[3,27] οὔτε τοίνυν ἡδονῆς οὔσης τέλους ἡ ὄντως σῴζεται δικαιοσύνη, οὔτε τῶν πρώτων κατὰ φύσιν συμπληρούντων
τὴν εὐδαιμονίαν, ἢ ἐκκειμένων γε πάντων. ἐν πολλοῖς γὰρ τὰ
τῆς ἀλόγου κινήματα φύσεως καὶ αἱ χρεῖαι ἀδικίας
κατάρχει. αὐτίκα τῆς ζῳοφαγίας ἐδεήθησαν, ἵνα τὴν
φύσιν, ὡς φασίν, διαφυλάξωσιν ἀλύπητον καὶ ἀνενδεᾶ
ὧν ὀρέγεται. τοῦ δ´ ὁμοιοῦσθαι θεῷ ὄντος τέλους
ὡς ἔνι μάλιστα, σῴζεται τὸ ἀβλαβὲς ἐν ἅπασιν. ὅνπερ
τοίνυν τρόπον ὁ πάθεσιν ἀγόμενος πρὸς μόνα τέκνα
καὶ γυναῖκα ἀβλαβής, τῶν δὲ ἄλλων καταφρονητικὸς
καὶ πλεονέκτης, ὡς ἂν τοῦ ἀλόγου κρατοῦντος ἐν
αὐτῷ, πρὸς τὰ θνητὰ ἐγείρεται καὶ ταῦτα ἐκπλήττεται,
ὁ δὲ λόγῳ ἀγόμενος καὶ πρὸς πολίτην τηρεῖ τὸ ἀβλαβὲς
καὶ {ἔτι μᾶλλον} πρὸς ξένους καὶ πρὸς πάντας
ἀνθρώπους, ὁ τὴν ἀλογίαν ἔχων ὑπήκοον, καὶ αὐτὸς
παρ´ ἐκείνους λογικώτερος, διὰ ταῦτα δὲ καὶ θειότερος·
οὕτως ὁ μὴ μόνον στήσας τὸ ἀβλαβὲς ἐν ἀνθρώποις,
παρατείνας δὲ καὶ εἰς τὰ ἄλλα ζῷα μᾶλλον
ὅμοιος θεῷ, καὶ εἰ ἄχρι φυτῶν δυνατόν, ἔτι μᾶλλον
σῴζει τὴν εἰκόνα. εἰ δὲ μή, ἀλλ´ ἐντεῦθέν γε τὸ τῆς
φύσεως ἡμῶν ἐλάττωμα, ἐντεῦθεν τὸ θρηνούμενον
πρὸς τῶν παλαιῶν, ὡς τοίων ἔκ τ´ ἐρίδων ἔκ τε νεικέων
γενόμεσθα, ὅτι τὸ θεῖον ἀκήρατον καὶ ἐν πᾶσιν ἀβλαβὲς
σῴζειν οὐ δυνάμεθα· οὐ γὰρ ἐν πᾶσιν ἦμεν ἀπροσδεεῖς·
αἰτία δὲ ἡ γένεσις καὶ τὸ ἐν τῇ πενίᾳ ἡμᾶς γενέσθαι,
τοῦ πόρου ἀπορρυέντος. ἡ δὲ πενία ἐξ ἀλλοτρίων
τὴν σωτηρίαν καὶ τὸν κόσμον, δι´ οὗ τὸ εἶναι ἐλάμβανεν,
ἐκτᾶτο. ὅστις οὖν πλειόνων δεῖται τῶν ἔξωθεν,
ἐπὶ πλέον τῇ πενίᾳ προσήλωται· καὶ ὅσῳ πλεόνων
ἐνδεής, τοσούτῳ θεοῦ μὲν ἄμοιρος, πενίᾳ δὲ
σύνοικος. τὸ γὰρ θεῷ ὅμοιον τῇ ὁμοιώσει εὐθὺς
πλοῦτον ἔχει τὸν ἀληθινόν. πλουτῶν δὲ οὐδεὶς καὶ
χρῄζων μηδενὸς ἀδικεῖ· ἕως γὰρ ἀδικεῖ, κἂν πάντα
ἔχῃ χρήματα κἂν πάντα τῆς γῆς πλέθρα, πένης ἐστὶν
πενίᾳ ὑπάρχων σύνοικος, διὰ ταῦτα δὴ καὶ ἄδικος
καὶ ἄθεος καὶ ἀσεβὴς καὶ πάσῃ κακίᾳ ἔνοχος, ἧς τὴν
ὑπόστασιν ἡ πρὸς τὴν ὕλην τῆς ψυχῆς πτῶσις κατὰ
στέρησιν τοῦ ἀγαθοῦ παρήγαγεν. λῆρος οὖν πάντα,
ἕως τις τῆς ἀρχῆς ἀπέσφαλται, καὶ ἐνδεὴς πάντων,
ἕως οὗ πρὸς τὸν πόρον οὐ βλέπει, εἴκει τε τῷ θνητῷ
τῆς φύσεως αὑτοῦ, ἕως τὸν ὄντως ἑαυτὸν οὐκ ἐγνώρισεν.
δεινὴ δὲ ἡ ἀδικία πείθειν ἑαυτὴν καὶ δεκάζειν
τοὺς ὑπ´ αὐτῆς συνεχομένους, διότι σὺν ἡδονῇ προσομιλεῖ
τοῖς τροφίμοις. ὥσπερ δὲ ἐν βίων αἱρέσεσιν
ἀκριβέστερος κριτὴς ὁ πεῖραν ἀμφοῖν εἰληφὼς τοῦ
θατέρου πειραθέντος μόνου, οὕτως ἐν αἱρέσεσι καὶ
φυγαῖς καθηκόντων ἀσφαλέστερος κριτὴς ὁ ἐκ τοῦ
ἐπαναβεβηκότος κρίνων καὶ τὸ ἧττον τοῦ κάτωθεν
κρίνοντος τὰ προκείμενα. ὥστε ὁ κατὰ νοῦν ζῶν
τοῦ κατὰ τὴν ἀλογίαν ἀκριβέστερος ὁριστὴς ὧν τε
αἱρετέον καὶ ὧν μή· διῆλθεν γὰρ καὶ δι´ ἀλογίας,
ἅτε ἐξ ἀρχῆς ταύτῃ προσομιλήσας· ὁ δὲ ἄπειρος ὢν
τῶν κατὰ νοῦν πείθει τοὺς ὁμοίους, παῖς ἐν παισὶ
φλυαρῶν. ἀλλ´ εἰ πάντες, φασί, τούτοις πεισθεῖεν
τοῖς λόγοις, τί ἡμῖν ἔσται; ἢ δῆλον ὡς εὐδαιμονήσομεν,
ἀδικίας μὲν ἐξορισθείσης ἀπ´ ἀνθρώπων,
δικαιοσύνης δὲ πολιτευομένης καὶ παρ´ ἡμῖν, καθάπερ
καὶ ἐν οὐρανῷ. νῦν δ´ ὅμοιον, ὡς εἰ αἱ Δαναΐδες
ἠπόρουν τίνα βίον βιώσονται ἀπαλλαγεῖσαι τῆς
περὶ τὸν τετρημένον πίθον διὰ τοῦ κοσκίνου λατρείας.
τί γὰρ ἔσται ἀποροῦσιν, εἰ παυσαίμεθα ἐπιφοροῦντες
εἰς τὰ πάθη ἡμῶν καὶ τὰς ἐπιθυμίας, ὧν τὸ πᾶν
διαρρεῖ ἀπειρίᾳ τῶν καλῶν τὸν ἐπὶ τοῖς ἀναγκαίοις
καὶ ὑπὲρ τῶν ἀναγκαίων στεργόντων ἡμῶν βίον. τί
τοίνυν πράξομεν, ἐρωτᾷς, ὦ ἄνθρωπε; μιμησώμεθα
τὸ χρυσοῦν γένος, μιμησώμεθα τοὺς ἐλευθερωθέντας.
μεθ´ ὧν μὲν γὰρ Αἰδὼς καὶ Νέμεσις ἥ τε Δίκη
ὡμίλει, ὅτι ἠρκοῦντο τῷ ἐκ γῆς καρπῷ· καρπὸν γάρ
σφισιν ἔφερεν ζείδωρος ἄρουρα
αὐτομάτη πολλόν τε καὶ ἄφθονον·
οἱ δέ γε ἐλευθερωθέντες ἃ πάλαι τοῖς δεσπόταις
ὑπηρετοῦντες ἐπόριζον, ταῦτα ἑαυτοῖς πορίζουσιν. οὐκ
ἄλλως καὶ σὺ τοίνυν ἀπαλλαγεὶς τῆς τοῦ σώματος
{δουλείας} καὶ τῆς τοῖς πάθεσι τοῖς διὰ τὸ σῶμα
λατρείας, ὡς ἐκεῖνα ἔτρεφες παντοίως τοῖς ἔξωθεν,
οὕτως αὑτὸν θρέψεις παντοίως τοῖς ἔνδοθεν, δικαίως
ἀπολαμβάνων τὰ ἴδια καὶ οὐκέτι τὰ ἀλλότρια βίᾳ
ἀφαιρούμενος.
| [3,27] XXVII. Si le plaisir est la fin de l'homme, il est
impossible que la justice subsiste; elle ne
subsistera jamais qu'autant qu'on s'en tiendra aux
premières definitions de la nature, qui suffisent
pour rendre l'homme heureux. Les désirs de la
nature déraisonnable, et de prétendues nécessités
ont introduit l'injustice dans le monde. C'est de là
qu'est venu l'usage de manger les animaux, afin,
disait-on, de conserver la nature humaine et de lui
procurer ce dont elle a besoin. Mais la fin de
l'homme devant être de ressembler à Dieu, il ne
peut y parvenir qu'en ne faisant tort à quoi que ce
soit. Celui qui est dominé par ses passions, se
contente de ne nuire ni à ses enfants, ni à sa
femme. Il méprise les autres devoirs, parce que la
partie déraisonnable qui est en lui, tourne toute
son attention vers les choses périssables, et il
n'admire qu'elles. Celui au contraire qui est
dominé par la raison, ne fait tort ni au citoyen, ni à
l'étranger, ni à quelque homme que ce soit parce
qu'il maîtrise la partie déraisonnable ; et plus il
écoute la raison, plus il est semblable à Dieu. Un
homme de ce caractère ne se contente pas de ne
point faire de tort aux hommes; il n'en veut pas
même faire aux animaux. Il conserverait cet esprit
de justice avec les plantes s'il le pouvait, pour être
plus semblable à Dieu. Si nous ne pouvons pas
porter la perfection jusque là, imitons nos anciens
et plaignons le défaut de notre nature, qui est
composée de parties si discordantes, qu'il est
impossible que nous soyons entièrement parfaits ;
car nous avons des besoins, auxquels nous ne
pouvons remédier que par des choses étrangères
; et on est d'autant plus pauvre que l'on a plus de
besoin des choses extérieures. Plus l'on a de
besoins, moins l'on ressemble à Dieu. Ce qui
ressemble à Dieu possède les vraies richesses.
Celui qui est riche et qui n'a besoin de rien, ne fait
tort à personne. Car dès qu'il fait quelque injustice,
eût-il toutes les richesses de l'univers, toutes les
terres du monde, il est pauvre, parce qu'il est
injuste, impie et sujet à toute la méchanceté que la
descente de l'âme dans la matière à occasionnée,
depuis qu'elle est privée du vrai bien. Tout n'est
que bagatelles, lorsqu'on s'éloigne de son
principe. Nous sommes toujours dans la misère,
lorsque nous ne sommes pas occupés de celui qui
peut seul nous rassasier, et que nous ne
cherchons qu'à satisfaire ce qu'il y a de périssable
en nous sans faire attention à ce que nous avons
de plus noble. L'injustice persuade aisément ceux
qu'elles a subjugués, parce qu'elle fournit des
plaisirs à ceux qui la suivent. De même que dans
le choix d'un genre de vie, celui qui a fait l'épreuve
de deux, juge mieux que celui qui n'en connaît
qu'un : aussi lorsqu'il s'agit de choisir ce qu'il faut
faire ou ce qu'il faut suivre, le meilleur juge est
celui qui a la connaissance des choses élevées, et
qui les compare avec celles qui sont d'un ordre
inférieur. Il prendra mieux son parti, que celui qui
jugera des choses du premier ordre par celles qui
sont subalternes. Par conséquent celui qui
consulte la raison est bien plus en état de suivre le
bon parti que celui qui se laisse conduire par ce
qui est déraisonnable en nous. Le premier sait ce
que c'est que la raison, et ce qui lui est opposé,
parce qu'avant que d'être raisonnable, il a passé
par ce dernier état. L'autre au contraire n'a aucune
expérience des choses raisonnables. Il persuade
cependant ses semblables. C'est un enfant qui
joue avec des enfants. Mais, dit-on, si tout le
monde suivait ces principes, que deviendrions-nous?
Nous en serions plus heureux. L'injustice
serait bannie de chez les hommes, et la justice
habiterait chez eux, comme dans le ciel. C'est
précisément comme si on disait que les Danaïdes
seraient fort embarrassées de ce qu'elles feraient,
si elles n'étaient plus obligées de travailler à
remplir leur tonneau percé comme un crible. On
demande ce que nous serions, si nous réprimions
nos passions et nos désirs, qui sont la source
funeste de tous les maux qui inondent notre vie.
Nous imiterions le siècle d'or, où l'on était
véritablement libre. La pudeur, la crainte de faire
tort, la justice habitaient chez les hommes, parce
qu'ils se contentaient des fruits de la terre, qui
sans être cultivée leur communiquait ses
richesses avec abondance. Or comme les
affranchis acquièrent pour eux ce qu'ils
acquéraient pour leurs maîtres, avant qu'ils
fussent libres ; ainsi lorsque vous serez délivré de
la servitude du coups et des passions, que vous
entretenez par toutes les choses extérieures, vous
fortifierez votre intérieur, en ne faisant usage que
de ce qui vous appartient et ne prenant point par
violence le bien des autres.
|