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[9] Ὅτι μὲν οὖν σύμβολον κόσμου τὰ ἄντρα καὶ τῶν ἐγκοσμίων
δυνάμεων ἐτίθεντο οἱ θεολόγοι, διὰ τούτων δεδήλωται· ἤδη δὲ καὶ
ὅτι τῆς νοητῆς οὐσίας εἴρηται, ἐκ διαφόρων μέντοι καὶ οὐ τῶν αὐτῶν
ἐννοιῶν ὁρμώμενοι. τοῦ μὲν γὰρ αἰσθητοῦ κόσμου διὰ τὸ σκοτεινὰ
εἶναι τὰ ἄντρα καὶ πετρώδη καὶ δίυγρα, τοιοῦτον δ´ εἶναι τὸν κόσμον
διὰ τὴν ὕλην ἐξ ἧς συνέστηκεν ὁ κόσμος, καὶ ἀντίτυπον καὶ ῥευστὸν
ἐτίθεντο· τοῦ δ´ αὖ νοητοῦ διὰ τὸ ἀφανὲς αἰσθήσει καὶ στερρὸν καὶ
βέβαιον τῆς οὐσίας· οὑτωσὶ δὲ καὶ τῶν μερικῶν ἀφανῶν δυνάμεων,
καὶ μᾶλλόν γε ἐπὶ τούτων τῶν ἐνύλων. κατὰ γὰρ τὸ αὐτοφυὲς τὸ
τῶν ἄντρων καὶ νύχιον καὶ σκοτεινὸν καὶ πέτρινον ἐποιοῦντο τὰ
σύμβολα· οὐκέτι μὴν πάντως καὶ κατὰ σχῆμα, ὥς τινες ὑπενόουν,
ὅτι μηδὲ πᾶν ἄντρον σφαιροειδές, διπλοῦ δ´ ὄντος ἄντρου, ὡς καὶ
τὸ παρ´ Ὁμήρῳ δίθυρον,
| [9] Cela prouve que les théologiens ont pris les antres pour symbole du
monde et des forces qu'il renferme, mais, j’en ai fait la remarque, ils
les ont pris aussi pour symbole de l'essence intelligible pour diverses
raisons qui ne sont pas les mêmes; car les antres figurent le monde
sensible, parce qu'ils sont obscurs, rocheux et humides et que le monde, à
cause de la matière dont il est composé, est réfractaire à la
détermination et fluide. Mais ils symbolisent aussi le monde intelligible
parce que l'essence est invisible, permanente et fixe. Pareillement, les
forces particulières sont obscures pour les sens, surtout lorsqu'elles
sont unies à la matière. Car c'est en considérant qu'ils sont naturels,
sombres comme la nuit et creusés dans la pierre, que l’on a fait des
antres des symboles, et point du tout en considération de leur forme ainsi
que le croyaient certains ; tous les antres en effet ne sont pas
sphériques comme l'antre d'Homère avec ses deux portes.
| [10] οὐκέτι τοῦτο ἐπὶ τῆς νοητῆς, ἀλλὰ τῆς αἰσθητῆς παρελάμβανον οὐσίας,
ὡς καὶ τὸ νῦν παραληφθὲν διὰ τὸ ἔχειν, ὡς φησίν, ‘ὕδατα ἀενάοντα’ οὐκ ἂν εἴη
τῆς νοητῆς ὑποστάσεως, ἀλλὰ τῆς ἐνύλου φέρον οὐσίας σύμβολον. διὸ καὶ ἱερὸν
νυμφῶν οὐκ ὀρεστιάδων οὐδὲ ἀκραίων ἤ τινων τοιούτων, ἀλλὰ ναΐδων, αἳ
ἀπὸ τῶν ναμάτων οὕτω κέκληνται.
Νύμφας δὲ ναΐδας λέγομεν καὶ τὰς τῶν ὑδάτων προεστώσας
δυνάμεις ἰδίως, ἔλεγον δὲ καὶ τὰς εἰς γένεσιν κατιούσας ψυχὰς κοινῶς
ἁπάσας. ἡγοῦντο γὰρ προσιζάνειν τῷ ὕδατι τὰς ψυχὰς θεοπνόῳ
ὄντι, ὡς φησὶν ὁ Νουμήνιος, διὰ τοῦτο λέγων καὶ τὸν προφήτην
εἰρηκέναι ἐμφέρεσθαι ἐπάνω τοῦ ὕδατος θεοῦ πνεῦμα· τούς τε Αἰγυπτίους
διὰ τοῦτο τοὺς δαίμονας ἅπαντας οὐχ ἱστάναι ἐπὶ στερεοῦ,
ἀλλὰ πάντας ἐπὶ πλοίου, καὶ τὸν Ἥλιον καὶ ἁπλῶς πάντας· οὕστινας
εἰδέναι χρὴ τὰς ψυχὰς ἐπιποτωμένας τῷ ὑγρῷ τὰς εἰς γένεσιν κατιούσας.
ὅθεν καὶ Ἡράκλειτον ψυχῇσι φάναι τέρψιν μὴ θάνατον
ὑγρῇσι γενέσθαι, τέρψιν δὲ εἶναι αὐταῖς τὴν εἰς τὴν γένεσιν πτῶσιν,
καὶ ἀλλαχοῦ δὲ φάναι ζῆν ἡμᾶς τὸν ἐκείνων θάνατον καὶ ζῆν ἐκείνας
τὸν ἡμέτερον θάνατον. παρὸ καὶ διεροὺς τοὺς ἐν γενέσει ὄντας καλεῖν
τὸν ποιητὴν τοὺς διύγρους τὰς ψυχὰς ἔχοντας. αἷμά τε γὰρ ταύταις
καὶ ὁ δίυγρος γόνος φίλος, ταῖς δὲ τῶν φυτῶν τροφὴ τὸ ὕδωρ.
| [10] L'antre étant double ne représentait pas seulement l'essence
intelligible, mais encore la nature sensible; et celui dont il est
question maintenant, parce qu'il contient des eaux intarissables, ne
symbolise pas l'essence intelligible mais l’essence unie à la matière.
Pour cette raison il n'est pas consacré aux Nymphes Orestiades (des
montagnes), ni aux Nymphes Acréennes (des sommets), mais aux Naïades qui
tirent leur nom des sources. Nous nommons proprement Naïades, les Nymphes
qui président aux forces des eaux, mais on appelait de ce nom toutes les
âmes qui descendaient dans la génération. On pensait en effet que les âmes
se tiennent auprès de l'eau visitée par le souffle divin; c'est ce que dit
Numénius expliquant ainsi la parole du prophète : « L'esprit de Dieu était
porté sur les eaux ». Pour cette raison aussi les Égyptiens ne plaçaient
pas tous les daimones sur un élément solide et stable, mais ils les
situaient tous sur un navire, même le soleil et tous ceux en un mot qui
doivent assister au vol, sur l'élément humide, des âmes qui descendent
dans la génération. De là la parole d'Héraclite : « Ce n'est pas mourir
pour les âmes de devenir humides, c’est un bonheur, c'est un bonheur pour
elles de tomber dans la génération ». Et ailleurs il dit encore : « Vivre
pour elles c'est mourir et ce que nous appelons la mort c'est pour elles
la vie. » Aussi le poète appelle-t-il g-dierous c'est-à-dire frais, les
hommes qui vivent dans le monde de la génération parce qu'ils ont des âmes
humides. En effet ces âmes aiment le sang et la semence humaine et l'eau
sert d'aliment aux plantes.
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