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[2,47] ὅθεν ὀρθῶς οἱ θεολόγοι τῆς ἀποχῆς ἐπεμέλοντο, καὶ
ὁ Αἰγύπτιος ταῦθ´ ἡμῖν ἐμήνυσεν αἰτίαν ἀποδιδοὺς φυσικωτάτην,
ἣν ἐκ τῆς πείρας ἐδοκίμασεν. ἐπεὶ γὰρ ψυχὴ φαύλη
καὶ ἄλογος, ἣ τὸ σῶμα ἀπέλιπε βίᾳ συληθεῖσα, προσμένει τούτῳ,
ὅπου γε καὶ τῶν ἀνθρώπων αἱ τῶν βίᾳ
ἀποθανόντων κατέχονται πρὸς τῷ σώματι, ὃ καὶ τοῦ
μὴ βίᾳ ἑαυτὸν ἐξάγειν ἦν κωλυτικόν, ἐπεὶ οὖν τῶν
ζῴων αἱ βίαιοι σφαγαὶ ἐμφιληδεῖν τὰς ψυχὰς οἷς ἀπολείπουσιν
ἀναγκάζουσιν, διείργεται δὲ οὐδαμῶς ψυχὴ
ἐκεῖ εἶναι ὅποι τὸ συγγενὲς καθέλκει αὐτήν, ὅθεν καὶ
ὀδυρόμεναι ὤφθησαν πολλαί, καὶ αἱ τῶν ἀτάφων
παραμένουσι τοῖς σώμασιν, αἷς καὶ οἱ γόητες καταχρῶνται
πρὸς τὴν αὑτῶν ὑπηρεσίαν, βιαζόμενοι τῇ τοῦ
σώματος ἢ μέρους τοῦ σώματος κατοχῇ· ἐπεὶ οὖν ταῦτα
ἱστόρησαν καὶ φύσιν ψυχῆς φαύλης καὶ συγγένειαν
καὶ ἡδονήν, ἣν ἔχει πρὸς τὰ σώματα ἐξ ὧν ἀπεσπάσθη,
εἰκότως ἐφυλάξαντο τὴν τῶν σαρκῶν θοίνην, ἵνα ἀλλοτρίαις
ψυχαῖς βιαίοις καὶ ἀκαθάρτοις πρὸς τὸ συγγενὲς
ἑλκομέναις μὴ ἐνοχλοῖντο μηδὲ ἐμποδίζοιντο προσέρχεσθαι
μόνοι τῷ θεῷ, δαιμόνων τῇ παρουσίᾳ ἐνοχλούντων.
| [2,47] C'est pourquoi les théologiens ont observé avec grande attention
l'abstinence de la viande. L'Égyptien nous en a découvert la raison, que
l'expérience lui avait apprise. Lorsque l'âme d'un animal est séparée de
son corps, par violence, elle ne s'en éloigne pas, et se tient près de
lui. Il en est de même des âmes des hommes qu'une mort violente a fait
périr ; elles restent près du corps : c'est une raison qui doit empêcher
de se donner la mort. Lors donc qu'on tue les animaux, leurs âmes se
plaisent auprès des corps qu'on les a forcés de quitter; rien ne peut les
en éloigner : elles y sont retenues par sympathie ; on en a vu plusieurs
qui soupiraient près de leurs corps. Les âmes de ceux dont les corps ne
sont point en terre, restent près de leurs cadavres : c'est de celles là
que les magiciens abusent pour leurs opérations, en les forçant de leur
obéir, lorsqu'ils sont les maîtres du corps mort, ou même d'une partie.
Les théologiens qui sont instruits de ces mystères et qui savent quelle
est la sympathie de l’âme des bêtes pour les corps dont elles ont été
séparées, avec quel plaisir elles s'en approchent, ont avec raison défendu
l'usage des viandes, afin que nous ne soyons pas tourmentés par des âmes
étrangères qui cherchent à se réunir à leurs corps et que nous ne
trouvions point d'obstacles de la part des mauvais génies en voulant nous
approcher de dieu.
| [2,48] ὅτι γὰρ ὁλκὸν τῆς ψυχῆς ἡ τοῦ συγγενοῦς
σώματος φύσις, ἡ πεῖρα τούτους ἐδίδαξεν διὰ πλειόνων.
οἱ γοῦν ζῴων μαντικῶν ψυχὰς δέξασθαι βουλόμενοι εἰς ἑαυτούς,
τὰ κυριώτατα μόρια καταπιόντες,
οἷον καρδίας κοράκων ἢ ἀσπαλάκων ἢ ἱεράκων, ἔχουσι
παροῦσαν τὴν ψυχὴν καὶ χρηματίζουσαν ὡς θεὸν καὶ
εἰσιοῦσαν εἰς αὐτοὺς ἅμα τῇ ἐνθέσει τῇ τοῦ σώματος.
| [2,48] Une expérience fréquente leur a appris que dans le corps il y a
une vertu secrète qui y attire l'âme qui l'a autrefois habité. C'est
pourquoi ceux qui veulent recevoir les âmes des animaux qui savent
l'avenir, en mangent les principales parties, comme le cœur des corbeaux,
des taures, des éperviers. L'âme de ces bêtes entre chez eux en même temps
qu'ils font usage de ces nourritures, et leur fait rendre des oracles
comme des divinités.
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