HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre XII [fragments]

Chapitre 27

  Chapitre 27

[12,27] XXVII. <1> Δυεῖν γὰρ ὄντων κατὰ φύσιν ὡς ἂν εἴ τινων ὀργάνων ἡμῖν, οἷς πάντα πυνθανόμεθα καὶ πολυπραγμονοῦμεν <ἀκοῆς καὶ ὁράσεως>, ἀληθινωτέρας δοὔσης οὐ μικρῷ τῆς ὁράσεως κατὰ τὸν Ἡράκλειτονὀφθαλμοὶ γὰρ τῶν ὤτων ἀκριβέστεροι μάρτυρεςτούτων Τίμαιος τὴν ἡδίω μέν, <2> ἥττω δὲ τῶν ὁδῶν ὥρμησε πρὸς τὸ πολυπραγμονεῖν. <3> Τῶν μὲν γὰρ διὰ τῆς ὁράσεως εἰς τέλος ἀπέστη, τῶν δὲ διὰ τῆς ἀκοῆς ἀντεποιήσατο. Καὶ ταύτης διμεροῦς οὔσης τινός, τοῦ μὲν διὰ τῶν ὑπομνημάτων ... Τὸ δὲ περὶ τὰς ἀνακρίσεις ῥᾳθύμως ἀνεστράφη, καθάπερ ἐν τοῖς ἀνώτερον ἡμῖν δεδήλωται. <4> Διἣν δαἰτίαν ταύτην ἔσχε τὴν αἵρεσιν εὐχερὲς καταμαθεῖν· ὅτι τὰ μὲν ἐκ τῶν βυβλίων δύναται πολυπραγμονεῖσθαι χωρὶς κινδύνου καὶ κακοπαθείας, ἐάν τις αὐτὸ τοῦτο προνοηθῇ μόνον ὥστε λαβεῖν πόλιν ἔχουσαν ὑπομνημάτων πλῆθος βυβλιοθήκην που γειτνιῶσαν. <5> Λοιπὸν κατακείμενον ἐρευνᾶν δεῖ τὸ ζητούμενον καὶ συγκρίνειν τὰς τῶν προγεγονότων συγγραφέων ἀγνοίας ἄνευ πάσης κακοπαθείας. <6> δὲ πολυπραγμοσύνη πολλῆς μὲν προσδεῖται ταλαιπωρίας καὶ δαπάνης, μέγα δέ τι συμβάλλεται καὶ μέγιστόν ἐστι μέρος τῆς ἱστορίας. <7> Δῆλον δὲ τοῦτἐστὶν ἐξ αὐτῶν τῶν τὰς συντάξεις πραγματευομένων. μὲν γὰρ Ἔφορός φησιν, εἰ δυνατὸν ἦν αὐτοὺς παρεῖναι πᾶσι τοῖς πράγμασι, ταύτην ἂν διαφέρειν πολὺ τῶν ἐμπειριῶν· <8> δὲ Θεόπομπος τοῦτον μὲν ἄριστον ἐν τοῖς πολεμικοῖς τὸν πλείστοις κινδύνοις παρατετευχότα, τοῦτον δὲ δυνατώτατον ἐν λόγῳ τὸν πλείστων μετεσχηκότα πολιτικῶν ἀγώνων. <9> Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον συμβαίνειν ἐπἰατρικῆς καὶ κυβερνητικῆς. <10> Ἔτι δὲ τούτων ἐμφαντικώτερον ποιητὴς εἴρηκε περὶ τούτου τοῦ μέρους. Ἐκεῖνος γὰρ βουλόμενος ὑποδεικνύειν ἡμῖν οἷον δεῖ τὸν ἄνδρα τὸν πραγματικὸν εἶναι, προθέμενος τὸ τοῦ Ὀδυσσέως πρόσωπον λέγει πως οὕτως· Ἄνδρα μοι ἔννεπε, Μοῦσα, πολύτροπον, ὃς μάλα πολλὰ πλάγχθη, καὶ προβάς, <11> Πολλῶν δἀνθρώπων ἴδεν ἄστεα καὶ νόον ἔγνω, πολλὰ δὅγἐν πόντῳ πάθεν ἄλγεα ὃν κατὰ θυμόν, καὶ ἔτι Ἀνδρῶν τε πτολέμους ἀλεγεινά τε κύματα πείρων. [12,27] XXVII. <1> Nous avons reçu de Dieu deux instruments naturels pour tout percevoir et pour tout connaître, l'ouïe et la vue ; et, suivant Héraclite, la vue est bien moins susceptible d'erreur que l'ouïe. Car les yeux sont des témoins plus exacts que les oreilles. Or, pour parvenir à la perception de la vérité, Timée a choisi la route non la meilleure, <2> mais la plus commode. <3> En effet, jusqu'à la fin, il s'abstient de la vue pour se servir uniquement de l'audition. L'audition elle-même se compose de deux choses : la lecture des annales ou informations orales ; et, comme nous l'avons dit plus haut, Timée ne se livre qu'avec négligence à cette dernière partie. <4> Pourquoi a-t-il donc préféré la lecture des annales ? Il est facile de le concevoir. Par les livres, on peut s'instruire sans danger ni fatigue, pour peu qu'on ait la précaution de choisir une ville riche en mémoires, et qu'on possède une bibliothèque voisine de soi. <5> Vous pouvez ensuite, paisiblement couché, approfondir vos recherches, comparer les fautes des historiens passés, et tout cela sans la moindre peine. <6> Au contraire, la connaissance des faits par expérience personnelle ne s'acquiert qu'à force de labeurs et de frais. Mais aussi, c'est la partie qui sert le plus à l'histoire ; c'en est la partie la plus importante. <7> Nous n'avons qu'à consulter à ce propos les historiens eux-mêmes, Éphore dit quelque part que, s'il était possible d'assister à la fois à tous les événements, cette manière de connaître l'emporterait sur toutes les autres. <8> Théopompe pensait de même ; « L'homme, dit-il, le plus habile dans la guerre est celui qui a vu le plus de combats ; le meilleur orateur est celui qui a plaidé le plus de causes, » <9> De même en médecine et dans l'art de la navigation. <10> Homère s'est expliqué d'une façon encore plus nette à ce sujet. Pour nous montrer quelles doivent être les qualités d'un homme d'État, il choisit Ulysse, Voyez comme il commence ; « Muse, dis-moi ce héros à l'esprit varié qui erra longtemps sur les mers.» Un peu plus bas il ajoute ; <11> « II parcourut les villes de beaucoup de peuples, vit leurs mœurs, et souffrit mille maux sur mer en son cœur. » Citons enfin ce vers : « Que de périls, sur le champ de bataille et sur les flots, il traversa. »


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Dernière mise à jour : 12/03/2009