[3,26] ὥστε συγγενῶν ὄντων,
εἰ φαίνοιτο κατὰ Πυθαγόραν καὶ ψυχὴν τὴν
αὐτὴν εἰληχότα, δικαίως ἄν τις ἀσεβὴς κρίνοιτο τῶν
οἰκείων {τῆς ἀδικίας} μὴ ἀπεχόμενος. οὐ μὴν ὅτι
τινὰ ἄγρια αὐτῶν, διὰ τοῦτο τὸ οἰκεῖον ἀποκέκοπται.
οὐθὲν γὰρ ἧττον {ἀλλὰ καὶ μᾶλλον} τῶν ἀνθρώπων
ἔνιοι κακοποιοί τε τῶν πλησίον εἰσὶ καὶ φέρονται
πρὸς τὸ βλάπτειν τὸν ἐντυχόντα καθάπερ ὑπό τινος
πνοῆς τῆς ἰδίας φύσεως καὶ μοχθηρίας· διὸ καὶ ἀναιροῦμεν
τούτους, οὐ μέντοι ἀποκόπτομεν τὴν πρὸς τὸ
ἥμερον σχέσιν. οὕτως οὖν, εἰ καὶ τῶν ζῴων τινὰ
ἄγρια, ἐκεῖνα μὲν ὡς τοιαῦτα ἀναιρετέον καθάπερ καὶ
τοὺς τοιούτους ἀνθρώπους, τῆς δὲ πρὸς τὰ λοιπὰ καὶ
ἡμερώτερα σχέσεως οὐκ ἀποστατέον· ἑκατέρων δὲ οὐδέτερα βρωτέον, ὡς οὐδὲ τοὺς ἀδίκους τῶν ἀνθρώπων.
νῦν δὲ πολὺ τὸ ἄδικον ποιοῦμεν ἀναιροῦντες
μὲν καὶ τὰ ἥμερα {ὅτι} καὶ τὰ ἄγρια {καὶ τὰ ἄδικα},
ἐσθίοντες δὲ τὰ ἥμερα· κατ´ ἄμφω γὰρ ἄδικοι, ὅτι
ἥμερα ὄντα ἀναιροῦμεν καὶ ὅτι ταῦτα θοινώμεθα, καὶ
ψιλῶς ὁ τούτων θάνατος εἰς τὴν βορὰν ἔχει τὴν ἀναφοράν. προσθείη δ´ ἄν τις τούτοις καὶ τὰ τοιαῦτα.
ὁ γὰρ λέγων ὅτι ὁ παρεκτείνων τὸ δίκαιον ἄχρι τῶν
ζῴων φθείρει τὸ δίκαιον, ἀγνοεῖ ὡς αὐτὸς οὐ τὴν
δικαιοσύνην διασῴζει, ἀλλ´ ἡδονὴν ἐπαύξει, ἥ ἐστι
δικαιοσύνῃ πολέμιον. ἡδονῆς γοῦν οὔσης τέλους,
δείκνυται δικαιοσύνη ἀναιρουμένη. ἐπεὶ ὅτι τὸ δίκαιον
συναύξεται διὰ τῆς ἀποχῆς τίνι οὐ δῆλον; ὁ
γὰρ ἀπεχόμενος παντὸς ἐμψύχου, κἂν μὴ τῶν συμβαλλόντων αὐτῷ εἰς κοινωνίαν, πολλῷ μᾶλλον πρὸς
τὸ ὁμογενὲς τῆς βλάβης ἀφέξεται. οὐ γὰρ ὁ τὸ γένος
φιλῶν τὸ εἶδος μισήσει, ἀλλὰ μᾶλλον ὅσῳ μεῖζον τὸ
γένος τὸ τῶν ζῴων, τοσούτῳ καὶ πρὸς τὸ μέρος καὶ
τὸ οἰκεῖον ταύτην διασώσει. ὁ τοίνυν τὴν οἰκείωσιν
πεποιημένος πρὸς τὸ ζῷον, οὗτος καὶ τό τι ζῷον οὐκ
ἀδικήσει· ὁ δὲ μόνον περιγράψας ἐν ἀνθρώπῳ τὸ
δίκαιον ἕτοιμος ἔσται ὡς ἐν στενῷ ἀπορρῖψαι τὴν
ἔφεξιν τῆς ἀδικίας. ὥστε καὶ τοῦ Σωκρατικοῦ ὄψου
ἥδιον τὸ Πυθαγόρειον. ὃ μὲν γὰρ ὄψον τροφῆς τὸ
πεινῆν ἔλεγε, Πυθαγόρας δὲ τὸ μηθένα ἀδικεῖν καὶ
ἐφηδύνειν δικαιοσύνῃ τὸ ὄψον. ἡ γὰρ φυγὴ τῆς ἐμψύχου
τροφῆς φυγὴ ἦν τῶν περὶ τὴν τροφὴν ἀδικημάτων.
οὐ γὰρ δὴ μὴ μετὰ κακώσεως ἑτέρου τὴν
ἑαυτῶν σωτηρίαν ἀμήχανον ἡμῖν ὁ θεὸς ἐποίησεν·
ἐπεὶ οὕτω γε τὴν φύσιν ἡμῖν ἀρχὴν ἀδικίας προσετίθει·
μήποτε δὲ καὶ ἀγνοεῖν οὗτοι ἐοίκασι τὸ ἰδίωμα
τῆς δικαιοσύνης, ὅσοι ἐκ τῆς πρὸς ἀνθρώπους οἰκειώσεως
εἰσάγειν ταύτην ᾠήθησαν· αὕτη μὲν γὰρ φιλανθρωπία
τις ἂν εἴη, ἡ δὲ δικαιοσύνη ἐν τῷ ἀφεκτικῷ
καὶ ἀβλαβεῖ κεῖται παντὸς ὅτου οὖν τοῦ μὴ βλάπτοντος.
καὶ οὕτως γε νοεῖται ὁ δίκαιος, οὐκ ἐκείνως·
ὡς διατείνειν τὴν δικαιοσύνην καὶ ἄχρι τῶν ἐμψύχων
κειμένην ἐν τῷ ἀβλαβεῖ. διὸ καὶ ἡ οὐσία αὐτῆς ἐν
τῷ τὸ λογικὸν ἄρχειν {τοῦ ἀλόγου}, ἕπεσθαι δὲ τὸ
ἄλογον. ἄρχοντος γὰρ τούτου, τοῦ δ´ ἑπομένου, πᾶσα
ἀνάγκη ἀβλαβῆ εἶναι πρὸς πᾶν ὅτι οὖν ἄνθρωπον.
συνεσταλμένων γὰρ τῶν παθῶν καὶ τῶν ἐπιθυμιῶν
καὶ ὀργῶν μεμαρασμένων, τοῦ δὲ λογισμοῦ τὴν οἰκείαν
ἔχοντος ἀρχήν, εὐθὺς ἡ ὁμοίωσις ἕπεται ἡ πρὸς
τὸ κρεῖττον. τὸ δὲ ἐν τῷ παντὶ κρεῖττον πάντως ἦν
ἀβλαβές, καὶ αὐτὸ μὲν διὰ δύναμιν καὶ σωστικὸν πάντων
καὶ εὐποιητικὸν πάντων καὶ ἀπροσδεὲς πάντων·
ἡμεῖς δὲ διὰ μὲν δικαιοσύνην ἀβλαβεῖς πάντων, διὰ
δὲ τὸ θνητὸν ἐνδεεῖς τῶν ἀναγκαίων. ἡ δὲ τῶν ἀναγκαίων
λῆψις οὐ βλάπτει οὔτε φυτά, ὅταν ἃ ἀποβάλλουσι
λάβωμεν, οὔτε καρπούς, ὅταν τεθνηκότων χρησώμεθα
τοῖς καρποῖς, οὔτε πρόβατα, ὅταν διὰ τῆς
κουρᾶς αὐτὰ μᾶλλον ὀνήσωμεν καὶ τοῦ γάλακτος
κοινωνήσωμεν παρέχοντες αὐτοῖς τὴν ἐξ ἡμῶν ἐπιμέλειαν.
διὸ προσπίπτει ὁ δίκαιος οἷον ἐλαττωτικὸς ἑαυτοῦ τῶν
κατὰ σῶμα, οὐκ ἀδικεῖ δὲ ἑαυτόν· αὔξεται γὰρ τῇ
τούτου παιδαγωγίᾳ καὶ ἐγκρατείᾳ τὸ ἐντὸς ἀγαθόν,
τοῦτ´ ἔστιν ἡ πρὸς θεὸν ὁμοίωσις.
| [3,26] XXVI. Les animaux étant donc ainsi nos alliés, s'il
est vrai, comme l'a enseigné Pythagore, qu'ils
aient une âme semblable à la nôtre, c'est à juste
titre que l'on accuse d'impiété quiconque ose
manger son semblable ; et quoiqu'il y ait quelques
animaux sauvages, il ne faut pas croire que cela
détruise l'espèce d'alliance qui est entre nous et
les bêtes. N'y a-t-il pas chez les hommes des
méchants, que leur caractère dépravé porte à
nuire à ceux avec lesquels ils vivent? Nous les
faisons mourir, et nous vivons en société avec les
autres : de même s'il y a des animaux féroces, il
est permis de les tuer, comme l'on tuerait les
hommes qui leur ressemblent ; mais il faut traiter
avec bonté ceux qui sont d'un naturel doux, et il ne
faut manger ni les uns ni les autres, comme nous
ne mangeons pas les hommes injustes. Notre
conduite est bien peu conforme à la justice. Nous
faisons mourir les animaux familiers; parce qu'il y
en a de sauvages et de féroces, et nous
mangeons les familiers, en quoi nous commettons
une double injustice. Premièrement, en les tuant,
secondement, en les mangeant. On peut ajouter à
tout ceci, que ceux qui disent que c'est détruire la
justice que de l'étendre jusqu'aux bêtes, non
seulement n'ont pas de vraies idées de la justice,
mais ne travaillent que pour le plaisir, qui est
l'ennemi capital de la justice. Car dès que le plaisir
est la fin de nos actions, il ne peut plus y avoir de
justice. Qui est-ce qui ne sait pas que l'amour de
la justice s'augmente par la privation du plaisir?
Quiconque s'abstient de tout ce qui est animé, et
même des animaux qui ne sont pas utiles à la
société, aura beaucoup plus de répugnance à
faire tort à ses semblables et mieux il sera disposé
vers les animaux en général, plus il conservera
d'amitié pour les espèces particulières. Mais celui
qui restreint les devoirs de la justice à l'homme
seul, est toujours sur le point de commettre
quelque injustice. La table de Pythagore était plus
agréable que celle de Socrate. Celui-ci disait que
la faim était le meilleur de tous les
assaisonnements ; et Pythagore prétendait que le
repas le plus satisfaisant était de ne faire tort à
personne et de ne s'écarter jamais de la justice.
Ceux qui ne veulent point manger des animaux
n'ont aucune part aux injustices qui se commettent
à l'occasion de cette nourriture : dieu ne nous a
pas fait de façon que pour travailler à notre
conservation nous fussions obligés de faire tort aux
autres : ou il aurait mis chez nous un principe
d'injustice. Ceux-là ne me paraissent pas avoir
une véritable idée de la justice, qui enseignent
qu'on ne doit l'observer que pour maintenir la
société entre les hommes : autrement on
n'entendrait par justice que l'amour pour le genre
humain ; mais elle consiste à ne faire aucun tort à
ce qui ne nous nuit pas, de sorte qu'il faut
l'étendre à tout ce qui est animé. L'essence de la
justice consiste à faire dominer ce qui n'a point de
raison par la partie raisonnable, de sorte que ce
qui n'a point de raison obéisse à ce qui en a,
moyennant quoi l'homme ne fera jamais tort à qui
que ce soit. Car dès que les passions seront
retenues, les désirs réprimés, la colère calmée, la
raison prendra le dessus : pour lors l'homme
ressemblera à ce qu'il y a de plus parfait. Or ce qui
est parfait, ne fait tort à rien. Il se sert de sa
puissance pour conserver les autres êtres, pour
leur faire du bien et il n'a besoin de rien. Pour
nous tant que nous voudrons être justes, nous ne
ferons tort à rien. En tant que mortels, nous
manquons de plusieurs choses qui nous sont
nécessaires. L'usage de ces choses n'est point
injuste ; car quel tort faisons-nous aux plantes
lorsque nous prenons ce qu'elles rejettent, ou aux
fruits, lorsque nous mangeons ceux qui sont prêts
de tomber, ou aux brebis, en prenant leurs laines
? Au contraire nous leur rendons service ; et le
soin que nous en prenons nous autorise à
partager avec elles leur lait. Ainsi quoique
l'homme de bien paraisse avoir peu d'attention
pour son corps, il ne commet cependant point
d'injustice contre lui-même, puisque par la
tempérance il augmente ses vertus et en devient
plus semblable à Dieu.
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