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[2,13] ἀλλ´ ἴσως τις ἂν εἴποι
ὅτι καὶ τῶν φυτῶν ἀφαιροῦμέν τι. ἀλλ´ οὐχ ὁμοία
ἡ ἀφαίρεσις· οὐ γὰρ παρὰ ἀκόντων. καὶ γὰρ ἡμῶν
ἐασάντων, αὐτὰ μεθήσει τοὺς καρπούς, καὶ ἡ τῶν
καρπῶν λῆψις οὐ μετ´ ἀπωλείας αὐτῶν, καθάπερ ὅταν
τὰ ζῶα τὴν ψυχὴν πρόηται. καὶ τὴν παρὰ τῶν μελιττῶν δὲ τοῦ καρποῦ
παράληψιν ἐκ τῶν πόνων ἡμῶν
γιγνομένην, κοινὴν ἔχειν προσήκει καὶ τὴν ὄνησιν.
συνάγουσι γὰρ αἱ μέλιτται ἐκ τῶν φυτῶν τὸ μέλι,
ἡμεῖς δὲ αὐτῶν ἐπιμελούμεθα. διὸ καὶ δεῖ οὕτω μερίζεσθαι,
ὡς μηδεμίαν αὐταῖς γίγνεσθαι βλάβην. τὸ
δ´ ἄχρηστον μὲν ἐκείναις, ἡμῖν δὲ χρήσιμον εἴη ἂν
μισθὸς ὁ παρ´ ἐκείνων. ἀφεκτέον ἄρα τῶν ζῴων ἐν
ταῖς θυσίαις. καὶ γὰρ ἄλλως πάντα μὲν τῶν θεῶν
ἐστίν, ἡμῶν δὲ δοκοῦσιν εἶναι οἱ καρποί· ἡμεῖς γὰρ
καὶ σπείρομεν αὐτοὺς καὶ φυτεύομεν καὶ ταῖς ἄλλαις
ἐπιμελείαις ἀνατρέφομεν. θυτέον οὖν ἐκ τῶν ἡμετέρων,
οὐ τῶν ἀλλοτρίων· ἐπεὶ καὶ τὸ εὐδάπανον καὶ
εὐπόριστον τοῦ δυσπορίστου ὁσιώτερον καὶ θεοῖς κεχαρισμένον
καὶ τὸ ῥᾷστον τοῖς θύουσιν πρὸς συνεχῆ
εὐσέβειαν ἕτοιμον. τὸ τοίνυν μήθ´ ὅσιον μήτ´ εὐδάπανον
οὐ πάνυ θυτέον, εἰ καὶ παρείη.
| [2,13] On dira peut-être que nous faisons violence aux plantes, lorsque
nous les sacrifions. Mais il y a beaucoup de différence. Nous n'en faisons
pas usage malgré elles ; et quand même nous n'y toucherions pas, leurs
fruits tomberaient. D'ailleurs en cueillant le fruit, nous ne faisons pas
mourir la plante. Quant au travail des abeilles, il est juste que nous en
partagions le profit, puisque c'est à nos soins qu'elles sont redevables
d'une partie de leurs ouvrages. C'est des plantes qu'elles tirent le miel,
et ce sont les hommes qui cultivent les plantes ; on peut donc entrer en
partage avec elles, mais de façon qu'on ne leur fasse point de tort, et
que ce qui leur est inutile, devienne la récompense de ce que nous avons
fait pour elles. Abstenons-nous donc des animaux dans les sacrifices ; ils
appartiennent aux dieux : mais quant aux plantes, il semble qu'elles
soient de notre domaine. Nous les semons, nous les plantons, nous les
entretenons par nos soins ; nous pouvons sacrifier ce qui nous appartient
: mais nous n'avons aucun droit sur ce qui n'est pas à nous. D'ailleurs ce
qui coûte peu, ce que l'on peut avoir aisément, est une offrande plus
agréable aux dieux et plus juste, que ce que l'on trouve difficilement. Ce
que les sacrificateurs peuvent se procurer sans peine, est plus convenable
à ceux qui sont dans l'exercice continuel de la piété. Enfin il ne faut
sacrifier que ce que la justice permet de sacrifier ; et il n'est point
permis d'avoir recours à des offrandes magnifiques, qu'on est même à
portée de trouver aisément, si l'on ne peut les offrir sans violer la sainteté.
| [2,14] ὅτι δ´ οὐ τῶν εὐπορίστων καὶ εὐδαπάνων τὰ ζῷα, θεωρητέον
εἰς τὸ πολὺ τοῦ γένους ἡμῶν ὁρῶντας. οὐ γὰρ εἴ τινές εἰσι
‘πολύρρηνες {καὶ} πολυβοῦται’ τῶν ἀνθρώπων, τοῦτο
σκεπτέον· πρῶτον μὲν ὅτι πολλὰ τῶν ἐθνῶν οὐ κέκτηται
τῶν θυσίμων ζῴων οὐθέν, εἰ μή τι τῶν ἀτίμων
{λέγοι}· δεύτερον δὲ ὅτι τῶν ἐν ταῖς πόλεσιν οἰκούντων
οἱ πλεῖστοι σπανίζουσι τούτων. εἰ δὲ καὶ τῶν
ἡμέρων τις καρπῶν λέγοι σπανίζειν, ἀλλ´ οὐ τῶν γε
λοιπῶν τῶν ἐκ γῆς φυομένων, οὐδ´ οὕτω χαλεπὸν τοὺς
καρποὺς ὡς τὰ ζῷα πορίσασθαι. {ῥᾴων ἄρ´ ὁ πόρος
τῶν καρπῶν καὶ τῶν ἀπὸ γῆς ἢ ὁ τῶν ζῴων.} τὸ δὲ
εὐδάπανον καὶ εὐπόριστον πρὸς συνεχῆ εὐσέβειαν συντελεῖ
καὶ πρὸς τὴν ἁπάντων.
| [2,14] Que l'on fasse attention sur le plus grand nombre des pays : l'on
verra qu'il ne faut pas mettre les animaux entre les choses que l'on peut
aisément se procurer et qui ne coûtent pas cher. Car quoiqu'il y ait des
particuliers qui possèdent de nombreux troupeaux de brebis et de bœufs,
premièrement il y a des nations entières qui n'ont point chez elles des
animaux que l'on puisse sacrifier ; car il n'est pas question ici des
bêtes qui sont l'objet du mépris général. Secondement le plus grand nombre
des habitants des villes n'a point de ces animaux. Si l'on dit que les
fruits agréables sont rares chez eux, on conviendra qu'ils ont du moins
des productions de la terre. Il est plus aisé de trouver des fruits que
des animaux ; et cette facilité est un grand bonheur pour les gens de bien.
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