| [3,8] τά γε μὴν τῆς ψυχῆς πάθη ὅρα εἰ μὴ πάντα
ὅμοια· καὶ πρῶτά γε τὴν αἴσθησιν. οὐ γὰρ δὴ ἀνθρώπου 
μὲν ἡ γεῦσις χυμῶν, ἡ δὲ ὄψις χροιῶν, ἢ
ὀσμῶν ἡ ὄσφρησις ἀντιλαμβάνεται, ἢ ψόφων ἡ ἀκοή,
ἢ θερμῶν ἢ ψυχρῶν ἡ ἁφὴ ἢ τῶν ἄλλων ἁπτῶν, οὐχὶ
δὲ καὶ τῶν ζῴων ἁπάντων ὁμοίως. οὐδὲ ταύτης μὲν
ἀφῄρηται τὰ ζῷα διὰ τὸ μὴ εἶναι ἄνθρωποι, λογικῆς
δὲ ἀμοιροῦσι διὰ τοῦτο· ἐπεὶ οὕτω γε καὶ οἱ θεοὶ διὰ 
τὸ μὴ εἶναι ἄνθρωποι λογικῆς στερήσονται, ἢ ἡμεῖς,
εἴπερ οἱ θεοὶ λογικοί. αἰσθήσεως μέν γε καὶ πλεονεκτεῖν 
ἔοικεν μᾶλλον τὰ ζῷα. τίς μὲν γὰρ ἀνθρώπων 
τοσοῦτον βλέπει {οὐδὲ γὰρ ὁ μυθευόμενος Λυγκεύς}
ὅσον ὁ δράκων; ὅθεν καὶ τὸ βλέπειν δρακεῖν λέγουσιν
οἱ ποιηταί· τὸν δὲ ἀετὸν ‘καὶ ὑψόθ´ ἐόντα οὐκ ἔλαθε
πτώξ’. τίς δὲ ὀξυηκοώτερος γεράνων, αἳ ἀπὸ τοσούτων 
ἀκούουσιν ὅπως οὐδὲ ἀνθρώπων τις ὁρᾷ. τῇ μὲν
γὰρ ὀσφρήσει τοσούτῳ πλεονεκτεῖ σχεδὸν πάντα τὰ
ζῷα, ὡς ἐκείνοις προσπίπτειν τὰ ἡμᾶς λανθάνοντα,
καὶ κατὰ γένος ἐπιγινώσκειν ἕκαστον ἤδη καὶ ἐξ ἴχνους
ὀσφραινόμενα. οἱ δὲ ἄνθρωποι ἡγεμόσι κυσὶ χρῶνται, 
εἰ δεῖ ἐλθεῖν ἐπὶ σῦν ἢ ἔλαφον· καὶ ἡμῶν μὲν
ὀψὲ ἡ τοῦ ἀέρος κατάστασις ἅπτεται, τῶν δὲ ἄλλων
ζῴων εὐθύς, ὡς τούτοις τεκμηρίοις χρῆσθαι τοῦ μέλλοντος. 
τὴν δὲ τῶν χυμῶν διάκρισιν οὕτως οἶδεν,
ὡς ἐξακριβοῦν καὶ τὰ νοσερὰ καὶ τὰ ὑγιεινὰ καὶ τὰ
δηλητήρια, ὡς οὐδὲ ἀνθρώπων οἱ ἰατροί. φρονιμώτερα 
δὲ φησὶν ὁ Ἀριστοτέλης εἶναι τὰ εὐαισθητότερα.
σωμάτων δὲ παραλλαγαὶ εὐπαθῆ μὲν ἢ δυσπαθῆ ποιῆσαι δύνανται, καὶ μᾶλλον ἢ ἧττον πρόχειρον ἔχειν
τὸν λόγον, κατ´ οὐσίαν δὲ τὴν ψυχὴν ἐξαλλάττειν οὐ
δύνανται, ὅπου γε οὐδὲ τὰς αἰσθήσεις οὐδὲ τὰ πάθη
ἔτρεψαν, οὐδὲ τέλεον ἐκβεβηκυίας ἐποίησαν. ἐν οὖν 
τῷ μᾶλλον καὶ ἧττον ἡ διαφορὰ συγχωρείσθω, οὐκ ἐν
τῇ τελείᾳ στερήσει· οὐδ´ ἐν τῷ καθάπαξ τὸ μὲν ἔχειν,
τὸ δὲ μή· ἀλλ´ ὡς ἐν ἑνὶ γένει τὸ μὲν ὑγιεινότερον
σῶμά ἐστιν, τὸ δὲ ἧττον, καὶ ἐπὶ νόσου ὁμοίως πολὺ
τὸ διάφορον, ἔν τε εὐφυΐαις καὶ ἀφυΐαις, οὕτω καὶ ἐν
ψυχαῖς ἣ μὲν ἀγαθή, ἣ δὲ φαύλη· καὶ τῶν φαύλων ἣ
μὲν μᾶλλον, ἣ δὲ ἧττον· καὶ τῶν ἀγαθῶν οὐχ ἡ αὐτὴ
ἰσότης, οὐδὲ ὁμοίως Σωκράτης ἀγαθὸς καὶ Ἀριστοτέλης 
καὶ Πλάτων, οὐδ´ ἐν ὁμοδόξοις ἡ ταυτότης. οὐ
τοίνυν οὐδ´ εἰ μᾶλλον ἡμεῖς νοοῦμεν ἢ τὰ ζῷα, διὰ
τοῦτο ἀφαιρετέον τῶν ζῴων τὸ νοεῖν, ὥσπερ οὐδὲ τὸ
πέτεσθαι τοὺς πέρδικας, ὅτι μᾶλλον αὐτῶν οἱ ἱέρακες
πέτονται, οὐδὲ τοὺς ἄλλους ἱέρακας, ὅτι καὶ τούτων
καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων ὁ φασσοφόνος. συμπάσχειν
μὲν οὖν δοίη ἄν τις ψυχὴν σώματι καὶ πάσχειν τι
πρὸς αὐτοῦ εὖ ἢ κακῶς διακειμένου, μεταβάλλειν δὲ
τὴν αὑτῆς φύσιν οὐδαμῶς. εἰ δὲ συμπάσχει μόνον
καὶ χρῆται αὐτῷ ὡς ὀργάνῳ, δράσειε μὲν ἂν δι´ αὐτοῦ 
πολλά, ἀλλοίως ὠργανωμένου ἢ ὡς ἡμῖν, ὧν
ἡμεῖς δρᾶν ἀδύνατοι, καὶ συμπάθοι ἄν πως διακειμένου, 
οὐ μέντοι τὴν αὑτῆς ἐξαλλάξειε φύσιν. 
 | [3,8] VIII. Voyons après cela s'ils ne nous ressemblent 
pas quant aux passions de l'âme. Parlons d'abord 
des sens. Les animaux les partagent avec 
l'homme ; car ce n'est pas lui seul qui goûte les 
faveurs, qui voit les couleurs, qui sent les odeurs, 
qui entend le bruit, qui est sensible au chaud, au 
froid et à ce qui est l'objet de l'attouchement. Les 
animaux ont ces mêmes sensations ; et s'ils les 
ont, quoiqu'ils ne soient pas hommes, pourquoi 
leur ôterait-on la raison, parce qu'ils ne font pas 
hommes ? On pourrait dire de même que les 
dieux ne sont pas raisonnables, puisqu'ils ne sont 
pas hommes. On pourrait nous dépouiller nous-mêmes 
de la raison, puisque les dieux sont 
raisonnables, et que nous ne sommes pas dieux. 
Les animaux ont les sens bien plus parfaits que 
les hommes. Je ne veux point parler de Lyncée. Il 
n'est si fameux que dans la fable. Y a-t-il un 
homme qui ait la vue aussi bonne que le dragon? 
D'où vient que les poètes ont employé son nom 
pour exprimer l'action de voir. Quelque élevée 
dans les airs que soit un aigle, le lièvre ne peut 
pas échapper à sa vue. Qui a l'ouïe aussi fine que 
les grues, qui entendent d'aussi loin qu'aucun 
homme peut apercevoir ? Presque tous les 
animaux ont l'odorat beaucoup plus excellent que 
nous ; de sorte qu'ils sentent ce qui nous échappe, 
connaissent chaque chose à la piste : aussi les 
hommes se laissent-ils conduire par les chiens 
lorsqu'ils vont à la chasse du sanglier et du cerf. 
Les animaux sentent bien plus tôt que nous les 
influences de l'air. La connaissance qu'ils en ont 
contribue à nous découvrir le temps qu'il fera dans 
la suite. Les plus habiles médecins ne distinguent 
pas aussi exactement les saveurs, ne savent ni ce 
qui est nuisible, ni ce qui est sain, ni ce qui peut 
servir de contrepoison, aussi bien que les 
animaux. Aristote prétend que ceux d'entre eux 
qui ont les sens les plus parfaits, sont ceux qui ont 
le plus d'esprit. La différence des corps peut les 
rendre à la vérité plus ou moins sensibles, plus ou 
moins vifs : mais elle ne peut point changer 
l'essence de l'âme ; et comme dans les mêmes 
espèces il y a des corps plus sains les uns que les 
autres, des maladies fort différentes, et des 
dispositions fort opposées : aussi il y a de bonnes 
et de mauvaises âmes, et il y a divers degrés de 
bonté et de méchanceté. Socrate, Aristote et 
Platon n'ont pas été également bons. Cette égalité 
de bonté ne se trouve pas même dans ceux qui 
ont les mêmes sentiments. Si nous avons plus 
d'intelligence que les animaux, ce n'est pas une 
raison pour soutenir qu'ils n'en ont point: comme 
on aurait tort de dire que les perdrix ne volent pas, 
parce que les éperviers volent mieux qu'elles, ou 
que ceux-ci ne savent pas voler, parce qu'il y en a 
une espèce qui vole beaucoup mieux que toutes 
les autres. Il faut bien convenir que l'âme dépend 
des dispositions des corps ; cependant il ne 
change point sa nature : elle agira différemment 
selon les diverses organisations du corps dans 
lequel elle se trouve ; et avec un corps différent du 
nôtre, elle fera des choses que nous ne pourrions 
pas faire : mais sa nature ne changera point pour cela.
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