[34,5] V. <1> Πολύβιος δὲ τὴν Εὐρώπην χωρογραφῶν τοὺς μὲν ἀρχαίους ἐᾶν φησι, τοὺς δ᾽ ἐκείνους ἐλέγχοντας ἐξετάζειν Δικαίαρχόν τε καὶ Ἐρατοσθένη τὸν τελευταῖον πραγματευσάμενον περὶ γεωγραφίας καὶ Πυθέαν, <2> ὑφ᾽ οὗ παρακρουσθῆναι πολλούς, ὅλην μὲν τὴν Βρεττανικὴν ἐμβαδὸν ἐπελθεῖν φάσκοντος, τὴν δὲ περίμετρον πλειόνων ἢ τεττάρων μυριάδων ἀποδόντος τῆς νήσου, <3> προσιστορήσαντος δὲ καὶ τὰ περὶ τῆς Θούλης καὶ τῶν τόπων ἐκείνων, ἐν οἷς οὔτε γῆ καθ᾽ αὑτὴν ὑπῆρχεν ἔτι οὔτε θάλαττα οὔτ᾽ ἀήρ, ἀλλὰ σύγκριμά τι ἐκ τούτων πλεύμονι θαλαττίῳ ἐοικός, <4> ἐν ᾧ φησι τὴν γῆν καὶ τὴν θάλατταν αἰωρεῖσθαι καὶ τὰ σύμπαντα, καὶ τοῦτον ὡς ἂν δεσμὸν εἶναι τῶν ὅλων, μήτε πορευτὸν μήτε πλωτὸν ὑπάρχοντα. <5> Τὸ μὲν οὖν τῷ πλεύμονι ἐοικὸς αὐτὸς ἑωρακέναι, τἄλλα δὲ λέγειν ἐξ ἀκοῆς. Ταῦτα μὲν τὰ τοῦ Πυθέου, <6> καὶ διότι ἐπανελθὼν ἐνθένδε πᾶσαν ἐπέλθοι τὴν παρωκεανῖτιν τῆς Εὐρώπης ἀπὸ Γαδείρων ἕως Τανάιδος· <7> φησὶ δ᾽ οὖν ὁ Πολύβιος ἄπιστον καὶ αὐτὸ τοῦτο πῶς ἰδιώτῃ ἀνθρώπῳ καὶ πένητι τὰ τοσαῦτα διαστήματα πλωτὰ καὶ πορευτὰ γένοιτο. <8> Τὸν δ᾽ Ἐρατοσθένη διαπορήσαντα εἰ χρὴ πιστεύειν τούτοις, ὅμως περί τε τῆς Βρεττανικῆς πεπιστευκέναι καὶ τῶν κατὰ Γάδειρα καὶ τὴν Ἰβηρίαν. <9> Πολὺ δέ φησι βέλτιον τῷ Μεσσηνίῳ πιστεύειν ἢ τούτῳ· ὁ μέντοι γε εἰς μίαν χώραν τὴν Παγχαίαν λέγει πλεῦσαι· ὁ δὲ καὶ μέχρι τῶν τοῦ κόσμου περάτων κατωπτευκέναι τὴν προσάρκτιον τῆς Εὐρώπης πᾶσαν, ἣν οὐδ᾽ ἂν τῷ Ἑρμῇ πιστεύσαι τις λέγοντι. <10> Ἐρατοσθένη δὲ τὸν μὲν Εὐήμερον Βεργαῖον καλεῖν, Πυθέᾳ δὲ πιστεύειν, καὶ ταῦτα μηδὲ Δικαιάρχου πιστεύσαντος. <11> Τὸ μὲν οὖν "μηδὲ Δικαιάρχου πιστεύσαντος" γελοῖον, ὥσπερ ἐκείνῳ κανόνι χρήσασθαι προσῆκον, καθ᾽ οὗ τοσούτους ἐλέγχους αὐτὸς προφέρεται· <12> Ἐρατοσθένους δὲ εἴρηται ἡ περὶ τὰ ἑσπέρια καὶ τὰ ἀρκτικὰ τῆς Εὐρώπης ἄγνοια. <13> Ἀλλ᾽ ἐκείνῳ μὲν καὶ Δικαιάρχῳ συγγνώμη τοῖς μὴ κατιδοῦσι τοὺς τόπους ἐκείνους· Πολυβίῳ δὲ καὶ Ποσειδωνίῳ τίς ἂν συγγνοίη; <14> ἀλλὰ μὴν Πολύβιός γέ ἐστιν ὁ λαοδογματικὰς καλῶν ἀποφάσεις, ἃς ποιοῦνται περὶ τῶν ἐν τούτοις τοῖς τόποις διαστημάτων καὶ ἐν ἄλλοις πολλοῖς, ἀλλ᾽ οὐδ᾽ ἐν οἷς ἐκείνους ἐλέγχει καθαρεύων.
| [34,5] V. <1> Polybe, dit Strabon, dans le livre où il fait la description de l'Europe, déclare ne pas vouloir s'occuper des anciens géographes, mais seulement de leurs critiques, de Dicéarque, par exemple, d'Ératosthène, qui a laissé, le dernier, des ouvrages de ce genre, et de Pythéas. <<2> « Pythéas, s'écrie Polybe, a trompé le public en disant avoir visité toutes les parties accessibles de la Bretagne, et en donnant à cette île plus de quarante mille stades de circonférence ; <3> il l'a trompé en affirmant, au sujet de Thulé et des lieux voisins, qu'il n'y a ni terre, ni mer, ni air en ces parages, mais un mélange de tous ces éléments, assez semblable à un poumon marin, <4> et en plaçant enfin et la terre et la mer et l'air au-dessus de ce poumon, dont il fait le lien de toutes ces parties, sans qu'il soit possible de naviguer sur cette matière ou d'y marcher.<5> Il prétend avoir vu cette espèce de poumon marin, en avouant, du reste, qu'il ne donne les autres détails que par ouï-dire. <6> De plus, il avance qu'après avoir ainsi visité la Grande- Bretagne, il en a fait autant pour toutes les côtes de l'Europe, depuis le détroit de Gadès jusqu'au Tanaïs. <7> Or, il est peu probable qu'un simple particulier, qu'un homme pauvre ait pu parcourir, et par terre et par mer, des distances aussi considérables. <8> Cependant Ératosthène, qui ne sait s'il doit, pour le reste, accepter le témoignage de Pythéas, regarde comme inattaquable tout ce qu'il dit de la Bretagne, de Gadès et de l'Espagne. <9> Bien mieux vaut croire Évhémère, le Messénien : Évhémère, du moins, dit n'avoir voyagé que dans une seule contrée, en Arabie, tandis que Pythéas avance hardiment qu'il a visité toute l'Europe septentrionale jusqu'aux limites du monde. C'est à peine si on pourrait ajouter foi à Hermès, se vantant de pareilles excursions. <10> Néanmoins Ératosthène traite Évhémère de Bergéen, pour accorder toute créance à Pythéas, et cela quand Dicéarque ne le fait pas. » <11> Ainsi parle Polybe. « Pour moi, reprend Strabon, d'abord je trouve assez ridicule cette parenthèse : « Quand Dicéarque ne le fait pas, » comme s'il fallait qu'Ératosthène prît absolument pour juge l'auteur contre qui Polybe a porté lui-même tant d'accusations. <12> De plus, si nous avons cru devoir signaler l'ignorance d'Ératosthène à l'égard de l'Europe orientale et occidentale, <13> nous avons du moins droit de demander grâce pour lui et pour Dicéarque, qui n'avaient pas visité ces contrées ; mais qui pourrait pardonner leurs erreurs à Polybe et à Posidonius ? <14> car Polybe, qui reproche aux détails fournis par Dicéarque, sur les distances et sur d'autres questions géographiques, de n'être que de vaines données populaires, n'est pas toujours à l'abri de toute critique là même où il reprend les autres.
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