[3,12] θαυμάσειε δ´ ἄν τις τοὺς τὴν δικαιοσύνην ἐκ τοῦ
λογικοῦ συνιστάντας καὶ τὰ μὴ κοινωνοῦντα τῶν ζῴων
ἄγρια καὶ ἄδικα λέγοντας, μηκέτι δὲ ἄχρι τῶν κοινωνούντων
τὴν δικαιοσύνην ἐκτείνοντας. καθάπερ γὰρ ἐπὶ τῶν ἀνθρώπων οἴχεται τὸ ζῆν ἀρθείσης τῆς κοινωνίας, οὕτω κἀκείνοις. ὄρνιθες γοῦν καὶ κύνες καὶ πολλὰ τῶν τετραπόδων, οἷον αἶγες,
ἵπποι, πρόβατα, ὄνοι, ἡμίονοι, τῆς μετὰ ἀνθρώπων
κοινωνίας ἀφαιρεθέντα ἔρρει. καὶ ἡ δημιουργήσασα
αὐτὰ φύσις ἐν χρείᾳ τῶν ἀνθρώπων κατέστησεν τούς
τε ἀνθρώπους εἰς τὸ χρῄζειν αὐτῶν, τὸ δίκαιον ἔμφυτον
αὐτοῖς τε πρὸς ἡμᾶς καὶ ἡμῖν πρὸς αὐτὰ κατασκευάσασα.
εἰ δέ τινα πρὸς ἀνθρώπους ἀγριαίνει,
θαυμαστὸν οὐδέν· ἀληθὲς γὰρ ἦν τὸ τοῦ Ἀριστοτέλους,
ὡς ἀφθονίαν εἰ τῆς τροφῆς πάντα ἐκέκτητο,
οὔτ´ ἂν πρὸς ἄλληλα οὔτε πρὸς ἀνθρώπους ἔσχεν ἂν
ἀγρίως· ταύτης γὰρ χάριν, καίτοι ἀναγκαίας καὶ εὐτελοῦς
οὔσης, αἵ τε ἔχθραι καὶ αἱ φιλίαι αὐτοῖς, καὶ
τοῦ τόπου ἕνεκα. ἄνθρωποι δὲ εἰ οὕτως εἰς στενὸν
κομιδῇ κατεκέκλειντο ὡς τὰ ζῷα, πόσῳ ἂν ἀγριώτεροι
καὶ τῶν δοκούντων ἀγρίων ἐγένοντο; διέδειξεν δὲ καὶ
ὁ πόλεμος καὶ λιμός, ὅπου οὐδὲ γεύσασθαι φείδονται
ἀλλήλων· καὶ ἄνευ γε πολέμου καὶ λιμοῦ τὰ σύντροφα
καὶ ἥμερα τῶν ζῴων κατεσθίουσιν.
| [3,12] XII. Ceux qui conviennent que la justice nous lie
envers tout ce qui est raisonnable, mais que les
animaux sauvages ne méritent point notre
compassion, parce qu'ils font injures et n'ont
aucune communication avec nous, ne sont pas
mieux disposés à l'égard des animaux qui vivent
avec nous, même à l'égard de ceux qui ne
peuvent vivre sans le secours des hommes. Les
oiseaux, les chiens, plusieurs autres animaux à
quatre pieds, comme les chèvres, les chevaux, les
brebis, les ânes, les mulets, s'ils sont éloignés de
la société des hommes, sont dans la nécessité de
périr. La nature, qui en les créant les a rendus
utiles aux hommes, a arrangé les choses de façon
que nous avons besoin d'eux, et qu'il y a une
justice d'eux à nous et de nous a eux. Il n'est pas
surprenant y en ait de sauvages à l'égard des
hommes. Car ce que dit Aristote est vrai : si les
animaux avaient des vivres en abondance, ils ne
seraient sauvages, ni entre eux, ni avec les
hommes. C'est la nécessité de la vie, qui les porte
à des actions cruelles ; comme aussi c'est en les
nourrissant, que l'on acquiert leur amitié. Si les
hommes se trouvaient réduits dans les mêmes
extrémités que les animaux, ils seraient encore
plus féroces que ceux qui nous paraissent
sauvages. C'est ce que on peut prouver par les
guerres et par les famines, pendant lesquelles ils
se mangent les uns les autres ; et même sans
guerre et sans famine, ils ne craignent pas de
manger les animaux familiers qui vivent avec eux.
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