HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre XII [fragments]

Chapitre 6

  Chapitre 6

[12,6] VI. <1> Συνθῆκαι δὲ πρὸς μὲν τοὺς κατὰ τὴν Ἑλλάδα Λοκροὺς οὔτἦσαν οὔτἐλέγοντο παραὐτοῖς γεγονέναι, πρὸς μέντοι Σικελοὺς πάντες εἶχον ἐν παραδόσει. <2> Περὶ ὧν ἔλεγον διότι, καθὃν καιρὸν ἐκ τῆς πρώτης παρουσίας καταλάβοιεν Σικελοὺς κατέχοντας ταύτην τὴν χώραν, ἐν νῦν κατοικοῦσι, καταπλαγέντων αὐτοὺς ἐκείνων καὶ προσδεξαμένων διὰ τὸν φόβον, <3> ὁμολογίας ποιήσαιντο τοιαύτας, μὴν εὐνοήσειν αὐτοῖς καὶ κοινῇ τὴν χώραν ἕξειν, ἕως ἂν ἐπιβαίνωσι τῇ γῇ ταύτῃ καὶ τὰς κεφαλὰς ἐπὶ τοῖς ὤμοις φορῶσι. <4> Τοιούτων δὲ τῶν ὅρκων γινομένων φασὶ τοὺς Λοκροὺς εἰς μὲν τὰ πέλματα τῶν ὑποδημάτων ἐμβαλόντας γῆν, ἐπὶ δὲ τοὺς ὤμους σκόρδων κεφαλὰς ἀφανεῖς ὑποθεμένους οὕτως ποιήσασθαι τοὺς ὅρκους, <5> κἄπειτα τὴν μὲν γῆν ἐκβαλόντας ἐκ τῶν ὑποδημάτων, τὰς δὲ κεφαλὰς τῶν σκόρδων ἀπορρίψαντας μετοὐ πολὺ καιροῦ παραπεσόντος ἐκβαλεῖν τοὺς Σικελοὺς ἐκ τῆς χώρας. <6> Ταῦτα μὲν οὖν λέγεται παρὰ Λοκροῖς. — VIa. <1> Ἐκ τούτων ἄν τις συλλογιζόμενος Ἀριστοτέλει πρόσσχοι μᾶλλον Τιμαίῳ· καὶ μὴν τὸ συνεχὲς τούτῳ τελέως ἄτοπον· <2> τὸ γὰρ ὑπολαμβάνειν, καθάπερ ἐκεῖνος ὑποδείκνυσιν, ὡς οὐκ εἰκὸς ἦν τοὺς οἰκέτας τῶν Λακεδαιμονίοις συμμαχησάντων τὴν τῶν κυρίων εὔνοιαν ἀναφέρειν πρὸς τοὺς ἐκείνων φίλους εὔηθες· <3> οὐ γὰρ μόνον τὰς εὐνοίας, ἀλλὰ καὶ τὰς ξενίας καὶ τὰς συγγενείας τῶν δεσποτῶν οἱ δουλεύσαντες, ὅταν εὐτυχήσωσι παραδόξως καὶ χρόνος ἐπιγένηται, πειρῶνται προσποιεῖσθαι καὶ συνανανεοῦσθαι τῶν κατὰ φύσιν ἀναγκαίων μᾶλλον, <4> αὐτῷ τούτῳ σπουδάζοντες τὴν προγεγενημένην περὶ αὐτοὺς ἐλάττωσιν καὶ τὴν ἀδοξίαν ἐξαλείφειν, τῷ βούλεσθαι τῶν δεσποτῶν ἀπόγονοι μᾶλλον ἐπιφαίνειν ἤπερ ἀπελεύθεροι. VIb. <1> τοῦτο δὲ μάλιστα περὶ τοὺς Λοκροὺς εἰκός ἐστι γεγονέναι· πολὺ γὰρ ἐκτοπίσαντες ἐκ τῶν συνειδότων καὶ προσλαβόντες συνεργὸν τὸν χρόνον, οὐχ οὕτως ἄφρονες ἦσαν ὥστε ταῦτἐπιτηδεύειν, διὧν ἔμελλον ἀνανέωσιν ποιεῖσθαι τῶν ἰδίων ἐλαττωμάτων, ἀλλὰ μὴ τοὐναντίον διὧν ἐπικαλύψειν ταῦτα. <2> Διὸ καὶ τὴν ὀνομασίαν τῇ πόλει τὴν ἀπὸ τῶν γυναικῶν εἰκότως ἐπέθεσαν καὶ τὴν οἰκειότητα τὴν κατὰ τὰς γυναῖκας προσεποιήθησαν, ἔτι δὲ τὰς φιλίας καὶ τὰς συμμαχίας τὰς προγονικὰς τὰς ἀπὸ τῶν γυναικῶν ἀνενεοῦντο. <3> ᾟ καὶ τὸ τοὺς Ἀθηναίους πορθῆσαι τὴν χώραν αὐτῶν οὐδέν ἐστι σημεῖον ψευδῆ λέγειν τὸν Ἀριστοτέλην· <4> εὐλόγου γὰρ ὄντος ἐκ τῶν προειρημένων, εἰ καὶ δεκάκις ἦσαν οἰκέται, τοῦ προσπεποιῆσθαι τὴν τῶν Λακεδαιμονίων φιλίαν τοὺς ἐξάραντας ἐκ τῶν Λοκρῶν καὶ κατασχόντας εἰς τὴν Ἰταλίαν, εὔλογος γίνεται καὶ <> τῶν Ἀθηναίων ἀλλοτριότης πρὸς πάντας τοὺς προειρημένους, οὐχ οὕτως ἐξεταζόντων τὸ γένος ὡς τὴν προαίρεσιν. <5> Νὴ Δίἀλλὰ πῶς αὐτοὶ μὲν ἐξαπέστελλον οἱ Λακεδαιμόνιοι τοὺς ἀκμάζοντας εἰς τὴν πατρίδα τεκνοποιίας χάριν, τοὺς δὲ Λοκροὺς τὸ παραπλήσιον οὐκ εἴων ποιεῖν; ἕκαστα δὲ τούτων οὐ μόνον κατὰ τὸ πιθανόν, <6> ἀλλὰ καὶ κατὰ τὴν ἀλήθειαν μεγάλην ἔχει διαφοράν. <7> Οὔτε γὰρ κωλύειν τοὺς Λοκροὺς ἔμελλον, αὐτοὶ τὸ ὅμοιον ποιοῦντεςἄτοπον γάροὐδὲ μὴν κελευόντων αὐτῶν οἱ Λοκροὶ πάντως ποιήσειν ἐκείνοις τὸ παραπλήσιον. <8> Παρὰ μὲν γὰρ τοῖς Λακεδαιμονίοις καὶ πάτριον ἦν καὶ σύνηθες τρεῖς ἄνδρας ἔχειν τὴν γυναῖκα καὶ τέτταρας, τοτὲ δὲ καὶ πλείους ἀδελφοὺς ὄντας, καὶ τὰ τέκνα τούτων εἶναι κοινά, καὶ γεννήσαντα παῖδας ἱκανοὺς ἐκδόσθαι γυναῖκά τινι τῶν φίλων καλὸν καὶ σύνηθες. <9> Διόπερ οἱ Λοκροὶ μήτε ταῖς ἀραῖς ὄντες ἔνοχοι μήτε τοῖς ὅρκοις, οἷς ὤμοσαν οἱ Λακεδαιμόνιοι μὴ πρότερον εἰς τὴν οἰκείαν ἐπανήξειν πρὶν τὴν Μεσσήνην κατὰ κράτος ἑλεῖν, τῆς μὲν κατὰ τὸ κοινὸν ἐξαποστολῆς εὐλόγως οὐ μετέσχον, <10> κατὰ δὲ μέρος τὰς ἐπανόδους ποιούμενοι καὶ σπανίως ἔδοσαν ἀναστροφὴν ταῖς γυναιξὶ πρὸς οἰκέτας γενέσθαι συνηθεστέραν πρὸς τοὺς ἐξ ἀρχῆς ἄνδρας, ταῖς δὲ παρθένοις καὶ μᾶλλον· καὶ τῆς ἐξαναστάσεως αἴτιον γέγονεν. — [12,6] VI. <1> Jamais, en outre, il n'y eut de traités entre les Locriens d'Italie et ceux de Grèce. Jamais ils n'ont prétendu qu'il en ait existé. <2> Mais c'est une tradition populaire qu'ils furent alliés aux Siciliens. Ils racontent même à ce sujet, qu'au moment où ils surprirent brusquement les Siciliens sur ces terres qu'à leur place ils occupent aujourd'hui, et où ce peuple, étonné de leur soudaine apparition, les reçut dans son sein par crainte; <3> un traité fut conclu en ces termes : « Les Locriens vivront en bonne intelligence avec les Siciliens et regarderont le pays comme commun aux deux nations aussi longtemps qu'ils marcheront sur cette terre et qu'ils porteront des têtes sur leurs épaules. » <4> Lorsque les conventions furent faites, les Locriens mirent de la terre sous la semelle de leurs souliers, placèrent sur leurs épaules des têtes d'ail invisibles et prêtèrent ainsi serment, <5> puis ils secouèrent la terre de leurs chaussures, les têtes d'ail de leurs épaules, et bientôt chassèrent les Siciliens du pays. <6> Telle est la tradition accréditée chez les Locriens. VIa. <1> Sur ces seules raisons, on doit adopter la doctrine d'Aristote plutôt que celle de Timée. <2> Ce qui suit dans cet historien n'est pas moins insensé. Regarder en effet comme improbable, ainsi qu'il le prétend , que les esclaves des anciens Locriens, au service de Lacédémone, <3> aient continué de témoigner aux amis de leurs maîtres les bons sentiments de ceux-ci, me semble une simplicité. Des esclaves qui ont fait une brillante fortune, essayent après quelque temps, avec plus d'ardeur que ne le feraient des hommes du même sang, de maintenir, de renouveler les rapports d'amitié, les droits d'hospitalité et de parenté que leurs maîtres leur ont transmis :<4> ils désirent effacer par là le souvenir de leur obscurité, de leur infériorité primitive, en voulant passer pour les descendants et non pour les affranchis de ceux que jadis ils servirent. VIb. <1> C'est ce qui sans doute eut lieu chez les Locriens d'Italie. Éloignés de ceux qui connaissaient leur fortune, et comptant sur l'effet des années, ils n'étaient pas assez insensés pour suivre une conduite qui pût rappeler leur ancienne obscurité, et ne point tout tenter au contraire pour en dérober le souvenir. <2> Ils donnèrent en conséquence à leur ville le nom du pays de leurs femmes, et par elles se créèrent avec les Locriens une parenté qui n'était pas ; ils renouvelèrent les amitiés et les alliances qu'elles tenaient de leurs ancêtres. <3> Que les Athéniens aient ravagé leur pays, ce n'est pas une preuve qu'on puisse alléguer contre Aristote. <4> S'il est tout naturel que les Locriens qui abandonnèrent leur pays pour venir en Italie aient recherché, fussent-ils dix fois esclaves, l'alliance de Lacédémone, il l'est aussi que les Athéniens aient pris contre eux les armes, bien moins du reste en considération de ce qu'ils avaient pu faire, que de leurs intentions malveillantes à leur égard. <5> D'accord, dira-t-on. Mais pourquoi les Lacédémoniens ont-ils renvoyé à Sparte les jeunes gens, afin de donner des enfants à la république, et n'ont-ils pas permis aux Locriens d'en faire autant? <6> Au nom de la vraisemblance, comme de la vérité, il y a là une grande différence à établir. <7> D'abord les Lacédémoniens ne pouvaient empêcher les Locriens d'agir comme eux : c'eût été absurde ; et ensuite, quand bien même ils les eussent poussés à en faire autant, ceux-ci n'eussent pas suivi la même conduite. <8> Car, à Lacédémone, c'est un usage consacré qu'une seule femme appartienne à trois ou quatre hommes, et même plus, s'ils sont frères, et que les enfants soient communs ; c'est même une chose belle et ordinaire chez eux, qu'un citoyen qui a une descendance suffisante donne sa femme à un ami. <9> Les Locriens donc, qui n'avaient prononcé ni ces imprécations ni ces serments par lesquels les Lacédémoniens s'étaient engagés à ne rentrer dans leur patrie qu'après avoir dompté la Messénie, purent sans peine s'abstenir de regagner en masse la Locride, <10> et en n'y revenant que par des détachements rares et faibles, ils donnèrent à leurs femmes le temps d'avoir commerce avec leurs esclaves ou avec des hommes déjà mariés ; ce fut le sort surtout des jeunes filles. Telle fut la cause de l'émigration.


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Dernière mise à jour : 12/03/2009