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[2,33] ἐγὼ δὲ τὰ μὲν κεκρατηκότα παρ´ ἑκάστοις
νόμιμα λύσων οὐκ ἔρχομαι· οὐ γάρ μοι περὶ
πολιτείας νῦν πρόκειται λέγειν· δεδωκότων δὲ τῶν
νόμων, ἐν οἷς πολιτευόμεθα, καὶ διὰ τῶν λιτοτάτων
καὶ ἀψύχων γεραίρειν τὸ θεῖον, τὸ λιτότατον αἱρούμενοι νόμῳ τε πόλεως
θύσομεν καὶ αὐτοὶ σπουδάσομεν τὴν προσήκουσαν θυσίαν ποιεῖσθαι,
καθαροὶ πανταχόθεν τοῖς θεοῖς προσιόντες. ὅλως δ´ εἰ τὸ τῆς θυσίας
ἀπαρχῆς ἔχει ἀξίαν καὶ εὐχαριστίας ὧν παρὰ θεῶν
ἔχομεν εἰς τὰς χρείας, ἀλογώτατον ἂν εἴη αὐτοὺς ἀπεχομένους
τῶν ἐμψύχων τοῖς θεοῖς τούτων ἀπάρχεσθαι.
οὔτε γὰρ χείρους ἡμῶν οἱ θεοί, ἵνα τούτων αὐτοὶ
δέωνται, ἡμῶν μὴ δεομένων, οὔτε ὅσιον ἀπαρχὴν διδόναι
ἧς ἡμεῖς ἀπεχόμεθα τροφῆς. ἐπεὶ καὶ τὸ ἔθος
τοιοῦτο κατειλήφαμεν τῶν ἀνθρώπων ὅτε μὲν οὐχ
ἥπτοντο ἐμψύχου βορᾶς οὐδ´ ἀπαρξαμένων ἀπὸ τῶν
ζῴων, ἀφ´ οὗ δ´ ἐγεύσαντο καὶ θεοῖς ἀπαρξαμένων·
ὥστε καὶ νῦν καθήκει δήπου τὸν ἀπαρχόμενον ἐκείνων
ἀπάρχεσθαι ὧν καὶ θιγγάνει.
| [2,33] Je n'ai point dessein d'entrer dans le détail de tous les
sacrifices usités chez les diverses nations et je ne prétends pas faire un
traité du gouvernement. Mais les lois du pays dans lequel nous vivons,
nous permettant d'offrir aux dieux des choses simples et inanimées, nous
devons donner la préférence à celles-ci dans nos sacrifices en suivant
néanmoins la coutume de la ville où nous sommes établis. Tâchons d'être
purs en approchant des dieux et présentons leur des sacrifices
convenables. Enfin si les premiers sacrifices plaisaient aux dieux et leur
témoignaient suffisamment la reconnaissance des bienfaits que nous
recevons d'eux, n'aurait-il pas été absurde de leur offrir les prémices
des animaux, tandis que nous nous abstenions de les manger. Car enfin les
dieux ne sont pas pires que nous : ils peuvent bien se passer de ce qui ne
nous est pas nécessaire et il ne serait pas raisonnable de leur donner les
prémices de ce que nous croyons ne pas devoir manger. Nous savons que
lorsqu'on ne mangeait point les animaux, on ne les sacrifiait pas ; et dès
qu'on a commencé a en manger, on les a sacrifiés : il serait donc très
convenable que celui qui s'abstient des animaux, n'offrit aux dieux que
les aliments dont il fait usage.
| [2,34] θύσωμεν τοίνυν καὶ ἡμεῖς·
ἀλλὰ θύσωμεν, ὡς προσήκει, διαφόρους τὰς
θυσίας ὡς ἂν διαφόροις δυνάμεσι προσάγοντες· θεῷ
μὲν τῷ ἐπὶ πᾶσιν, ὥς τις ἀνὴρ σοφὸς ἔφη, μηδὲν τῶν
αἰσθητῶν μήτε θυμιῶντες μήτ´ ἐπονομάζοντες· οὐδὲν
γὰρ ἔστιν ἔνυλον, ὃ μὴ τῷ ἀύλῳ εὐθύς ἐστιν ἀκάθαρτον.
διὸ οὐδὲ λόγος τούτῳ ὁ κατὰ φωνὴν οἰκεῖος,
οὐδ´ ὁ ἔνδον, ὅταν πάθει ψυχῆς ᾖ μεμολυσμένος, διὰ
δὲ σιγῆς καθαρᾶς καὶ τῶν περὶ αὐτοῦ καθαρῶν
ἐννοιῶν θρησκεύομεν αὐτόν. δεῖ ἄρα συναφθέντας
καὶ ὁμοιωθέντας αὐτῷ τὴν αὑτῶν ἀναγωγὴν θυσίαν
ἱερὰν προσάγειν τῷ θεῷ, τὴν αὐτὴν δὲ καὶ ὕμνον
οὖσαν καὶ ἡμῶν σωτηρίαν. ἐν ἀπαθείᾳ ἄρα τῆς ψυχῆς,
τοῦ δὲ θεοῦ θεωρίᾳ ἡ θυσία αὕτη τελεῖται. τοῖς δὲ
αὐτοῦ ἐκγόνοις, νοητοῖς δὲ θεοῖς ἤδη καὶ τὴν ἐκ τοῦ
λόγου ὑμνῳδίαν προσθετέον. ἀπαρχὴ γὰρ ἑκάστῳ ὧν
δέδωκεν ἡ θυσία, καὶ δι´ ὧν ἡμῶν τρέφει καὶ εἰς τὸ
εἶναι συνέχει τὴν οὐσίαν. ὡς οὖν γεωργὸς δραγμάτων ἀπάρχεται καὶ τῶν
ἀκροδρύων, οὕτως ἡμεῖς ἀπαρξώμεθα αὐτοῖς ἐννοιῶν τῶν περὶ αὐτῶν καλῶν,
εὐχαριστοῦντες ὧν ἡμῖν δεδώκασιν τὴν θεωρίαν, καὶ ὅτι
ἡμᾶς διὰ τῆς αὐτῶν θέας ἀληθινῶς τρέφουσι, συνόντες
καὶ φαινόμενοι καὶ τῇ ἡμετέρᾳ σωτηρίᾳ ἐπιλάμποντες·
| [2,34] Il faut sans doute sacrifier aux dieux ; mais les sacrifices
doivent être différents suivant les diverses puissances auxquelles ils
sont offerts. On doit rien présenter au dieu suprême, ainsi que l'a dit un
sage car ce qui est matériel, est indigne d'un être qui est dégagé de la
matière. C’est pourquoi il est inutile de s'adresser à lui, ou en lui
parlant, ou même intérieurement. Si l’âme est souillée par quelque
passion, c'est par un silence pur et par de chastes pensées que nous
l'honorons: il faut donc qu'en nous unissant avec lui et en lui
ressemblant, nous devenions une sainte hostie qui lui serve de louange, et
que par-là nous opérions notre salut. La perfection du sacrifice consiste
à dégager son âme des passions et à se livrer à la contemplation de la
divinité. Quant aux dieux qui ont pour principe ce premier Être, il faut
chanter des cantiques de louange en leur honneur et sacrifier à chacun les
prémices des biens qu'ils nous donnent, soit pour nous servir de
nourriture, soit pour l'employer à des sacrifices ; et si le laboureur
offre les prémices de ses fruits, offrons leur de bonnes pensées et
remercions-les de ce qu'ils nous ont donné le pouvoir de les contempler,
de ce que cette contemplation est la vraie nourriture de l'âme, et de ce
que conversant avec nous et nous favorisant de leurs apparitions, ils nous
éclairent pour nous sauver.
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