ne sont cependant pas 
encore reçus à manger en commun. On les 
éprouve encore pendant deux ans et après qu'ils 
ont laissé voir qu'ils sont dignes d'être reçus dans 
la société, ils y sont admis.
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