[22,21] XXI. Χιομάραν δὲ συνέβη τὴν Ὀρτιάγοντος αἰχμάλωτον γενέσθαι μετὰ τῶν ἄλλων
γυναικῶν, ὅτε Ῥωμαῖοι καὶ Γνάιος ἐνίκησαν μάχῃ τοὺς ἐν Ἀσίᾳ Γαλάτας. Ὁ δὲ
λαβὼν αὐτὴν ταξίαρχος ἐχρήσατο τῇ τύχῃ στρατιωτικῶς καὶ κατῄσχυνεν. Ἦν δ'
ἄρα καὶ πρὸς ἡδονὴν καὶ ἀργύριον ἀμαθὴς καὶ ἀκρατὴς ἄνθρωπος, ἡττήθη δ'
ὅμως ὑπὸ τῆς φιλαργυρίας, καὶ χρυσίου συχνοῦ διομολογηθέντος ὑπὲρ τῆς
γυναικὸς ἦγεν αὐτὴν ἀπολυτρώσων, ποταμοῦ τινος ἐν μέσῳ διείργοντος. Ὡς δὲ
διαβάντες οἱ Γαλάται τὸ χρυσίον ἔδωκαν αὐτῷ καὶ παρελάμβανον τὴν Χιομάραν,
ἡ μὲν ἀπὸ νεύματος προσέταξεν ἑνὶ παῖσαι τὸν Ῥωμαῖον ἀσπαζόμενον αὐτὴν καὶ
φιλοφρονούμενον, ἐκείνου δὲ πεισθέντος καὶ τὴν κεφαλὴν ἀποκόψαντος,
ἀραμένη καὶ περιστείλασα τοῖς κόλποις ἀπήλαυνεν. Ὡς δ' ἦλθε πρὸς τὸν ἄνδρα
καὶ τὴν κεφαλὴν αὐτῷ προύβαλεν, ἐκείνου θαυμάσαντος καὶ εἰπόντος « Ὦ
γύναι, καλὸν ἡ πίστις » « Ναί, εἶπεν ἀλλὰ κάλλιον ἕνα μόνον ζῆν ἐμοὶ
συγγεγενημένον » . Ταύτῃ μὲν ὁ Πολύβιός φησι διὰ λόγων ἐν Σάρδεσι
γενόμενος θαυμάσαι τό τε φρόνημα καὶ τὴν σύνεσιν.
| [22,21] XXI. Ce dernier avait le dessein d'attirer à lui toute l'autorité en
Galatie, et il trouvait dans son expérience et dans son caractère de
puissantes garanties de succès. C'était en effet un homme d'une âme
élevée, plein de générosité, de prudence dans les conseils, de politesse
dans la conversation. Enfin il avait une qualité bien importante chez les
Galates: le courage, l'intrépidité sur le champ de bataille.
Cnéus et les Romains battirent les Gaulois, et Chiomara, femme
d'Ortiagon, se trouva parmi les prisonnières tombées au pouvoir du
vainqueur. Un centurion, qui s'était emparé d'elle, usa de l'occasion en
soldat et lui fit violence. C'était un homme grossier, également passionné
pour la débauche et pour l'argent : la cupidité fut la plus forte. On lui
avait promis une grosse somme pour la rançon de la captive, et, afin de la
rendre, il conduisit un jour cette femme en un endroit qu'une rivière
coupait en deux ; mais à peine les Gaulois eurent-ils, au delà de la
rivière, remis au centurion l'or convenu et reçu Chiomara, qu'elle fit
signe à l'un d'eux de le frapper au moment où elle l'embrasserait et lui
dirait adieu. Le Gaulois obéit et coupa la tête du Romain, qu'elle saisit
et emporta enveloppée dans sa robe. Introduite près de son mari, elle lui
jeta cette tête devant les pieds. Ortiagon étonné, lui dit : « Femme, la
fidélité est une belle chose. - Oui, répondit-elle ; mais il est encore
plus beau qu'il n'y ait qu'un seul homme ayant joui de moi qui voie la
lumière. » J'ai eu l'occasion de parler à cette femme à Sardes et
d'admirer sa sagesse et sa grandeur d'âme.
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