[34,7] VII. <1> Ἑξῆς δὲ τὰ τοῦ Ἐρατοσθένους ἐπανορθοῖ, τὰ μὲν εὖ, τὰ δὲ χεῖρον λέγων ἢ ἐκεῖνος. <2> Ἐξ Ἰθάκης μὲν γὰρ εἰς Κόρκυραν τριακοσίους εἰπόντος, πλείους φησὶν εἶναι τῶν ἐνακοσίων, ἐξ Ἐπιδάμνου δὲ εἰς Θεσσαλονίκειαν ἐνακοσίους ἀποδόντος, πλείους τῶν δισχιλίων φησί. Ταῦτα μὲν εὖ, <3> ἀπὸ δὲ Μασσαλίας ἐπὶ στήλας λέγοντος ἑπτακισχιλίους, ἀπὸ δὲ Πυρήνης ἑξακισχιλίους, αὐτὸς λέγει χεῖρον πλείους ἢ ἐνακισχιλίους τοὺς ἀπὸ Μασσαλίας, ἀπὸ δὲ Πυρήνης μικρὸν ἐλάττους ἢ ὀκτακισχιλίους· ἐγγυτέρω γὰρ τῆς ἀληθείας ἐκεῖνος εἴρηκεν. <4> Οἱ γὰρ νῦν ὁμολογοῦσιν, εἴ τις τὰς τῶν ὁδῶν ἀνωμαλίας ὑποτέμνοιτο, μὴ μείζω τῶν ἑξακισχιλίων σταδίων εἶναι τὸ μῆκος τὴν σύμπασαν Ἰβηρίαν ἀπὸ Πυρήνης ἕως τῆς ἑσπερίου πλευρᾶς. <5> Ὁ δ᾽ αὐτὸν τὸν Τάγον ποταμὸν ὀκτακισχιλίων τίθησι τὸ μῆκος ἀπὸ τῆς πηγῆς μέχρι τῶν ἐκβολῶν, οὐ δήπου τὸ σὺν τοῖς σκολιώμασιν — οὐ γὰρ γεωγραφικὸν τοῦτο — ἀλλ᾽ ἐπ᾽ εὐθείας λέγων· καίτοι γε ἀπὸ Πυρήνης αἱ τοῦ Τάγου πηγαὶ πλέον διέχουσιν ἢ χιλίους σταδίους. <6> Πάλιν δὲ τοῦτο μὲν ὀρθῶς ἀποφαίνεται ὅτι ἀγνοεῖ τὰ Ἰβηρικὰ ὁ Ἐρατοσθένης καὶ διότι περὶ αὐτῆς ἔσθ᾽ ὅπου τὰ μαχόμενα ἀποφαίνεται, <7> ὅς γε μέχρι Γαδείρων ὑπὸ Γαλατῶν περιοικεῖσθαι φήσας τὰ ἔξωθεν αὐτῆς, εἴ γε τὰ πρὸς δύσιν τῆς Εὐρώπης μέχρι Γαδείρων ἔχουσιν ἐκεῖνοι, τούτων ἐκλαθόμενος κατὰ τὴν τῆς Ἰβηρίας περίοδον τῶν Γαλατῶν οὐδαμοῦ μέμνηται.
VII a. <8> Τὸ δὲ μῆκος τῆς Εὐρώπης ὅτι ἔλαττόν ἐστι τοῦ συνάμφω τῆς τε Λιβύης καὶ τῆς Ἀσίας ἐκθείς, οὐκ ὀρθῶς τὴν σύγκρισιν ποιεῖται. <9> Τὸ μὲν γὰρ στόμα τὸ κατὰ στήλας φησὶν ὅτι κατὰ τὴν ἰσημερινὴν δύσιν ἐστίν, ὁ δὲ Τάναϊς ῥεῖ ἀπὸ θερινῆς ἀνατολῆς· <10> ἐλαττοῦται δὴ τοῦ συνάμφω μήκους τῷ μεταξὺ τῆς θερινῆς ἀνατολῆς καὶ τῆς ἰσημερινῆς· τοῦτο γὰρ ἡ Ἀσία προλαμβάνει πρὸς τὴν ἰσημερινὴν ἀνατολὴν τοῦ πρὸς τὰς ἄρκτους ἡμικυκλίου. —
VIIb. ---.
VIIc. <11> Προπεπτωκυίας δὲ τῆς Εὐρώπης ἄκραις πλείοσι, βέλτιον μὲν οὗτος εἴρηκε περὶ αὐτῶν Ἐρατοσθένους, οὔπω δὲ ἱκανῶς. <12> Ἐκεῖνος μὲν γὰρ τρεῖς ἔφη, τὴν ἐπὶ τὰς στήλας καθήκουσαν, ἐφ᾽ ἧς ἡ Ἰβηρία, καὶ τὴν ἐπὶ τὸν πορθμόν, ἐφ᾽ ἧς ἡ Ἰταλία, καὶ τρίτην τὴν κατὰ Μαλέας, ἐφ᾽ ἧς τὰ μεταξὺ τοῦ Ἀδρίου καὶ τοῦ Εὐξείνου πάντ᾽ ἔθνη καὶ τοῦ Τανάιδος· <13> οὗτος δὲ τὰς μὲν δύο τὰς πρώτας ὁμοίως ἐκτίθεται, τρίτην δὲ τὴν κατὰ Μαλέας καὶ Σούνιον, ἐφ᾽ ἧς ἡ Ἑλλὰς πᾶσα καὶ ἡ Ἰλλυρὶς καὶ τῆς Θρᾴκης τινά, <14> τετάρτην δὲ τὴν κατὰ τὴν Θρᾳκίαν χερρόνησον, ἐφ᾽ ἧς τὰ κατὰ Σηστὸν καὶ Ἄβυδον στενά — ἔχουσι δ᾽ αὐτὴν Θρᾷκες — πέμπτην δὲ τὴν κατὰ τὸν Κιμμερικὸν Βόσπορον καὶ τὸ στόμα τῆς Μαιώτιδος.
| [34,7] VII. <1> Polybe, dit Strabon, relève plus d'une fois des erreurs d'Ératosthène, et tantôt il les corrige avec bonheur, tantôt il en commet de plus grossières que celles même qu'il critique. Ératosthène, <2> par exemple, compte d'Ithaque à Corcyre trois cents stades, et Polybe plus de neuf cents : le premier, d'Épidamne à Thessalonique, en suppose neuf cents; le second, plus de deux mille. Ces corrections de Polybe sont justes ; <3> mais quand Eratosthène dit que de Marseille aux colonnes d'Hercule il y a sept mille stades, et des Pyrénées six mille, et que Polybe en compte plus de neuf mille à partir de Marseille, et à peu près huit mille des Pyrénées, Ératosthène est plus près de la vérité. <4> Aujourd'hui on est d'avis que, soustraction faite des inégalités du terrain, la longueur de toute l'Espagne, depuis les Pyrénées jusqu'à la côte occidentale, ne dépasse pas six mille stades. <5> Mais Polybe donne au Tage, depuis sa source jusqu'à son embouchure, un parcours de huit mille stades sans tenir compte, bien entendu, des sinuosités (cela n'entre pas dans le calcul des géographes), en ne considérant que la ligne droite, et les sources du Tage sont à plus de mille stades des Pyrénées. <6> Polybe, du reste, reproche justement à Ératosthène de ne pas connaître l'Espagne, et montre qu'il est des endroits où il se trouve en contradiction avec lui-même. <7> Ainsi, Ératosthène dit quelque part que, sur l'Océan, toute la côte, jusqu'à Gadès, est habitée par les Gaulois (et en effet, cette race occupe les côtes occidentales de l'Europe jusqu'aux colonnes) ; puis il oublie ce détail, et faisant le tour de l'Espagne, il ne parle pas une fois des Gaulois.
VII a. <8> D'une autre part, Polybe, pour établir que l'étendue de l'Europe est moins considérable que celle de l'Afrique et de l'Asie jointes ensemble, établit un calcul qui n'est pas juste. <9> Le détroit des colonnes d'Hercule, dit-il, est du côté du couchant équinoxial, et le Tanaïs coule en partant du lever d'été : <10> l'Europe est donc plus petite que l'Afrique et l'Asie de tout l'espace compris entre le lever d'été et le lever équinoxial ; c'est l'Asie qui occupe, dans le demi-cercle septentrional, l'espace enfermé entre ces deux limites.
VII b. L'Europe a pour largeur, depuis l'Italie jusqu'à l'Océan, onze cent cinquante mille pas. Polybe semble avoir établi cette mesure sur la distance qui sépare Lyon du port Morinum en Bretagne.
VIl c. <11> L'Europe, dit encore Strabon, forme plusieurs péninsules : Polybe en a dressé une liste plus exacte qu'Ératosthène, quoiqu'elle ne soit pas complète. <12> Ératosthène n'en compte que trois : une qui touche aux colonnes d'Hercule, c'est l'Espagne : une seconde placée sur le détroit de Messine, l'Italie; la troisième est cette langue de terre où sont agglomérées les nations entre l'Adriatique, le Pont-Euxin et le Tanaïs. <13> Polybe est d'accord avec Ératosthène pour les deux premières, mais il en distingue une troisième que termine le cap Malée et Sunium, et qui porte toute la Grèce, l'Illyrie et une partie de la Thrace ; <14> une quatrième qui renferme les pays voisins de Sestos et d'Abydos, et que les Thraces habitent ; une cinquième enfin, qui touche au Bosphore Ciminérien et à l'embouchure des Palus-Méotides.
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