[1,47] εἰ δὲ τοῦτο οὔτε ἰατρῶν τις οὔτε φιλοσόφων,
οὐ γυμναστής, οὐκ ἰδιώτης εἰπεῖν ἐτόλμησεν, τί
οὐκ ἀφιστάμεθα ἑκόντες τοῦ σωματικοῦ φορτίου; τί οὐκ ἐλευθεροῦμεν αὑτοὺς
ἅμα τῇ ἀποστάσει ἐκ πολλῶν; οὐ γὰρ ἑνὸς ἦν, ἀλλὰ μυρίων, τοῖς ἐλαχίστοις
ἐθίσαντα αὑτὸν ἀρκεῖσθαι, ἀπηλλάχθαι, χρημάτων περιουσίας, οἰκετῶν
πλειόνων ὑπηρεσίας, σκευῶν πλήθους, ὑπνώδους καταστάσεως, νόσων
σφοδρότητος καὶ πλήθους, ἰατρῶν δεήσεως, ἐρεθισμῶν πρὸς ἀφροδίσια,
ἀναθυμιάσεων παχυτέρων, περιττωμάτων πλήθους, παχύτητος τοῦ δεσμοῦ,
ῥώμης πρὸς πράξεις ἐγειρούσης, Ἰλιάδος κακῶν· ὧν ἡ ἄψυχος καὶ λιτὴ τροφὴ καὶ
πᾶσιν εὐπόριστος ἀφαιρεῖται ἡμᾶς, εἰρήνην παρασκευάζουσα τῷ τὰ σωτήρια
ἡμῖν ἐκπορίζοντι λογισμῷ. οὐ γὰρ ἐκ τῶν μαζοφάγων, φησὶν ὁ Διογένης, οἱ
κλέπται καὶ οἱ πολέμιοι, ἀλλ´ ἐκ τῶν κρεοφάγων οἱ συκοφάνται καὶ τύραννοι.
τῆς δὲ τοῦ πολλῶν δεῖσθαι ἀρθείσης αἰτίας καὶ τοῦ πλήθους τῶν εἰσαγομένων
εἰς τὸ σῶμα περιαιρεθέντος τοῦ τε βάρους τῶν ἀναδιδομένων κουφισθέντος,
ἐλεύθερον τὸ ὄμμα καπνοῦ τε καὶ κύματος τοῦ σωματικοῦ ἐκτὸς
καθωρμισμένον γίγνεται.
| [1,47] Si ni aucun médecin, ni aucun philosophe, ni aucun maître.
d'exercice, ni enfin qui que ce soit n'a osé avancer ce paradoxe, pourquoi
ne nous délivrons-nous pas volontairement d'un si grand fardeau ? Pourquoi
ne nous affranchissons-nous pas d'une infinité de maux en renonçant a
l'usage de la viande ? Les richesses nous seraient pour lors inutiles.
Nous n'aurions pas besoin d'un grand nombre de domestiques et nous nous
passerions d'une multitude de meubles et d'ustensiles. Nous ne serions
point appesantis par le sommeil. Nous éviterions de grandes maladies, qui
nous obligent d'avoir recours aux médecins. Nous serions moins portés aux
plaisirs de l'amour. Nos chaînes en seraient moins fortes. Enfin nous
serions garantis d'une infinité de maux. L'abstinence des viandes remédie
à tous ces inconvénients. En se bornant aux choses inanimées, il n'y a
personne qui ne puisse avoir aisément ce qui lui est nécessaire et l'on
procure à l'âme une paix qui la met en sûreté contre les passions. Ceux
qui ne mangent que du pain d'orge, disait Diogène, n'ont dessein, ni de
nous voler, ni de nous faire la guerre. Les tyrans et les fourbes sont
tous mangeurs de viandes. En diminuant les besoins, en retranchant une
grande partie des aliments, nous soulagerons le travail de l'estomac ;
l'esprit sera plus libre, n'ayant plus rien a craindre, ni des fumées des
viandes, ni des mouvements du corps.
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