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[2,29] τὸ γὰρ παλαιόν, ὡς καὶ πρόσθεν ἐλέγομεν,
καρποὺς τοῖς θεοῖς τῶν ἀνθρώπων
θυόντων, ζῷα δὲ οὔ, οὐδὲ εἰς τὴν ἰδίαν τροφὴν
καταχρωμένων, λέγεται κοινῆς θυσίας οὔσης Ἀθήνησιν
Δίομον ἢ Σώπατρόν τινα, τῷ γένει οὐκ ἐγχώριον,
γεωργοῦντα δὲ κατὰ τὴν Ἀττικήν, ἐπεὶ πελάνου τε
καὶ τῶν θυλημάτων ἐπὶ τῆς τραπέζης ἐναργῶς κειμένων,
ἵνα τοῖς θεοῖς ταῦτα θύοι, τῶν βοῶν τις
εἰσιὼν ἀπ´ ἔργου τὰ μὲν κατέφαγεν τὰ δὲ συνεπάτησεν, αὐτὸν δ´
ὑπεραγανακτήσαντα τῷ συμβάντι,
πελέκεώς τινος πλησίον ἀκονωμένου, τοῦτον ἁρπάξαντα,
πατάξαι τὸν βοῦν. τελευτήσαντος δὲ τοῦ βοός,
ὡς ἔξω τῆς ὀργῆς καταστὰς συνεφρόνησεν οἷον ἔργον
ἦν εἰργασμένος, τὸν μὲν βοῦν θάπτει, φυγὴν δὲ
ἑκούσιον ἀράμενος ὡς ἠσεβηκώς, ἔφυγεν εἰς Κρήτην.
αὐχμῶν δὲ κατεχόντων καὶ δεινῆς ἀκαρπίας γενομένης,
ἐπερωτῶσι κοινῇ τὸν θεὸν ἀνεῖλεν ἡ Πυθία
τὸν ἐν Κρήτῃ φυγάδα ταῦτα λύσειν, τόν τε φονέα
τιμωρησαμένων καὶ τὸν τεθνεῶτα ἀναστησάντων ἐν
ᾗπερ ἀπέθανε θυσίᾳ λῷον ἔσεσθαι γευσαμένοις τε τοῦ
τεθνεῶτος καὶ μὴ κατασχοῦσιν. ὅθεν ζητήσεως γενομένης
καὶ τοῦ {Σωπάτρου} μεταιτίου τῆς πράξεως
ἀνευρεθέντος, Σώπατρος νομίσας τῆς περὶ αὑτὸν
δυσκολίας ἀπαλλαγήσεσθαι ὡς ἐναγοῦς ὄντος, εἰ κοινῇ
τοῦτο πράξειαν πάντες, ἔφη πρὸς τοὺς αὐτὸν μετελθόντας,
δεῖν κατακοπῆναι βοῦν ὑπὸ τῆς πόλεως.
ἀπορούντων δὲ τίς ὁ πατάξων ἔσται, παρασχεῖν αὐτοῖς
τοῦτο, εἰ πολίτην αὐτὸν ποιησάμενοι κοινωνήσουσι
τοῦ φόνου. συγχωρηθέντων οὖν τούτων, ὡς ἐπανῆλθον
ἐπὶ τὴν πόλιν, συνέταξαν οὕτω τὴν πρᾶξιν, ἥπερ
καὶ νῦν διαμένει παρ´ αὐτοῖς.
| [2,29] Autrefois lorsqu'on n'offrait aux dieux que des fruits, comme nous
l'avons déjà remarqué, et que les animaux ne servaient pas encore de
nourriture aux hommes, on dit qu'au moment qu'on préparait un sacrifice
public a Athènes, un bœuf qui revenait de la charrue, mangea le gâteau et
une partie de la farine que l'on avait exposée sur une table pour la
sacrifier, renversa l'autre et la foula aux pieds ; ce qui avait mis en
colère à un tel point Diome ou Sopatre, laboureur de l'Attique, et
étranger, qu'ayant pris sa hache il avait frappe le bœuf qui en était
mort. Le premier mouvement de colère étant passé, Sopatre fit réflexion
sur l'action qu'il venait de faire ; il enterra le bœuf et il se condamna
à un exil volontaire, comme s'il avait fait une impiété : il s'enfuit en
Crète. Une sécheresse suivie d’une famine étant survenue, on consulta
Apollon : la Pythie répondit que le fugitif qui était en Crète apaiserait
la colère des dieux ; qu'il fallait punir le meurtrier et ressusciter le
mort. Cette réponse ayant donné lieu à des informations, on découvrit ce
qu'avait fait Sopatre. Celui-ci qui se sentait coupable, s'imagina qu'il
détournerait l'orage qui le menaçait s'il engageait les Crétois à faire la
même chose qu'il avait faite. Il dit à chacun de ceux qui le vinrent voir
que pour se rendre le ciel favorable, il fallait que la ville sacrifiât un
bœuf. On était dans l'embarras de savoir qui est-ce qui pourrait se
résoudre à tuer cet animal. Sopatre s'y offrit, à condition qu'il serait
fait citoyen et que les habitants consentiraient à être complices du
meurtre. Cela lui fut accordé. On retourna dans la ville et on régla les
cérémonies telles qu'elles subsistent encore aujourd'hui.
| [2,30] ὑδροφόρους παρθένους κατέλεξαν·
αἳ δ´ ὕδωρ κομίζουσιν, ὅπως τὸν πέλεκυν
καὶ τὴν μάχαιραν ἀκονήσουσιν. ἀκονησάντων δὲ ἐπέδωκεν
μὲν τὸν πέλεκυν ἕτερος, ὃ δ´ ἐπάταξε τὸν
βοῦν, ἄλλος δ´ ἔσφαξεν· τῶν δὲ μετὰ ταῦτα δειράντων, ἐγεύσαντο τοῦ βοὸς
πάντες. τούτων δὲ πραχθέντων τὴν μὲν δορὰν τοῦ βοὸς ῥάψαντες καὶ χόρτῳ
ἐπογκώσαντες ἐξανέστησαν, ἔχοντα ταὐτὸν ὅπερ καὶ
ζῶν ἔσχεν σχῆμα, καὶ προσέζευξαν ἄροτρον ὡς ἐργαζομένῳ. κρίσιν δὲ
ποιούμενοι τοῦ φόνου πάντας
ἐκάλουν εἰς ἀπολογίαν τοὺς τῆς πράξεως κοινωνήσαντας.
ὧν δὴ αἱ μὲν ὑδροφόροι τοὺς ἀκονήσαντας
αὑτῶν ᾐτιῶντο μᾶλλον, οἱ δὲ ἀκονήσαντες τὸν ἐπιδόντα τὸν πέλεκυν,
οὗτος δὲ τὸν ἐπισφάξαντα, καὶ
ὁ τοῦτο δράσας τὴν μάχαιραν, καθ´ ἧς οὔσης ἀφώνου
τὸν φόνον κατέγνωσαν. ἀπὸ δ´ ἐκείνου μέχρι τοῦ
νῦν ἀεὶ τοῖς Διιπολείοις Ἀθήνησιν ἐν ἀκροπόλει οἱ
εἰρημένοι τὸν αὐτὸν τρόπον ποιοῦνται τὴν τοῦ βοὸς
θυσίαν. θέντες γὰρ ἐπὶ τῆς χαλκῆς τραπέζης πέλανον
καὶ ψαιστά, περιελαύνουσι τοὺς κατανεμηθέντας βοῦς,
ὧν ὁ γευσάμενος κόπτεται. καὶ γένη τῶν ταῦτα δρώντων ἔστιν νῦν· οἳ μὲν ἀπὸ
τοῦ πατάξαντος {Σωπάτρου} βουτύποι καλούμενοι πάντες, οἳ δ´ ἀπὸ τοῦ
περιελάσαντος κεντριάδαι· τοὺς δ´ ἀπὸ τοῦ ἐπισφάξαντος δαιτροὺς ὀνομάζουσιν
διὰ τὴν ἐκ τῆς κρεανομίας γιγνομένην δαῖτα. πληρώσαντες δὲ τὴν βύρσαν,
ὅταν πρὸς τὴν κρίσιν ἀχθῶσιν, κατεπόντωσαν τὴν μάχαιραν.
| [2,30] On choisit des vierges pour porter l'eau ; et cette eau sert à
aiguiser la hache et le glaive. Quand cela est fait, on donne la hache à
quelqu'un qui frappe le bœuf ; un autre l'égorge, les autres l'écorchent.
Ensuite tout le monde en mange. On coud après cela le cuir du bœuf, on le
remplit de foin, on le met sur ses jambes comme s'il était vivant, on
l'attache à la charrue comme s'il allait labourer, on informe ensuite sur
le meurtre, on assigne tous ceux qui y ont eu part. Les porteuses d'eau
rejettent le crime sur ceux qui ont aiguisé la hache et le glaive ;
ceux-ci accusent celui qui a donné la hache. Ce dernier s'en prend à celui
qui a égorgé ; et enfin celui-ci accuse le glaive qui ne pouvant se
défendre, est condamné comme coupable du meurtre. Depuis ce temps jusqu'à
présent, dans la citadelle d'Athènes, à la fête de Jupiter Conservateur de
la Ville, on sacrifie ainsi un bœuf. On expose sur une table d'airain un
gâteau, de la farine. On conduit des bœufs vers cette table et celui qui
mange de ce qui est dessus est égorgé. Les familles de ceux à qui ces
fonctions appartiennent, subsistent encore. On appelle boutyres les
descendants de Sopatre. Ceux qui viennent de celui qui chassait les bœufs
sont nommés centriades et on appelle daitres les petits fils de celui qui
égorgea le bœuf: ce nom lui fut donné à cause de la distribution qui se
faisait de la chair de cet animal, après qu'on l'avait tué ; on finit
ensuite par jeter le glaive dans la mer.
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