| [4,11] τῶν δὲ γινωσκομένων ἡμῖν Ἰουδαῖοι, 
πρὶν ὑπ´ Ἀντιόχου τὸ πρότερον τὰ ἀνήκεστα
παθεῖν εἰς τὰ νόμιμα τὰ ἑαυτῶν, ὑπό τε Ῥωμαίων
ὕστερον, ὅτε καὶ τὸ ἱερὸν τὸ ἐν Ἱεροσολύμοις ἑάλω
καὶ πᾶσι βατὸν γέγονεν οἷς ἄβατον ἦν, αὐτή τε ἡ
πόλις διεφθάρη, διετέλουν πολλῶν μὲν ἀπεχόμενοι
ζῴων, ἰδίως δὲ ἔτι καὶ νῦν τῶν χοιρίων. τῶν δὲ
παρ´ αὐτοῖς φιλοσοφιῶν τριτταὶ ἰδέαι ἦσαν, καὶ τῆς
μὲν προΐσταντο Φαρισαῖοι, τῆς δὲ Σαδδουκαῖοι, τῆς
δὲ τρίτης, ἣ καὶ ἐδόκει σεμνοτάτη εἶναι, Ἐσσαῖοι.
οἱ οὖν τρίτοι τοιοῦτον ἐποιοῦντο τὸ πολίτευμα, ὡς
πολλαχοῦ Ἰώσηπος τῶν πραγματειῶν ἀνέγραψεν, καὶ
γὰρ ἐν τῷ δευτέρῳ τῆς Ἰουδαϊκῆς ἱστορίας, ἣν δι´
ἑπτὰ βιβλίων συνεπλήρωσεν, καὶ ἐν τῷ ὀκτωκαιδεκάτῳ
τῆς ἀρχαιολογίας, ἣν διὰ εἴκοσι βιβλίων ἐπραγματεύσατο, 
καὶ ἐν τῷ δευτέρῳ τῶν πρὸς τοὺς Ἕλληνας,
εἰσὶ δὲ δύο τὰ βιβλία. εἰσὶ τοίνυν οἱ Ἐσσαῖοι Ἰουδαῖοι 
μὲν τὸ γένος, φιλάλληλοι δὲ καὶ τῶν ἄλλων 
πλέον. οὗτοι τὰς μὲν ἡδονὰς ὡς κακίαν ἀποστρέφονται, 
τὴν δὲ ἐγκράτειαν καὶ τὸ μὴ τοῖς πάθεσιν ὑποπίπτειν 
ἀρετὴν ὑπολαμβάνουσι. καὶ γάμου μὲν παρ´
αὐτοῖς ὑπεροψία, τοὺς δὲ ἀλλοτρίους παῖδας ἐκλαμβάνοντες 
ἁπαλοὺς ἔτι πρὸς τὰ μαθήματα, συγγενεῖς
ἡγοῦνται καὶ τοῖς ἤθεσιν ἑαυτῶν ἐντυποῦσιν, τὸν μὲν
γάμον καὶ τὴν ἐξ αὐτοῦ διαδοχὴν οὐκ ἀναιροῦντες,
τὰς δὲ τῶν γυναικῶν ἀσελγείας φυλαττόμενοι· καταφρονηταὶ 
δὲ πλούτου, καὶ θαυμάσιον παρ´ αὐτοῖς τὸ
κοινωνικόν, οὐδ´ ἔστιν εὑρεῖν κτήσει τινὰ παρ´ αὐτοῖς
ὑπερέχοντα. νόμος γὰρ τοὺς εἰς τὴν αἵρεσιν εἰσιόντας 
δημεύειν τῷ τάγματι τὴν οὐσίαν, ὥστε ἐν ἅπασι
μήτε πενίας ταπεινότητα φαίνεσθαι μήθ´ ὑπεροχὴν
πλούτου, τῶν δ´ ἑκάστου κτημάτων ἀναμεμιγμένων
μίαν ὥσπερ ἀδελφοῖς ἅπασιν οὐσίαν εἶναι. κηλῖδα δὲ
ὑπολαμβάνουσιν τοὔλαιον, κἂν ἀλειφθῇ τις ἄκων,
σμήχεται τὸ σῶμα· τὸ γὰρ αὐχμεῖν ἐν καλῷ τίθενται,
λευχειμονεῖν τε διὰ παντός. χειροτονητοὶ δὲ οἱ τῶν
κοινῶν ἐπιμεληταί, καὶ αἱρετοὶ πρὸς ἁπάντων εἰς τὰς
χρείας ἕκαστοι. μία δὲ οὐκ ἔστιν αὐτῶν πόλις, ἀλλ´
ἐν ἑκάστῃ κατοικοῦσι πολλοί. καὶ τοῖς ἑτέρωθεν ἥκουσιν
αἱρετισταῖς ἀναπέπταται τὰ παρ´ αὐτοῖς, καὶ οἱ πρῶτον 
ἰδόντες εἰσίασιν ὥσπερ συνήθεις. διὸ οὐδὲν ἐπικομιζόμενοι ἀποδημοῦσιν ἀναλωμάτων ἕνεκα. οὔτε δὲ
ἐσθῆτα οὔτε ὑποδήματα ἀμείβουσιν πρὶν διαρραγῆναι
πρότερον παντάπασιν ἢ δαπανηθῆναι τῷ χρόνῳ. οὐδ´
ἀγοράζουσίν τι οὐδὲ πωλοῦσιν, ἀλλὰ τῷ χρῄζοντι διδοὺς 
ἕκαστος τὰ παρ´ ἑαυτοῦ τὸ παρ´ ἐκείνου χρήσιμον 
ἀντικομίζεται. καὶ χωρὶς δὲ τῆς ἀντιδόσεως ἀκώλυτος 
ἡ μετάληψις αὐτοῖς παρ´ ὧν ἂν ἐθέλωσιν. 
 | [4,11] XI. Parlons présentement des nations qui sont 
plus connues. Les juifs s'abstenaient de plusieurs 
animaux avant la persécution qu'ils souffrirent 
sous Antiochus qui viola leurs lois, et ensuite sous 
les Romains, lorsque le temple fut pris et qu'il fut 
accessible à tous ceux qui voulaient y entrer. 
Jusqu'alors l'entrée en avait été interdite. La ville 
même fut détruite. Les juifs ne faisaient aucun 
usage du cochon ; et encore aujourd'hui ils s'en 
abstiennent. Il y avait chez eux trois sectes de 
philosophes. Les premiers étaient les Pharisiens, 
les seconds les Saducéens, les troisièmes les 
Esséniens, les plus respectables de tous. Joseph 
parle dans plusieurs endroits de la façon de vivre 
de ces derniers dans le second livre de son 
Histoire juive qui est en sept livres, dans le dix-huitième 
de ses Antiquités qui contiennent dix-huit 
livres et enfin dans son second livre contre les 
Grecs, lequel ouvrage n'en renferme que deux. 
Les Esséniens sont juifs d'origine : ils ont 
beaucoup d'amitié les uns pour les autres et ils 
s'aiment beaucoup plus qu'il n'aiment les autres 
hommes. Ils ont horreur des plaisirs, comme de 
quelque chose de mauvais et ils font consister la 
vertu dans la tempérance et dans la victoire sur 
les passions. Ils dédaignent de se marier : mais ils 
se chargent des enfants des autres, pour les 
élever dans leur façon de vivre ; et ils en usent 
avec eux comme s'ils étaient leurs parents. Ils ne 
condamnent cependant pas le mariage, ni la 
génération qui en est le fruit : mais ils blâment 
beaucoup l'amour immodéré des femmes. Ils 
méprisent les richesses. C'est une chose 
admirable que la façon dont ils vivent en commun. 
On ne trouve chez eux personne qui ait plus de 
bien qu'un autre. C'est une loi, que quiconque 
entre dans cette secte lui donne tous ses biens de 
sorte qu'il n'y a ni pauvre ni riche parmi eux. Tous 
leurs biens sont réunis. On prendrait les 
Esséniens pour des frères. L'usage des parfums 
est regardé chez eux comme quelque chose de 
honteux ; et si quelqu'un avait été parfumé, même 
malgré lui, il se lave bientôt. Ils croient qu'il est 
raisonnable de ne se piquer pas d'une propreté 
trop recherchée et d'être toujours habillé de blanc. 
Ils choisissent ceux qui doivent faire leurs affaires 
et on fournit à chacun ses besoins sans aucune 
distinction. Ils n'habitent pas une seule ville : il n'y 
en a point où il n'y ait plusieurs de cette secte ; et 
lorsqu'ils arrivent d'ailleurs dans une ville, ceux de 
leur parti les préviennent. On ne les laisse 
manquer de rien ; et dès qu'on les voit, ils sont 
traités comme s'il y avait longtemps qu'on les 
connût : c'est pourquoi lorsqu'ils voyagent, ils ne 
portent rien avec eux, n'étant obligés à aucune 
dépense. Ils ne changent jamais d'habits ni de 
souliers qu'ils ne soient déchirés ou usés par le 
temps. Ils n'achètent ni ne vendent rien ; mais 
chacun d'eux donne à son confrère ce qui lui 
manquer et reçoit de lui ce qui lui est utile. Il ne 
leur est néanmoins pas défendu de recevoir sans 
rien rendre.
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