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[2,11] μηνύει δὲ οὐχ ἥκιστα ἐξ ἀδικίας πᾶν τὸ τοιοῦτο λαβεῖν
τὴν ἀρχὴν τὸ μὴ ἐν παντὶ ἔθνει τὰ αὐτὰ ἢ θύειν ἢ ἐσθίειν,
ἐκ δὲ τῆς χρείας τῆς πρὸς αὑτοὺς στοχάζεσθαι τοῦ καθήκοντος.
παρὰ γοῦν Αἰγυπτίοις καὶ Φοίνιξι θᾶττον ἄν τις
ἀνθρωπείων κρεῶν γεύσαιτο ἢ θηλείας βοός. αἴτιον
δὲ ὅτι χρήσιμον τὸ ζῷον ὂν τοῦτο ἐσπάνιζεν παρ´
αὐτοῖς. διὸ ταύρων μὲν καὶ ἐγεύσαντο καὶ ἀπήρξαντο,
τῶν δὲ θηλειῶν φειδόμενοι τῆς γονῆς ἕνεκα, ἐν μύσει
τὸ ἅψασθαι ἐνομοθέτησαν· καίτοι γε τῆς χρείας ἐφ´
ἑνὸς καὶ ταὐτοῦ γένους {τῶν βοῶν} τό τε εὐσεβὲς καὶ
τὸ ἀσεβὲς διώρισαν. ὧν δὴ τοῦτον ἐχόντων τὸν τρόπον,
εἰκότως ὁ Θεόφραστος ἀπαγορεύει μὴ θύειν τὰ
ἔμψυχα τοὺς τῷ ὄντι εὐσεβεῖν ἐθέλοντας, χρώμενος
καὶ τοιαύταις ἄλλαις αἰτίαις.
| [2,11] Ce qui prouve encore que c'est l'injustice qui a introduit le meurtre
des animaux, c'est que l'on ne sacrifie, ni l'on ne mange les mêmes chez
toutes les nations. Elles se sont toutes conformées en cela à leurs
besoins. Les Égyptiens et les Phéniciens magneraient plutôt de la chair
humaine, que de la vache. La raison est que cet animal qui est fort utile,
est rare chez eux. Ils mangeaient des taureaux et les sacrifiaient. Mais
ils épargnaient les vaches pour avoir des veaux ; et ils déclarèrent que
c'était une impiété de les tuer. Leur besoin leur fit décider que l'on
pouvait manger les taureaux et qu'il était impie de tuer les vaches.
Théophraste se sert encore d'autres raisons pour interdire à ceux qui
veulent vivre pieusement le sacrifice des animaux.
| [2,12] πρῶτον μὲν ὅτι ἐξ ἀνάγκης μείζονος, ὡς ἔφαμεν,
ἡμᾶς καταλαβούσης κατήρξαντο αὐτῶν· λιμοὶ γὰρ αἴτιοι
καὶ πόλεμοι, οἳ καὶ τοῦ γεύσασθαι ἀνάγκην ἐπήγαγον.
ὄντων οὖν τῶν καρπῶν, τίς χρεία τῷ τῆς ἀνάγκης
χρῆσθαι θύματι; ἔπειτα τῶν εὐεργεσιῶν τὰς ἀμοιβὰς
καὶ τὰς χάριτας ἄλλοις μὲν ἄλλας ἀποδοτέον κατὰ τὴν
ἀξίαν τῆς εὐποιίας, τοῖς δὲ εἰς τὰ μέγιστα ἡμᾶς εὖ
πεποιηκόσιν τὰς μεγίστας καὶ ἀπὸ τῶν τιμιωτάτων,
καὶ μάλιστα εἰ αὐτοὶ εἶεν τούτων πάροχοι. κάλλιστα
δὲ καὶ τιμιώτατα ὧν ἡμᾶς οἱ θεοὶ εὖ ποιοῦσιν, οἱ
καρποί· διὰ γὰρ τούτων ἡμᾶς σῴζουσιν καὶ νομίμως
ζῆν παρέχουσιν· ὥστε ἀπὸ τούτων αὐτοὺς τιμητέον.
καὶ μὴν θύειν δεῖ ἐκεῖνα ἃ θύοντες οὐδένα πημανοῦμεν·
οὐθὲν γὰρ ὡς τὸ θῦμα ἀβλαβὲς εἶναι χρὴ πᾶσιν.
εἰ δὲ λέγοι τις ὅτι οὐχ ἧττον τῶν καρπῶν καὶ τὰ ζῷα
ἡμῖν ὁ θεὸς εἰς χρῆσιν δέδωκεν, ἀλλ´ ὅτι γε ἐπιθυομένων
τῶν ζῴων φέρει τινὰ βλάβην αὐτοῖς, ἅτε τῆς
ψυχῆς νοσφιζομένων. οὐ θυτέον οὖν ταῦτα· ἡ γὰρ
θυσία ὁσία τίς ἐστι κατὰ τοὔνομα. ὅσιος δὲ οὐδεὶς
ὃς ἐκ τῶν ἀλλοτρίων ἀποδίδωσι χάριτας, κἂν καρποὺς
λάβῃ κἂν φυτά, μὴ ἐθέλοντος. πῶς γὰρ ὅσιον ἀδικουμένων
τῶν ἀφαιρεθέντων; εἰ δὲ οὐδὲ καρποὺς ὁ
ἀφελόμενος ἄλλων ὁσίως θύει, τά γε τούτων τιμιώτερα
παντελῶς οὐχ ὅσιον ἀφαιρουμένους τινῶν θύειν·
τὸ γὰρ δεινὸν οὕτω γίγνεται μεῖζον· ψυχὴ δὲ πολλῷ
τιμιώτερον τῶν ἐκ γῆς φυομένων, ἣν ἀφαιρεῖσθαι
θύοντα τὰ ζῷα οὐ προσῆκεν.
| [2,12] Premièrement c'est que, comme nous l'avons déjà observé, on n'y a eu
recours que dans la plus grande extrémité. Les famines et les guerres ont
ensuite obligé les hommes de manger les animaux! Puisque la terre nous
fournit des fruits, pourquoi recourir à des sacrifices qui n'avaient été
introduits que parce que les fruits manquaient ? S'il faut que la
reconnaissance soit proportionnée aux bienfaits, nous devons faire de
grands présents à ceux qui nous ont comblés de biens ; et il convient que
nous leur offrions ce que nous avons de plus précieux, surtout si c'est
d'eux-mêmes que nous tenons ces avantages. Or les fruits de la terre sont
le plus beau et le plus digne présent que les dieux nous aient fait ; car
ils nous conservent la vie et nous mettent en état de vivre
raisonnablement. C'est donc par l'offrande de ces fruits qu'il faut
honorer les dieux. On ne devrait leur offrir que ce qu'on peut sacrifier
sans commettre de violence. Car le sacrifice ne doit faire tort à qui que
ce soit. Si quelqu'un disait que dieu a fait pour notre usage les animaux,
ainsi que les fruits, nous répondrions qu'il ne faut cependant pas les
sacrifier puisque cela n'est pas possible sans les priver de la vie, et
par conséquent sans leur faire mal. Le sacrifice est quelque chose de
sacré, ainsi que son étymologie le fait voir. Or il est injuste de rendre
grâces aux dépens des autres. Il ne serait pas permis de prendre des
fruits ou des plantes pour les sacrifier, malgré celui à qui elles
appartiendraient : à plus forte raison serait-il défendu d'usurper des
choses encore plus précieuses que les fruits et les plantes, même pour les
offrir aux dieux. Or l'âme des bêtes est plus précieuse que les fruits de
la terre il n'est donc pas raisonnable de tuer les animaux pour les sacrifier.
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