[12,21] XXI. <1> Τὸ δὲ δὴ πάντων μέγιστον· ἤδη γὰρ σύνεγγυς ὄντα τοῖς
πολεμίοις αὐτὸν εἰς ὀκτὼ ποιῆσαί φησι τὸ βάθος. <2> Ἐξ οὗ δῆλον ὅτι κατ᾽
ἀνάγκην ἐπὶ τετταράκοντα σταδίους ἔδει γενέσθαι τὸ μῆκος τῆς φάλαγγος.
<3> Εἰ δ᾽ ὅλως συνήσπισαν κατὰ τὸν ποιητὴν οὕτως ὥστε συνερεῖσαι πρὸς
ἀλλήλους, ὅμως εἴκοσι σταδίων ἔδει τὸν τόπον ὑπάρχειν. <4> Αὐτὸς δέ
φησι λείπειν τῶν δεκατεττάρων σταδίων --- <5> καὶ τούτου μέρος μέν τι
πρὸς θαλάττῃ τοὺς ἡμίσεας ἐπὶ τοῦ δεξιοῦ· --- ἔτι δὲ τὴν ὅλην τάξιν ἀπὸ
τῶν ὀρῶν ἱκανὸν τόπον ἀφεστάναι πρὸς τὸ μὴ τοῖς πολεμίοις
ὑποπεπτωκέναι τοῖς κατέχουσι τὰς παρωρείας. <6> Ἵσμεν γὰρ ὃ ποιεῖ πρὸς
τούτους ἐπικάμπιον. Ὑπολειπόμεθα καὶ νῦν ἡμεῖς τοὺς μυρίους πεζούς,
πλείους ὄντας τῆς ἐκείνου προθέσεως. <7> Ὥστ᾽ ἐκ τούτων ἕνδεκα σταδίους
ἐπὶ τὸ πλεῖον ἀπολείπεσθαι τὸ τῆς φάλαγγος μῆκος κατ᾽ αὐτὸν τὸν
Καλλισθένην, ἐν οἷς ἀνάγκη τοὺς τρισμυρίους καὶ δισχιλίους ἐπὶ τριάκοντα
τὸ βάθος ὑπάρχειν συνησπικότας. <8> Ὁ δέ φησιν εἰς ὀκτὼ τεταγμένων
γενέσθαι τὴν μάχην. <9> Τὰ δὲ τοιαῦτα τῶν ἁμαρτημάτων οὐδ᾽ ἀπολογίαν
ἐπιδέχεται· τὸ γὰρ ἀδύνατον ἐν πράγμασιν αὐτόθεν ἔχει τὴν πίστιν. <10>
Διόπερ ὅταν καὶ τὰ κατ᾽ ἄνδρα διαστήματα καὶ τὸ πᾶν τοῦ τόπου μέγεθος
ὡρισμένον ὑποθῶσι καὶ τὸν ἀριθμὸν τῶν ἀνδρῶν, ἀναπολόγητον γίνεται
τὸ ψεῦδος.
| [12,21] XXI. <1> Ce qu'il y a, du reste, de plus curieux dans le récit de
Callisthène, c'est cette assertion qu'à l'approche de l'ennemi, Alexandre
donna à ses troupes huit hommes de profondeur. <2> Il est clair qu'une
telle phalange devait s'étendre sur une longueur de quarante stades. <3>
En supposant même que les rangs, comme dit le poète, fussent assez
serrés pour se toucher entre eux, il fallait que la plaine eût au moins vingt
stades; <4> mais lui-même déclara que le champ de bataille n'en avait pas
quatorze. <5> Encore une partie de ces stades était voisine de la mer;
l'autre moitié était réservée pour l'aile droite, et enfin toutes les troupes
étaient réunies à une distance suffisante des montagnes pour ne pas être
exposées aux coups des ennemis qui s'y étaient logés. <6> Alexandre, il
est vrai, avait disposé en forme de tenaille une partie de ses soldats.
Nous abandonnons, si l'on veut, pour cela, dix mille soldats, ce qui est
beaucoup plus qu'il n'est nécessaire. <7> Toujours est-il que la phalange,
pour se développer, n'avait pas plus de onze stades, suivant l'historien
lui-même, et que, dans cet étroit espace, se trouvaient ainsi entassés trente-
deux mille hommes sur trente de hauteur. <8> Il dit néanmoins qu'au
moment du combat la hauteur des colonnes était de huit hommes. <9> Ce
sont là de ces fautes qui sont sans excuse. L'impossible tout nu se réfute
par soi-même; mais l'invraisemblance que des calculs cherchent à
légitimer peut donner le change aux esprits inattentifs. <10> Aussi,
quand un historien suppute l'intervalle qui sépare chaque homme,
détermine la juste mesure du terrain et fixe le nombre des troupes, les
mensonges qu'il commet ensuite ne sauraient obtenir grâce.
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