[34,3] III. <1> Ταῦτα δ᾽ εἰπὼν διηγεῖται τῶν γαλεωτῶν θήραν, ἣ συνίσταται περὶ τὸ Σκύλλαιον. <2> Σκοπὸς γὰρ ἐφέστηκε κοινὸς ὑφορμοῦσιν ἐν δικώποις σκαφιδίοις πολλοῖς, δύο καθ᾽ ἕκαστον σκαφίδιον. <3> Καὶ ὁ μὲν ἐλαύνει, ὁ δ᾽ ἐπὶ τῆς πρῴρας ἕστηκε δόρυ ἔχων, σημήναντος τοῦ σκοποῦ τὴν ἐπιφάνειαν τοῦ γαλεώτου· φέρεται δὲ τὸ τρίτον μέρος ἔξαλον τὸ ζῷον. <4> Συνάψαντος δὲ τοῦ σκάφους ὁ μὲν ἔπληξεν ἐκ χειρός, εἶτ᾽ ἐξέσπασεν ἐκ τοῦ σώματος τὸ δόρυ χωρὶς τῆς ἐπιδορατίδος· <5> ἀγκιστρώδης τε γάρ ἐστι καὶ χαλαρῶς ἐνήρμοσται τῷ δόρατι ἐπίτηδες, καλῴδιον δ᾽ ἔχει μακρὸν ἐξημμένον. Τοῦτ᾽ ἐπιχαλῶσι τῷ τρωθέντι, τέως ἂν κάμῃ σφαδᾷζον καὶ ὑποφεῦγον· <6> τότε δ᾽ ἕλκουσιν ἐπὶ τὴν γῆν ἢ εἰς τὸ σκάφος ἀναλαμβάνουσιν, ἐὰν μὴ μέγα ᾖ τελέως τὸ σῶμα. <7> Κἂν ἐκπέσῃ δὲ εἰς τὴν θάλατταν τὸ δόρυ, οὐκ ἀπόλωλεν· ἔστι γὰρ πηκτὸν ἔκ τε δρυὸς καὶ ἐλάτης, ὥστε βαπτιζομένου τοῦ δρυΐνου βάρει μετέωρον εἶναι τὸ λοιπὸν καὶ εὐανάληπτον. <8> Συμβαίνειν δέ ποτε καὶ τιτρώσκεσθαι διὰ τοῦ σκαφιδίου τὸν κωπηλάτην διὰ τὸ μέγεθος τοῦ ξίφους τῶν γαλεωτῶν καὶ τὸ τὴν ἀκμὴν τοῦ ζῴου συαγρώδη εἶναι καὶ τὴν θήραν.
Ἔκ τε δὴ τῶν τοιούτων εἰκάζοι τις ἄν, <9> φησί, περὶ Σικελίαν γενέσθαι τὴν πλάνην κατὰ τὸν Ὅμηρον, ὅτι τῇ Σκύλλῃ προσῆψε τὴν τοιαύτην θήραν, ἣ μάλιστ᾽ ἐπιχώριός ἐστι τῷ Σκυλλαίῳ, <10> καὶ ἐκ τῶν περὶ τῆς Χαρύβδεως λεγομένων ὁμοίων τοῖς τοῦ πορθμοῦ πάθεσι. <11> Τὸ δὲ τρὶς μὲν γάρ τ᾽ ἀνίησιν
ἀντὶ τοῦ δὶς γραφικὸν εἶναι ἁμάρτημα ἢ ἱστορικόν. <12> Καὶ τὰ ἐν τῇ Μήνιγγι δὲ τοῖς περὶ τῶν Λωτοφάγων εἰρημένοις συμφωνεῖν.
| [34,3] III. <1> Polybe raconte ensuite la chasse des galéotes telle qu'elle a lieu près du Scylléon. <2> Un observateur commun, placé à distance, guide tous les pêcheurs montés sur un grand nombre de dirèmes : il y a deux hommes dans chacune d'elles; <3> l'un rame, l'autre, armé d'une lance, se tient à la proue, jusqu'à ce que l'observateur signale un galéote. Le galéote s'élève d'un tiers de son épaisseur au-dessus de la surface de l'eau. <4> Aussitôt la barque court sur lui et le harponneur le frappe de sa lance, puis il la retire du corps de l'animal, n'y laissant que le harpon. <5> Ce harpon a la forme d'un hameçon et à dessein n'est que faiblement adapté à la lance. Il tient à une longue corde qu'on laisse toujours filer, dès que la bête est blessée jusqu'à ce qu'elle soit lasse de fuir en bondissant ; <6> alors on tire l'animal à terre ou bien s'il n'est pas trop grand on le reçoit dans la barque. <7> Que si la lance tombe dans l'eau elle n'est pas perdue pour cela, car elle est faite de chêne et de sapin, et si le chêne par sa pesanteur tend à s'enfoncer, le sapin surnage et peut ainsi être facilement retrouvé. <8> Quelquefois il arrive que le rameur est blessé à travers la barque, tant est grande l'épée du galéote ; l'impétuosité de cet animal en rend la chasse aussi dangereuse que celle du sanglier.
On peut donc, dit Polybe, supposer qu'une partie des courses d'Ulysse <9> a eu pour théâtre les environs de la Sicile, par cela seul que le poète attribue à Scylla une chasse qui est populaire près du Scylléon. <10> Même conclusion au sujet de Charybde : la description qu'Homère en trace rappelle des faits dont le détroit est sans cesse témoin. <11> Quant au vers : « Et trois fois en un jour, trois fois le flot remonte,»
trois est pour deux par quelque erreur du poète. <12> Enfin tout ce qui se passe à Méninx est d'accord avec ce qu'Homère raconte des Lotophages.
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