| [3,23] ὁ δὲ ἀξιῶν τὸ μὴ πεφυκὸς ὀρθότητα λόγου δέχεσθαι μηδὲ
λόγον δέχεσθαι, πρῶτον μὲν οὐδὲν διαφέρει τοῦ μήτε
πίθηκον αἴσχους φύσει μετέχειν μήτε χελώνην βραδυτῆτος ἀξιοῦντος, ὅτι μηδὲ κάλλους ἐπιδεκτικὰ μηδὲ
τάχους ἐστίν· ἔπειτα τὴν διαφορὰν ἐμποδὼν οὖσαν 
οὐ συνορᾷ. λόγος μὲν γὰρ ἐγγίνεται φύσει, σπουδαῖος
δὲ λόγος καὶ τέλειος ἐξ ἐπιμελείας καὶ διδασκαλίας.
διὸ τοῦ λογικοῦ πᾶσι τοῖς ἐμψύχοις μέτεστι, τὴν δὲ
ὀρθότητα καὶ σοφίαν οὐδὲ ἄνθρωπον εἰπεῖν κεκτημένον 
ἔχουσιν, κἂν μυρίοι δὲ ὦσιν. ὥσπερ ὄψεώς ἐστιν
πρὸς ὄψιν διαφορὰ καὶ πτήσεως πρὸς πτῆσιν· οὐ γὰρ
ὁμοίως ἱέρακες βλέπουσι καὶ τέττιγες, οὐδὲ ἀετοὶ
πέτονται καὶ πέρδικες· οὕτως οὐδὲ παντὶ λογικῷ μέτεστιν 
ὡσαύτως τῆς δεχομένης τὸ ἄκρον εὐστροφίας καὶ
ὀξύτητος. ἐπιδείγματά γε πολλὰ κοινωνίας καὶ ἀνδρείας 
καὶ τοῦ πανούργου περὶ τοὺς πορισμοὺς καὶ
τὰς οἰκονομίας, ὥσπερ αὖ καὶ τῶν ἐναντίων, ἀδικίας,
δειλίας, ἀβελτερίας, ἔνεστιν αὐτοῖς. ὅθεν καὶ ζητήσεις 
τινὲς συνίστανται, τῶν μὲν τὰ χερσαῖα προῆχθαι
λεγόντων, τῶν δὲ τὰ θαλάττια. καὶ δῆλόν ἐστι 
παραβαλλομένων ἵππων χερσαίων τοῖς ποταμίοις· οἳ μὲν
γὰρ τρέφουσι τοὺς πατέρας, οἳ δὲ κτείνουσιν, ἵνα τὰς
μητέρας ὀχεύωσιν· καὶ περιστεραῖς πάλιν περδίκων·
οἳ μὲν γὰρ ἀφανίζουσι τὰ ᾠὰ καὶ διαφθείρουσι, τῆς
θηλείας, ὅταν ἐπῳάζῃ, μὴ προσδεχομένης τὴν ὀχείαν·
οἳ δὲ καὶ διαδέχονται τὴν ἐπιμέλειαν ἐν μέρει θάλποντες, 
καὶ ψωμίζουσι πρότεροι τὰ νεόττια, καὶ τὴν
θήλειαν, ἂν πλείονα χρόνον ἀποπλανηθῇ, κόπτων ὁ 
ἄρρην εἰσελαύνει πρὸς τὰ ᾠὰ καὶ τοὺς νεοττούς.
ὄνοις δὲ καὶ προβάτοις Ἀντίπατρος ἐγκαλῶν ὀλιγωρίαν καθαρειότητος, οὐκ οἶδ´ ὅπως παρεῖδεν τὰς λύγκας
καὶ τὰς χελιδόνας· ὧν αἳ μὲν ἐκτοπίζουσιν παντάπασιν
κρύπτουσαι καὶ ἀφανίζουσαι τὸ λυγκούριον, αἱ δὲ
χελιδόνες ἔξω στρεφομένους διδάσκουσι τοὺς νεοττοὺς
ἀφιέναι τὸ περίττωμα. καὶ μὴν δένδρον δένδρου οὐ
λέγομεν ἀμαθέστερον, ὡς κυνὸς πρόβατον, οὐδὲ λαχάνου 
λάχανον ἀνανδρότερον, ὡς ἔλαφον λέοντος· ἢ
καθάπερ ἐν τοῖς ἀκινήτοις ἕτερον ἑτέρου βραδύτερον
οὐκ ἔστιν, οὐδὲ μικροφωνότερον ἐν τοῖς ἀναύδοις,
οὕτως οὐδὲ δειλότερον οὐδὲ νωθρότερον οὐδὲ ἀκρατέστερον, 
ὅπου μὴ φύσει πᾶσιν ἡ τοῦ φρονεῖν δύναμις, 
ἄλλοις δὲ ἄλλως κατὰ τὸ μᾶλλον καὶ ἧττον
παροῦσα τὰς ὁρωμένας διαφορὰς πεποίηκεν. ἀλλ´ οὐ
θαυμαστὸν ὅσον ἄνθρωπος εὐμαθείᾳ καὶ ἀγχινοίᾳ
καὶ τοῖς περὶ δικαιοσύνην καὶ κοινωνίαν διαφέρει τῶν
ζῴων. καὶ γὰρ ἐκείνων πολλὰ τοῦτο μὲν μεγέθει καὶ
ποδωκείᾳ, τοῦτο δὲ ὄψεως ῥώμῃ καὶ ἀκοῆς ἀκριβείᾳ
πάντας ἀνθρώπους ἀπολέλοιπεν· ἀλλ´ οὐ διὰ τοῦτο
κωφὸς οὐδὲ τυφλὸς οὐδὲ ἀδύνατος ὁ ἄνθρωπός ἐστιν·
ἀλλὰ καὶ θέομεν, εἰ καὶ βραδύτερον ἐλάφων, καὶ βλέπομεν, 
εἰ καὶ χεῖρον ἱεράκων· ἰσχύος τε καὶ μεγέθους
ἡ φύσις ἡμᾶς οὐκ ἀπεστέρησεν, καίτοι τὸ μηδὲν ἐν
τούτοις πρὸς ἐλέφαντα καὶ κάμηλον ὄντας. οὐκοῦν 
ὁμοίως μηδὲ τὰ θηρία λέγωμεν, εἰ νωθρότερον φρονεῖ
καὶ κάκιον διανοεῖται, μὴ διανοεῖσθαι μηδὲ φρονεῖν
ὅλως μηδὲ κεκτῆσθαι λόγον, ἀσθενῆ δὲ κεκτῆσθαι καὶ
θολερόν, ὥσπερ ὀφθαλμὸν ἀμβλυώττοντα καὶ τεταραγμένον. 
 | [3,23] XXIII. Celui qui prétendrait que ce qui ne peut 
point arriver à la perfection de la raison, n'en est 
point susceptible, ressemblerait à quelqu'un qui 
soutiendrait, que le singe n'a point reçu de la 
nature sa laideur, ni la tortue sa lenteur, parce que 
le singe n'est pas susceptible de beauté, ni la 
tortue de vitesse, Ils ne font pas attention à une 
distinction qu'il faut faire. La raison vient de la 
nature ; mais la parfaite raison vient de l'attention 
et de l'instruction. Tout ce qui est animé participe à 
la raison et dans toute la multitude des hommes, 
on n'en peut pas nommer un qui ait atteint la 
perfection de la raison, ou de la sagesse. N'y a-t-il 
pas de la différence entre les façons de voir et de 
voler ? Car les éperviers ne volent pas de même 
que les cigales et les aigles volent différemment 
des perdrix. De même parmi tout ce qui participe à 
la raison, l'on ne remarque pas la même facilité à 
se pouvoir perfectionner. Il y a de si fortes preuves 
que les animaux sont capables de vivre en société 
, qu'ils ont du courage, qu'ils ont recours à la ruse, 
lorsqu'il est question de se procurer ce qui leur est 
nécessaire ; qu'il y en a d'injustes, de lâches, de 
stupides ; que l'on a agité une dispute pour savoir 
si les animaux terrestres l'emportaient sur ceux de 
la mer. Il est aisé de faire à ce sujet des 
comparaisons. Les cigognes nourrissent leurs 
pères, et les chevaux marins tuent leurs pères 
pour pouvoir saillir leurs mères. Les perdrix 
agissent bien différemment des pigeons. Les 
mâles des perdrix cassent les oeufs de leurs 
femelles, parce que celles-ci, tant qu'elles 
couvent, chassent leurs mâles. Les pigeons au 
contraire partagent avec leurs femelles la peine de 
couver leurs oeufs. Ils portent les premiers la 
becquée à leurs petits dès qu'ils sont nés : le mâle 
bat la femelle lorsqu'elle est trop longtemps hors 
de son nid et il l'oblige de retourner à ses oeufs et 
à ses petits. Je ne sais pas pourquoi Antipater, qui 
reproche aux ânes et aux brebis leur malpropreté, 
ne parle ni des chats, ni des hirondelles. Les 
premiers cachent leurs ordures de façon qu'elles 
ne paraissent jamais ; et les hirondelles 
apprennent à leurs petits à mettre le derrière hors 
de leurs nids afin de ne le pas gâter. Pourquoi 
disons-nous pas qu'un arbre est plus indocile 
qu'un autre arbre, comme nous disons que le 
chien est plus docile que la brebis ; ou qu'un 
légume soit moins brave qu'un autre légume, 
comme nous disons que le cerf a moins de 
courage que le lion ? Et comme dans les choses 
qui n'ont point de mouvement, l'une n'est pas plus 
tardive que l'autre ; et dans celles qui ne rendent 
point de son, l'on ne peut pas dire que l'une ait la 
voix moins forte que l'autre : aussi ne dira-t-on que 
de ce qui a reçu de la nature le don de 
l'intelligence, celui-ci est plus timide, celui-là est 
plus paresseux, cet autre est plus intempérant, 
puisque ces divers degrés supposent de 
l'intelligence. Il ne faut point être étonné, si 
l'homme surpasse les animaux par sa facilité 
d'apprendre, par sa pénétration, par la justice et 
par les qualités sociables. Entre les animaux, il y 
en a plusieurs qui ont beaucoup d'avantage sur 
les hommes par la grandeur, par la vitesse, par la 
pénétration de la vue et par la subtilité de l'ouïe. 
Cependant l'homme n'est pas pour cela ni sourd, 
ni aveugle, ni sans forces. Nous courons à la 
vérité moins vite que les cerfs, nous voyons moins 
bien que les éperviers. La nature nous a donné 
des forces et de la grandeur, quoique les 
éléphants et les chameaux soient beaucoup plus 
forts et plus grands que nous. Nous pouvons faire 
le même raisonnement à l'égard de l'intelligence 
des animaux ; et nous ne devons pas prétendre 
qu'ils ne pensent point et qu'ils n'ont point de 
raison parce qu'ils nous sont inférieurs du côté de 
la pensée et de la raison. Il vaut mieux dire qu'ils 
les ont faibles et troubles.
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