[18,12] (18,29) XII. Ὅτι μὲν ἐχούσης τῆς φάλαγγος τὴν αὑτῆς ἰδιότητα καὶ δύναμιν
οὐδὲν ἂν ὑποσταίη κατὰ πρόσωπον οὐδὲ μείναι τὴν ἔφοδον αὐτῆς,
εὐχερὲς καταμαθεῖν ἐκ πολλῶν. <2> Ἐπεὶ γὰρ ὁ μὲν ἀνὴρ ἵσταται σὺν τοῖς
ὅπλοις ἐν τρισὶ ποσὶ κατὰ τὰς ἐναγωνίους πυκνώσεις, τὸ δὲ τῶν σαρισῶν
μέγεθός ἐστι κατὰ μὲν τὴν ἐξ ἀρχῆς ὑπόθεσιν ἑκκαίδεκα πηχῶν, κατὰ δὲ
τὴν ἁρμογὴν τὴν πρὸς τὴν ἀλήθειαν δεκατεττάρων, <3> τούτων δὲ τοὺς
τέτταρας ἀφαιρεῖ τὸ μεταξὺ τοῖν χεροῖν διάστημα καὶ τὸ κατόπιν σήκωμα
τῆς προβολῆς, <4> φανερὸν ὅτι τοὺς δέκα πήχεις προπίπτειν ἀνάγκη τὴν
σάρισαν πρὸ τῶν σωμάτων ἑκάστου τῶν ὁπλιτῶν, ὅταν ἴῃ δι' ἀμφοῖν τοῖν
χεροῖν προβαλόμενος ἐπὶ τοὺς πολεμίους. <5> Ἐκ δὲ τούτου συμβαίνει τὰς
μὲν τοῦ δευτέρου καὶ τρίτου καὶ τετάρτου πλεῖον, τὰς δὲ τοῦ πέμπτου
ζυγοῦ σαρίσας δύο προπίπτειν πήχεις πρὸ τῶν πρωτοστατῶν, ἐχούσης
τῆς φάλαγγος τὴν αὑτῆς ἰδιότητα καὶ πύκνωσιν κατ' ἐπιστάτην καὶ κατὰ
παραστάτην, <6> ὡς Ὅμηρος ὑποδείκνυσιν ἐν τούτοις:
Ἀσπὶς ἄρ' ἀσπίδ' ἔρειδε, κόρυς κόρυν, ἀνέρα δ' ἀνήρ:
ψαῦον δ' ἱππόκομοι κόρυθες λαμπροῖσι φάλοισι
νευόντων: ὣς πυκνοὶ ἐφέστασαν ἀλλήλοισι. Τούτων δ' ἀληθινῶς καὶ
καλῶς λεγομένων, <7> δῆλον ὡς ἀνάγκη καθ' ἕκαστον τῶν πρωτοστατῶν
σαρίσας προπίπτειν πέντε, δυσὶ πήχεσι διαφερούσας ἀλλήλων κατὰ μῆκος.
| [18,12] (18,29) XII. Dès que la phalange a la forme qui lui est propre et se maintient
dans sa force, il n'est rien qui puisse lui résister en face ni en soutenir le
choc, comme on s'en convaincra sans peine par plusieurs raisons. <2> Les
rangs étant serrés en ordre de bataille, chaque homme occupe, avec ses
armes, la valeur de trois pieds. La sarisse dans l'origine avait seize
coudées ; puis, pour l'accommoder par sa confection aux besoins du
combat, on l'a réduite à quatorze ; <3> et comme l'intervalle compris entre
les deux mains et la partie extrême qui sert de contre-poids à l'autre bout
enlève quatre coudées à cette longueur, <4> il en résulte que la sarisse
s'avance de dix coudées devant chaque hoplite, lorsqu'il se met en
position de la lancer à deux mains contre l'ennemi. <5> Par conséquent,
les sarisses du second, du troisième, du quatrième rang débordent de
plusieurs coudées, tandis que celles du cinquième n'en ont que deux en
saillie, lorsque la phalange, je le répète, a la forme qui lui est propre, et
que des côtés comme par derrière les soldats sont ramassés dans l'ordre
convenable. C'est ainsi qu'Homère dit dans ces vers : « Le bouclier
s'appuie sur le bouclier, le casque sur le casque, le guerrier sur le
guerrier, les panaches brillants sur les casques des soldats qui,
s'ébranlant, se touchent entre eux, tant les hommes sont pressés. »
De tous ces détails, qui sont de la plus grande exactitude, <7> il faut
nécessairement conclure que chaque soldat, au premier rang, voit devant
lui cinq sarisses dont la longueur diminue proportionnellement de deux
coudées.
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