HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Porphyre, De l'abstinence, livre III

Chapitre 22

  Chapitre 22

[3,22] ἀλλ´ ἔστω μὴ δεῖσθαι τοῦ νοῦ τὴν αἴσθησιν πρὸς τὸ αὑτῆς ἔργον· ἀλλ´ ὅταν γε τῷ ζῴῳ πρὸς τὸ οἰκεῖον καὶ τὸ ἀλλότριον αἴσθησις ἐνεργασαμένη διαφορὰν ἀπέλθῃ, τί τὸ μνημονεῦόν ἐστιν ἤδη καὶ δεδιὸς τὰ λυποῦντα καὶ ποθοῦν τὰ ὠφέλιμα καὶ μὴ παρόντα ὅπως παρέσται μηχανώμενον ἐν αὐτοῖς, καὶ παρασκευαζόμενον ὁρμητήρια καὶ καταφυγὰς καὶ θήρατρα πάλιν αὖ τοῖς ἁλωσομένοις καὶ ἀποδράσεις τῶν ἐπιτιθεμένων; καίτοι γε κἀκεῖνοι λέγοντες ἀποκναίουσιν ἐν ταῖς εἰσαγωγαῖς ἑκάστοτε τὴν πρόθεσιν ὁριζόμενοι σημείωσεν ἐπιτελειώσεως, τὴν δ´ ἐπιβολὴν ὁρμὴν πρὸ ὁρμῆς, παρασκευὴν δὲ πρᾶξιν πρὸ πράξεως, μνήμην δὲ κατάληψιν ἀξιώματος παρεληλυθότος, οὗ τὸ παρὸν ἐξ αἰσθήσεως κατελήφθη. τούτων γὰρ οὐδὲν ὅτι μὴ λογικόν ἐστι, καὶ πάντα τοῖς ζῴοις ὑπάρχει πᾶσιν· ὥσπερ ἀμέλει καὶ τὰ περὶ τὰς νοήσεις, ἃς ἐναποκειμένας μὲν ἐννοίας καλοῦσιν, κινουμένας δὲ διανοήσεις. τὰ δὲ πάθη σύμπαντα κοινῶς κρίσεις φαύλας καὶ δόξας ὁμολογοῦντες εἶναι, θαυμαστὸν ὅτι δὴ παρορῶσιν ἐν τοῖς θηρίοις ἔργα καὶ κινήματα, πολλὰ μὲν θυμῶν, πολλὰ δὲ φόβων καὶ νὴ Δία φθόνων καὶ ζηλοτυπιῶν. αὐτοὶ δὲ κύνας ἁμαρτόντας καὶ ἵππους κολάζουσιν, οὐ διὰ κενῆς, ἀλλ´ ἐπὶ σωφρονισμῷ, λύπην δι´ ἀλγηδόνος ἐμποιοῦντες αὐτοῖς, ἣν μετάνοιαν ὀνομάζομεν. ἡδονῆς δὲ τῆς μὲν δι´ ὤτων ὄνομα κήλησίς ἐστιν, τῆς δὲ δι´ ὀμμάτων γοητεία. χρῶνται δὲ ἑκατέραις ἐπὶ τὰ θηρία· κηλοῦνται μὲν ἔλαφοι καὶ ἵπποι σύριγξιν καὶ αὐλοῖς, καὶ τοὺς παγούρους ἐκ τῶν χηραμῶν ἀνακαλοῦνται μελιζόμενοι ταῖς σύριγξι, καὶ τὴν θρίσσαν ᾀδόντων ἀναδύεσθαι καὶ προϊέναι λέγουσιν. οἱ δὲ περὶ τούτων ἀβελτέρως λέγοντες μήτε ἥδεσθαι μήτε θυμοῦσθαι μήτε φοβεῖσθαι μήτε παρασκευάζεσθαι μήτε μνημονεύειν, ἀλλ´ ὡσανεὶ μνημονεύειν τὴν μέλιτταν καὶ ὡσανεὶ παρασκευάζεσθαι τὴν ἀηδόνα καὶ ὡσανεὶ θυμοῦσθαι τὸν λέοντα καὶ ὡσανεὶ φοβεῖσθαι τὸν ἔλαφον, οὐκ οἶδα τί χρήσονται τοῖς λέγουσι μηδὲ βλέπειν μηδὲ ἀκούειν, ἀλλ´ ὡσανεὶ βλέπειν αὐτὰ καὶ ὡσανεὶ ἀκούειν, μηδὲ φωνεῖν ἀλλ´ ὡσανεὶ φωνεῖν, μηδὲ ὅλως ζῆν ἀλλ´ ὡσανεὶ ζῆν. ταῦτα γὰρ ἐκείνων οὐ μᾶλλόν ἐστι λεγόμενα παρὰ τὴν ἐνάργειαν ὁμοίως, ὡς εὐγνώμων ἂν πεισθείη. ὅταν δὲ τοῖς ἀνθρωπίνοις ἤθεσιν καὶ βίοις καὶ πράξεσιν καὶ διαίταις τὰ τῶν ζῴων παρατιθεὶς πολλὴν ἐνορῶ φαυλότητα, καὶ τῆς ἀρετῆς, πρὸς ἣν λόγος γέγονεν, μηδένα τῶν ζῴων ἐμφανῆ στοχασμὸν μηδὲ προκοπὴν μηδὲ ὄρεξιν, ἀποροίην ἂν πῶς φύσις δέδωκε τὴν ἀρχὴν τοῖς ἐπὶ τὸ τέλος ἐξικέσθαι μὴ δυναμένοις· τοῦτο μὲν οὐδ´ ἐκείνοις ἄτοπον εἶναι δοκεῖ. τὴν γοῦν πρὸς τὰ ἔκγονα φιλοστοργίαν, ἀρχὴν μὲν ἡμῖν κοινωνίας καὶ δικαιοσύνης τιθέμενοι, πολλὴν δὲ τοῖς ζῴοις καὶ ἰσχυρὰν ὁρῶντες παροῦσαν, οὐ φασὶν αὐτοῖς οὐδ´ ἀξιοῦσι μετεῖναι δικαιοσύνης· ἡμιόνοις δὲ τῶν γεννητικῶν μορίων οὐδὲν ἐνδεῖ· καὶ γὰρ αἰδοῖα καὶ μήτρας καὶ τὸ χρῆσθαι μεθ´ ἡδονῆς τούτοις ἔχουσαι, πρὸς τὸ τέλος οὐκ ἐξικνοῦνται τῆς γενέσεως. σκόπει δὲ ἄλλως μὴ καταγέλαστόν ἐστι τοὺς Σωκράτεις καὶ τοὺς Πλάτωνας καὶ τοὺς Ζήνωνας οὐδὲν ἐλαφροτέρᾳ κακίᾳ τοῦ τυχόντος ἀνδραπόδου συνεῖναι φάσκειν, ἀλλ´ ὁμοίως ἄφρονας εἶναι καὶ ἀκολάστους καὶ ἀδίκους, εἶτα τῶν θηρίων αἰτιᾶσθαι τὸ μὴ καθαρὸν μηδ´ ἀπηκριβωμένον πρὸς ἀρετήν, ὡς στέρησιν οὐχὶ φαυλότατα λόγου καὶ ἀσθένειαν προσεῖναι, καὶ ταῦτα τὴν κακίαν ὁμολογοῦντας εἶναι λογικήν, ἧς πᾶν θηρίον ἀναπέπλησται. καὶ γὰρ δειλίαν πολλοῖς καὶ ἀκολασίαν ἀδικίαν τε καὶ κακόνοιαν ὁρῶμεν ὑπάρχουσαν. [3,22] XXII. Mais supposons que le sentiment puisse faire ses fonctions sans l'intelligence. Quand il a rempli son objet, qui consiste à discerner ce qui convient ou ce qui est contraire, qui est-ce qui s'en ressouvient ? Qui est-ce qui craint ce qui afflige ? Qui est-ce qui désire les choses utiles ? Qui est-ce qui songe à se les procurer, lorsqu'elles sont éloignées ? Qui est-ce qui se prépare des lieux de sûreté, des retraites ? Qui est-ce qui tend des embûches ? Qui est-ce qui cherche à échapper à des filets lorsqu'il est pris ? C'est ce que les philosophes ne manquent pas d'examiner jusqu'à l'ennui dans leurs introductions, lorsqu'ils parlent de la résolution, qui est le dessein de venir à bout d'une chose, de l'entreprise, des préparatifs, de la mémoire qui n'est autre chose que l'attention à quelque chose qui est passée, et que le sentiment nous a rendu autrefois présente. Or tout cela suppose le raisonnement ; et tout cela se trouve dans les animaux. Il est étonnant qu'on ne fasse point réflexion à leurs actions, à leurs mouvements, dont plusieurs ont pour principe la colère, la crainte, l'envie et la jalousie ; ce qui fait que ceux même qui ne pensent pas comme nous, punissent leurs chiens et leurs chevaux lorsqu'ils font quelque faute : en quoi ils ont raison, puisque par-là ils les perfectionnent, en leur donnant par la douleur ce sentiment que nous appelions repentir. Les animaux sont sensibles aux plaisirs que l'on goûte par les oreilles et par les yeux. Les cerfs et les chevaux sont flattés par les sons des flûtes et des hautbois. Le chalumeau fait sortir le cancre de son trou, comme par une espèce de violence. On dit que l'alose vient sur l'eau pour entendre chanter. Quant à ceux qui sont assez déraisonnables pour soutenir que les animaux ne se réjouissent, ni ne se fâchent, ni ne craignent, ni n'usent de précautions, ni n'ont point de mémoire, mais qu'il semble seulement que l'abeille se ressouvienne, que l'hirondelle fasse des provisions, que le lion se mette en colère, que le cerf ait peur, je ne sais pas ce qu'ils répondraient à ceux qui leur soutiendraient que les animaux ne voient ni n'entendent, mais qu'ils semblent seulement voir et entendre, qu'ils n'ont point de voix, mais qu'ils paraissent en avoir, en un mot qu'ils ne vivent pas mais qu'ils paraissent vivre ; car tout homme sensé s'apercevra que ces deux suppositions sont également contraires à l'évidence. Mais, dira-t-on, lorsqu'on compare les procédés des hommes avec ceux des animaux, on remarque dans ceux-ci beaucoup d'imperfection, peu de désir de la vertu, nulle envie de se perfectionner et l'impossibilité de parvenir à la fin pour laquelle la nature les a faits, et dont elle leur a donné les premières notions. Mais cela n'est point regardé par ces philosophes comme un inconséquence. Ils enseignent que l'amour paternel est le principe de la société et le fondement de la justice ; et quoiqu'ils ne puissent pas douter que les animaux aient une passion très vive pour leurs petits, ils prétendent cependant que nous ne sommes pas obligés de garder la justice avec eux : ils se servent de l'exemple des mulets, à qui il ne manque rien des parties génitales, qui les emploient avec plaisir, et qui cependant ne peuvent point parvenir à la génération. Voyez s'il n'est pas ridicule que ceux qui accusent les Socrates, les Platons, les Zénons, d'être aussi méchants, aussi fous, aussi injustes que les derniers des hommes, se plaignent de la méchanceté des bêtes, de ce qu'elles ne se portent point avec assez de vivacité à la vertu : comme si c'était à la privation absolue de la raison, et non pas à sa faiblesse, qu'il fallût attribuer ces imperfections qu'on convient être dans les animaux ; ce qui paraît par la timidité, l'intempérance, l'injustice et la méchanceté, que l'on remarque dans plusieurs d'eux.


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Dernière mise à jour : 9/10/2008