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[2,23] ἆρ´ οὖν θυτέον τὰ ἄξια τοῦ σφάττεσθαι
τοῖς θεοῖς; καὶ πῶς, εἴ γε φαῦλα τὴν φύσιν ἐστίν;
οὐθὲν γὰρ μᾶλλον οὕτω ἢ τὰ ἀνάπηρα θυτέον. κακῶν
δὲ οὕτως ἀπαρχὴν καὶ οὐ τιμῆς ἕνεκα τὰς θυσίας
ποιήσομεν. εἰ δ´ ἄρα θυτέον τοῖς θεοῖς ζῷα, τὰ μηθὲν
ἀδικοῦντα {τούτων} ἡμᾶς θυτέον. οὐκ ἀναιρετέον δὲ
ὡμολογηκότες μηθὲν ἡμᾶς ἀδικοῦντα τῶν λοιπῶν
ζῴων, ὥστε οὐδὲ θυτέον αὐτὰ τοῖς θεοῖς. εἰ οὖν οὔτε
ταῦτα θυτέον οὔτε τὰ κακοποιά, πῶς οὐ φανερὸν ὅτι
παντὸς μᾶλλον ἀφεκτέον καὶ οὐ θυτέον ἐστὶ τῶν λοιπῶν
ζῴων οὐδέν, ἀναιρεῖν γε μέντοι τούτων ἕτερ´ ἄττα προσήκει;
| [2,23] Mais ne pourra-t-on pas sacrifier les animaux que l'on peut tuer ?
Il est ici question de ceux qui sont naturellement mauvais; et il ne
convient pas plus de les sacrifier que ceux qui sont mutilés : ce serait
offrir de mauvaises prémices, ce ne serait pas honorer les dieux. S'il
était donc permis de sacrifier des animaux, ce ne pourrait être que ceux
qui ne nous font point de mal mais comme on a été obligé d'avouer qu'il
n'en pas permis de faire mourir ceux-ci, il ne peut donc pas être permis
de les sacrifier. Si on ne doit pas les sacrifier non plus que les
malfaisants, c'est une conséquence qu'on n'en doit sacrifier aucun.
| [2,24] καὶ γὰρ ὅλως τριῶν ἕνεκα θυτέον τοῖς
θεοῖς· ἢ γὰρ διὰ τιμὴν ἢ διὰ χάριν ἢ διὰ χρείαν τῶν
ἀγαθῶν. καθάπερ γὰρ τοῖς ἀγαθοῖς ἀνδράσιν, οὕτω
κἀκείνοις ἡγούμεθα δεῖν ποιεῖσθαι τὰς ἀπαρχάς.
τιμῶμεν δὲ τοὺς θεοὺς ἢ κακῶν μὲν ἀποτροπήν,
ἀγαθῶν δὲ παρασκευὴν ἡμῖν γενέσθαι ζητοῦντες, ἢ
προπεπονθότες εὖ {ἢ ἵνα τύχωμεν ὠφελείας τινὸς} ἢ
κατὰ ψιλὴν τὴν τῆς ἀγαθῆς αὐτῶν ἕξεως ἐκτίμησιν.
ὥστε καὶ τῶν ζῴων, εἰ ἀπαρκτέον αὐτὰ θεοῖς, τούτων
τινὸς ἕνεκα θυτέον. καὶ γὰρ ἃ θύομεν, τούτων τινὸς
ἕνεκα θύομεν. ἆρ´ οὖν τιμῆς ἡγήσαιτ´ ἄν τις τυγχάνειν
ἡμῶν ἢ θεός, ὅταν ἀδικοῦντες εὐθὺς διὰ τῆς
ἀπαρχῆς φαινώμεθα, ἢ μᾶλλον ἀτιμίαν οἰήσεται τὸ
τοιοῦτο δρᾶν; ἐν τῷ δέ γε θύειν ἀναιροῦντες τὰ
μηδὲν ἀδικοῦντα τῶν ζῴων, ἀδικεῖν ὁμολογοῦμεν·
ὥστε τιμῆς μὲν ἕνεκα οὐ θυτέον τῶν λοιπῶν ζῴων
οὐθέν· οὐ μὴν οὐδὲ τῶν εὐεργεσιῶν χάριν αὐτοῖς
ἀποδιδόντας. ὁ γὰρ τὴν δικαίαν ἀμοιβὴν τῆς εὐεργεσίας
καὶ τῆς εὐποιίας τὸ ἀντάξιον ἀποδιδοὺς οὐκ
ἐκ τοῦ κακῶς τινὰς δρᾶν ὀφείλει ταῦτα παρέχειν·
οὐδὲν γὰρ μᾶλλον ἀμείβεσθαι δόξει ἢ κἂν εἰ τὰ τοῦ
πέλας ἁρπάσας τις στεφανοίη τινὰς ὡς χάριν ἀποδιδοὺς
καὶ τιμήν. ἀλλ´ οὐδὲ χρείας τινὸς ἕνεκα τῶν
ἀγαθῶν. ὁ γὰρ ἀδίκῳ πράξει τὸ παθεῖν εὖ θηρεύων
ὕποπτός ἐστι μηδὲ εὖ παθὼν χάριν ἕξειν· ὥστ´ οὐδ´
ἐλπιζομένης εὐεργεσίας θυτέον ἐστὶ τοῖς θεοῖς ζῷα.
καὶ γὰρ δὴ τῶν μὲν ἀνθρώπων λάθοι τις ἂν ἴσως
τινὰ τοῦτο πράττων, τὸν δὲ θεὸν ἀμήχανον καὶ
λαθεῖν. εἰ τοίνυν θυτέον μὲν τούτων τινὸς ἕνεκα,
οὐδενὸς δὲ τούτων χάριν αὐτὸ πρακτέον, δῆλον ὡς
οὐ θυτέον ἐστὶν ζῷα τὸ παράπαν τοῖς θεοῖς.
| [2,24] On sacrifie aux dieux pour trois raisons : pour les honorer, pour
les remercier ou enfin pour leur demander les biens qui nous sont
nécessaires. Il est juste de leur offrir les prémices de nos biens puisque
nous les donnons aux honnêtes gens. Nous honorons les dieux afin qu'ils
éloignent de nous les maux que nous craignons, ou pour les prier de nous
accorder les biens que nous souhaitons, ou pour les remercier de leurs
bienfaits et en demander la continuation, ou enfin pour rendre hommage à
leurs perfections. S'il est permis d'offrir aux dieux les prémices des
animaux, c'est pour quelqu'une de ces raisons; car nous n'en avons point
d'autres qui nous obligent de sacrifier : mais dieu se croira-t-il honoré
par des prémices qu'on ne peut lui offrir sans commettre d'injustice ? Ou
plutôt ne pensera-t-il pas qu'on le déshonore en faisant mourir ce qui ne
nous a fait aucun tort, puisque nous convenons nous mêmes que c'est une
injustice ? On n’honore donc point les dieux en sacrifiant les animaux :
ce n'est pas aussi par cette espèce de sacrifices qu'il faut rendre grâces
aux dieux de leurs bienfaits ; car la reconnaissance aux dépens d'un tiers
à qui l'on ferait tort, ne serait pas raisonnable, et celui qui prendrait
le bien de son voisin pour le donner à quelqu'un dont il aurait reçu un
plaisir, ne serait pas censé reconnaissant. Ce n'est pas aussi dans
l'espérance d'obtenir des biens, qu'il faut sacrifier les animaux aux
dieux ; car quiconque veut obtenir une grâce par une injustice, donne lieu
de croire qu'il ne l'aura pas plutôt reçue qu'il deviendra ingrat. On peut
bien se cacher aux hommes, mais il n'est pas possible de tromper dieu. On
peut conclure de tout ce que nous venons de dire, qu'il n'y a aucune bonne
raison pour sacrifier les animaux.
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