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[2,21] μαρτυρεῖται δὲ ταῦτα οὐ μόνον ὑπὸ τῶν κύρβεων,
αἳ τῶν Κρήτηθέν εἰσι Κορυβαντικῶν ἱερῶν οἷον ἀντίγραφα
ἄττα πρὸς ἀλήθειαν, ἀλλὰ καὶ παρ´ Ἐμπεδοκλέους, ὃς
περὶ τῆς θεογονίας διεξιὼν καὶ περὶ τῶν θυμάτων
παρεμφαίνει λέγων·
οὐδέ τις ἦν κείνοισιν Ἄρης θεὸς οὐδὲ Κυδοιμὸς
οὐδὲ Ζεὺς βασιλεὺς οὐδ´ ὁ Κρόνος οὐδ´ ὁ Ποσειδῶν,
ἀλλὰ Κύπρις βασίλεια, ἥ ἐστιν ἡ φιλία·
τὴν οἵ γ´ εὐσεβέεσσιν ἀγάλμασιν ἱλάσκοντο
γραπτοῖς τε ζῴοισι μύροισί τε δαιδαλεόσμοις
σμύρνης τ´ ἀκράτου θυσίαις λιβάνου τε θυώδους
ξουθῶν τε σπονδὰς μελιττῶν ῥιπτοῦντες ἐς οὖδας,
ἅπερ καὶ νῦν ἔτι σῴζεται παρ´ ἐνίοις οἷον ἴχνη τινὰ τῆς ἀληθείας
ὄντα, ταύρων δ´ ἀκρίτοισι φόνοις οὐ δεύετο βωμός.
| [2,21] C'est ce qui est prouvé par les colonnes qui se conservent à Cyrte en
Crète, où sont décrites exactement les cérémonies des Corybantes.
Empédocle rend aussi témoignage à cette vérité, lorsque parlant des
sacrifices et de la Théogonie, il dit : Mars n'était pas leur dieu. Ils
n'aiment point la guerre. Jupiter, Saturne, ni Neptune n'étaient pas leur
roi : ils reconnaissent pour reine Vénus, c'est-à-dire l'amitié. Ils
tâchaient de se la rendre favorable, en lui offrant des statues des
figures d'animaux, des parfums d'une excellente odeur, des sacrifices de
myrrhe et d'encens, et en faisant des libations de miel que l'on répandait
à terre : c'est ce qui se pratique encore aujourd'hui chez certaines
nations, et ce qui doit être regardé comme des vestiges des anciens
usages. Pour lors les autels n'étaient point arrosés du sang des taureaux.
| [2,22] τῆς γὰρ {οἶμαι} φιλίας {καὶ τῆς} περὶ τὸ συγγενὲς
αἰσθήσεως πάντα κατεχούσης, οὐδεὶς οὐθὲν ἐφόνευεν,
οἰκεῖα εἶναι νομίζων τὰ λοιπὰ τῶν ζῴων. ἐπεὶ δὲ
Ἄρης καὶ Κυδοιμὸς καὶ πᾶσα μάχη καὶ πολέμων
ἀρχὴ κατέσχεν, τότε πρῶτον οὐθεὶς οὐθενὸς ὅλως
ἐφείδετο τῶν οἰκείων. σκεπτέον δ´ ἔτι καὶ ταῦτα.
ὥσπερ γὰρ οἰκειότητος οὔσης ἡμῖν πρὸς τοὺς ἀνθρώπους,
τοὺς κακοποιοὺς καὶ καθάπερ ὑπό τινος πνοῆς
τῆς ἰδίας φύσεως καὶ μοχθηρίας φερομένους πρὸς τὸ
βλάπτειν τὸν ἐντυγχάνοντα ἀναιρεῖν ἡγούμεθα δεῖν
καὶ κολάζειν ἅπαντας, οὕτως καὶ τῶν ἀλόγων ζῴων
τὰ ἄδικα τὴν φύσιν καὶ κακοποιὰ πρός τε τὸ βλάπτειν ὡρμημένα
τῇ φύσει τοὺς ἐμπελάζοντας ἀναιρεῖν
ἴσως προσήκει, τὰ δὲ μηθὲν ἀδικοῦντα τῶν λοιπῶν
ζῴων μηδὲ τῇ φύσει πρὸς τὸ βλάπτειν ὡρμημένα
ἀναιρεῖν τε καὶ φονεύειν ἄδικον δήπου, ὥσπερ καὶ
τῶν ἀνθρώπων τοὺς τοιούτους. ὃ δὴ καὶ ἐμφαίνειν
ἔοικεν δίκαιον ἡμῖν μηδὲν εἶναι πρὸς τὰ λοιπὰ τῶν
ζῴων, διὰ τὸ βλαβερὰ ἄττα τούτων εἶναι καὶ κακοποιὰ
τὴν φύσιν, τὰ δὲ μὴ τοιαῦτα, καθάπερ καὶ τῶν ἀνθρώπων.
| [2,22] Je crois que tant que les hommes ont respecté l'amitié et ont eu
quelque sentiment pour ce qui avait du rapport avec eux, ils ne tuaient
pas même les animaux parce qu'ils les regardaient comme étant à peu près de
même nature qu'eux : mais depuis que la guerre, les troubles, les combats
se sont introduits dans le monde, personne n'a épargné son semblable ;
c'est sur quoi il faut faire des réflexions. Quelque liaison que nous
ayons avec les autres hommes, dès qu'ils se livrent à leur méchanceté pour
faire tort aux autres, nous croyons être en droit de les châtier et même
de les exterminer. Il est aussi raisonnable de se défaire des animaux
malfaisants, qui par leur nature ne cherchent qu'à nous détruire. Mais
quant à ceux qui ne font aucun mal et dont le naturel est doux, c'est
injustice de les tuer, comme il est injuste de tuer les hommes qui ne font
aucun tort aux autres. Il me paraît qu'il suit de là que nous n'avons pas
droit de tuer tous les animaux, parce qu'ils y en a quelques-uns qui sont
naturellement méchants : de même que le pourvoir que nous avons de tuer
les hommes malfaisants ne nous donne pas droit sur la vie des honnêtes gens.
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