[3,9] ὅτι τοίνυν καὶ λογικὴ ἐν αὐτοῖς ἔστιν καὶ οὐκ ἀφῄρηται
φρονήσεως ἐπιδεικτέον. πρῶτον μὲν ἕκαστον οἶδεν
εἴτε ἀσθενές ἐστιν εἴτε ἰσχυρόν, καὶ τὰ μὲν φυλάττεται,
τοῖς δὲ χρῆται, ὡς πάρδαλις μὲν ὀδοῦσιν, ὄνυξι
δὲ λέων καὶ ὀδοῦσιν, ἵππος δὲ ὁπλῇ καὶ βοῦς κέρασιν,
καὶ ἀλεκτρυὼν μὲν πλήκτρῳ, σκορπίος δὲ κέντρῳ· οἱ
δ´ ἐν Αἰγύπτῳ ὄφεις πτύσματι {ὅθεν καὶ πτυάδες
καλοῦνται} ἐκτυφλοῦσι τὰς ὄψεις τῶν ἐπιόντων, ἄλλο
δὲ ἄλλῳ χρῆται, σῷζον ἑαυτὸ ἕκαστον. πάλιν τὰ μὲν
ἐκποδὼν νέμεται τῶν ἀνθρώπων, ὅσα ἰσχυρά· τὰ δὲ
ἀγεννῆ ἐκποδὼν μὲν τῶν ἰσχυροτέρων θηρίων, τοὔμπαλιν
δὲ μετὰ τῶν ἀνθρώπων· καὶ ἢ πορρωτέρω {μέν},
ὡς στρουθοὶ ἐν ὀροφαῖς καὶ χελιδόνες, ἢ καὶ συνανθρωποῦντα,
ὡς οἱ κύνες. ἀμείβει δὲ καὶ τόπους κατὰ
τὰς ὥρας, καὶ πᾶν ὅσον τὸ πρὸς τὸ συμφέρον οἶδεν.
ὁμοίως δ´ ἄν τις καὶ ἐπὶ ἰχθύων ἴδοι τὸν τοιοῦτον
λογισμὸν καὶ ἐπ´ ὀρνίθων. ἃ δὴ ἐπὶ πλέον συνῆκται
τοῖς παλαιοῖς ἐν τοῖς περὶ ζῴων φρονήσεως, τοῦ ταῦτα
πολυπραγμονήσαντος ἐπὶ πλέον Ἀριστοτέλους λέγοντος
πᾶσι τοῖς ζῴοις μεμηχανῆσθαι πρὸς τὸν βίον καὶ σωτηρίαν
αὐτῶν τὴν οἴκησιν.
| [3,9] IX. Non seulement les animaux raisonnent ; il faut
faire voir aussi qu'ils ont de la prudence.
Premièrement ils savent ce qu'il y a de faible en
eux, et ce qu'il y a de fort. Ils précautionnent leurs
parties faibles et se servent des fortes.
La panthère attaque ou se défend avec ses dents, le
lion avec ses dents et ses ongles, le cheval avec
son pied, le boeuf avec ses cornes, le coq avec
son éperon, le scorpion avec son aiguillon, les
serpents d'Égypte avec leur crachat, d'où le nom
leur en est resté ; ils aveuglent en crachant ceux
qui les attaquent. Les autres animaux ont recours
à d'autres défenses pour leur conservation. Il y en
a qui se tiennent éloignés des hommes, et ce sont
ceux qui sont forts : ceux qui sont faibles
s'éloignent des bêtes féroces et s'approchent des
hommes ; les uns plus loin, comme les moineaux
et les hirondelles qui font les nids dans les toits ;
d'autres sont plus privés, comme les chiens : il y
en a qui changent de demeure suivant les saisons
; enfin chacun d'eux connaît ce qui lui est
avantageux. On peut remarquer les mêmes
raisonnements dans les poissons et dans les
oiseaux ; ce qui a été en grande partie recueilli
dans les livres que les anciens ont écrits sur la
prudence des animaux, parmi lesquels Aristote qui
a traité cette question avec beaucoup d'exactitude,
assure que tous les animaux se construisent une
demeure où ils vivent en sûreté.
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