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[2,43] διὸ συνετὸς ἀνὴρ καὶ σώφρων εὐλαβηθήσεται τοιαύταις
χρῆσθαι θυσίαις, δι´ ὧν ἐπισπάσεται πρὸς ἑαυτὸν τοὺς τοιούτους·
σπουδάσει δὲ καθαίρειν τὴν ψυχὴν παντοίως·
καθαρᾷ γὰρ ψυχῇ οὐκ ἐπιτίθενται διὰ τὸ αὐτοῖς ἀνόμοιον.
εἰ δὲ ταῖς πόλεσιν ἀναγκαῖον καὶ τούτους
ἀπομειλίττεσθαι, οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς. ταύταις γὰρ καὶ
πλοῦτος καὶ τὰ ἐκτὸς καὶ τὰ σωματικὰ ἀγαθὰ εἶναι
νενόμισται καὶ τὰ ἐναντία κακά, ὀλίγιστον δ´ ἐν αὐταῖς
τὸ τῆς ψυχῆς ἐπιμελούμενον. ἡμεῖς δὲ κατὰ
δύναμιν οὐ δεησόμεθα ὧν οὗτοι παρέχουσιν, ἀλλ´ ἔκ
τε ψυχῆς ἔκ τε τῶν ἐκτὸς πᾶσαν σπουδὴν ποιούμεθα,
θεῷ μὲν καὶ τοῖς ἀμφ´ αὐτὸν ὁμοιοῦσθαι, ὃ γίνεται
δι´ ἀπαθείας καὶ τῆς περὶ τῶν ὄντως ὄντων διηρθρωμένης
διαλήψεως καὶ τῆς πρὸς αὐτὰ ταῦτα ζωῆς,
πονηροῖς δὲ ἀνθρώποις καὶ δαίμοσιν καὶ ὅλως παντὶ
τῷ χαίροντι τῷ θνητῷ τε καὶ ὑλικῷ ἀνομοιοῦσθαι.
ὥστε κατὰ τὰ εἰρημένα τῷ Θεοφράστῳ θύσομεν καὶ
ἡμεῖς. οἷς καὶ οἱ θεολόγοι συνεφώνησαν, εἰδότες ὡς
καθ´ ὅσον τῆς τῶν παθῶν ἐξαιρέσεως ἀμελοῦμεν τῆς
ψυχῆς, κατὰ τοσοῦτον τῇ πονηρᾷ δυνάμει συναπτόμεθα,
καὶ δεήσει καὶ ταύτην ἀπομειλίττεσθαι. ὡς γὰρ
φασὶν οἱ θεολόγοι, τοῖς δεδεμένοις ὑπὸ τῶν ἐκτὸς καὶ
μηδέπω κρατοῦσιν τῶν παθῶν ἀναγκαῖον ἀποτρέπεσθαι
καὶ ταύτην τὴν δύναμιν· εἰ δὲ μή γε, πόνων οὐ λήξουσι.
| [2,43] C'est pourquoi un homme prudent et sage se gardera bien de faire de
ces sacrifices, qui attireraient ces génies. Il ne cherchera qu'a purifier
entièrement son âme, qu'ils n'attaqueront point, parce qu'il n'y a aucune
sympathie entre une âme pure et eux. Nous n'examinons point si c'est une
nécessité aux villes de les apaiser. On y regarde les richesses et les
choses extérieures et corporelles, comme de vrais biens, et le contraire
comme des maux. On y est fort peu occupé du soin de l'âme. Pour nous,
autant qu'il fera possible, n'ayons pas besoin des faveurs de ces génies,
mais faisons tout ce qui dépendra de nous pour tâcher de nous rendre
semblables à dieu et aux bons génies et nous y parviendrons si en nous
guérissant des passions, nous tournons toutes nos pensées vers les vrais
êtres, afin qu'ils nous servent continuellement de modèle, et que nous
évitions de ressembler aux méchants hommes et aux mauvais génies, en un
mot à tout ce qui se complaît dans les choses mortelles et matérielles :
de sorte que, comme l'a dit Théophraste, nous ne sacrifierons que ce sur
quoi les théologiens sont d'accord, très persuadés que moins nous aurons
de soin de nous dégager de nos passions, plus nous dépendrons des
mauvaises puissances, et plus il sera nécessaire de leur sacrifier pour
les apaiser. Car comme disent les théologiens, c'est une nécessité pour
ceux qui font dominés par les choses extérieures, et qui ne maîtrisent pas
leurs passions de fléchir les mauvais esprits, autrement ils ne cesseront
de les tourmenter.
| [2,44] μέχρι δὴ τούτων τὰ περὶ τῶν θυσιῶν δεδηλώσθω.
πλὴν ὅπερ ἐξ ἀρχῆς ἐλέγομεν, μὴ εἶναι ἀναγκαῖον ὡς
εἰ θυτέον ζῷα, καὶ βρωτέον πάντως, νῦν ἐξ ἀνάγκης
τὸ μὴ δεῖν ἐσθίειν, εἴπερ καὶ θύειν ἀνάγκη ποτέ, ἐπιδείκνυται. πάντες γὰρ ἐν
τούτῳ ὡμολόγησαν οἱ θεολόγοι ὡς οὔτε ἁπτέον ἐν ταῖς ἀποτροπαίοις θυσίαις
τῶν θυομένων, καθαρσίοις τε χρηστέον. μὴ γὰρ ἴοι
τις εἰς ἄστυ μηδ´ εἰς οἶκον ἴδιον, μὴ πρότερον ἐσθῆτα
καὶ σῶμα ποταμοῖς ἢ πηγῇ ἀποκαθήρας, φασίν. ὥστε
καὶ οἷς ἐπέτρεψαν θύειν, ἀπέχεσθαι τῶν θυομένων
τούτοις παρήγγειλαν, προαγνεύειν τε ἀποσιτίαις καὶ
μάλιστα ταῖς ἀποχαῖς τῶν ἐμψύχων. εἶναι γὰρ τὴν
ἁγνείαν φυλακὴν πρὸς εὐλάβειαν, οἷον σύμβολον ἢ
σφραγῖδα θείαν περὶ τοῦ μηδὲν παθεῖν ὑπ´ ἐκείνων,
οἷς πρόσεισιν καὶ ἀπομειλίττεται. ἐναντίως γὰρ διακείμενος
οἷς δρᾷ καὶ θειοτέρως, ὅτι καὶ καθαρωτέρως,
καὶ κατὰ σῶμα καὶ κατὰ τὰ πάθη τῆς ψυχῆς μένει
ἀβλαβής, οἷον ἔρυμα περιβεβλημένος τὴν ἁγνείαν.
| [2,44] Tout ce que nous venons de dire ne regarde que les sacrifices.
Revenons à ce que nous avons dit au commencement de cet ouvrage, que
quoiqu'on sacrifie des animaux il ne s'ensuit pas qu'on puisse les manger.
Nous allons présentement faire voir que quand il serait nécessaire de les
offrir en sacrifice, on devrait cependant s'abstenir de les manger. Tous
les théologiens conviennent que l'on ne doit point manger des viandes qui
ont servi aux sacrifices offerts pour détourner les maux : il ne faut
avoir recours pour lors qu'aux expiations. Que personne, disent-ils,
n'aille ni à la ville, ni dans sa propre maison, avant qu'il ait purifié
ses habits et son corps dans la rivière ou dans la fontaine. Ils ont
ordonné à ceux à qui ils ont permis de sacrifier, de s'abstenir de ce qui
avait été sacrifié, de se préparer en se sanctifiant par des jeûnes, et
surtout par l'abstinence des animaux, ce pieux régime étant comme la
sauvegarde de l'innocence et comme le symbole ou le sceau divin qui
empêche les mauvais effets des génies que l'on veut apaiser. Car on n'a
rien à craindre d'eux lorsqu'on n'est pas dans les mêmes dispositions et
lorsque le corps et l’esprit purifiés ont la piété pour bouclier.
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