HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre IX [fragments]

Chapitre 20

  Chapitre 20

[9,20] XX. a. Ἀτελλανός, ὡς Πολύβιος ἐνάτῃ " Ἀτελλανοὶ παρέδοσαν αὑτούς". Τῶν γὰρ Ῥωμαίων πολιορκούντων Τάραντα Βομίλκας τῶν Καρχηδονίων ναύαρχος εἰς τὸ συμμαχήσειν μετὰ δυνάμεως πλείστης καὶ μηδὲν δυνηθεὶς ἐπικουρῆσαι τοῖς ἔνδον διὰ τὸ τοὺς Ῥωμαίους ἀσφαλῶς θέσθαι τὰ περὶ τὴν στρατοπεδείαν, ἔλαθεν ἀναλώσας τὴν χορηγίαν. καὶ μετὰ παρακλήσεως πρότερον ἀφικέσθαι ἐκβιασθεὶς καὶ ὑποσχέσεων μεγάλων, ὕστερον μεθἱκετηρίας τῶν ἔνδον ἀποπλεῦσαι ἀπηναγκάσθη. XX b. <2> Ἐκρίθη μὲν οὖν διὰ τοῦτο τοῖς Ῥωμαίοις τὰ προειρημένα μετακομίζειν εἰς τὴν ἑαυτῶν πατρίδα καὶ μηδὲν ἀπολιπεῖν: <3> πότερα δὀρθῶς τοῦτο καὶ συμφερόντως αὑτοῖς ἔπραξαν τἀναντία, πολὺς ἂν εἴη λόγος, πλείων γε μὴν εἰς τὸ μὴ δεόντως σφίσι πεπρᾶχθαι μηδἀκμὴν νῦν πράττεσθαι τοῦτο τοὔργον. <4> Εἰ μὲν γὰρ ἐκ τοιούτων ὁρμηθέντες προεβίβασαν τὴν πατρίδα, δῆλον ὡς εἰκότως ταῦτα μετέφερον εἰς τὴν οἰκείαν, διὧν ηὐξήθησαν. <5> Εἰ δἁπλουστάτοις χρώμενοι βίοις καὶ πορρωτάτω τῆς ἐν τούτοις περιττότητος καὶ πολυτελείας ἀφεστῶτες ὅμως ἐπεκράτουν τούτων αἰεὶ παροἷς ὑπῆρχε πλεῖστα καὶ κάλλιστα τὰ τοιαῦτα, πῶς οὐ νομιστέον εἶναι τὸ γινόμενον ὑπαὐτῶν ἁμάρτημα; <6> τὸ γὰρ ἀπολιπόντας τὰ τῶν νικώντων ἔθη τὸν τῶν ἡττωμένων ζῆλον ἀναλαμβάνειν, προσεπιδραττομένους ἅμα καὶ τὸν ἐξακολουθοῦντα τοῖς τοιούτοις φθόνον, πάντων ἐστὶ φοβερώτατον ταῖς ὑπεροχαῖς, ὁμολογούμενον ἂν εἴποι τις εἶναι τῶν πραττόντων παράπτωμα. <7> Οὐ γὰρ οὕτως θεώμενος οὐδέποτε μακαρίζει τοὺς τἀλλότρια κεκτημένους, ὡς ἐν τῷ φθονεῖν ἅμα καί τις ἔλεος αὐτὸν ὑποτρέχει τῶν ἐξ ἀρχῆς ἀποβαλόντων. <8> Ἐπὰν δὲ καὶ προβαίνῃ τὰ τῆς εὐκαιρίας καὶ πάντα συνάγῃ πρὸς αὑτὸν τὰ τῶν ἄλλων, καὶ ταῦτα συγκαλῇ τρόπον τινὰ τοὺς ἐστερημένους ἐπὶ θέαν, διπλάσιον γίνεται τὸ κακόν. <9> Οὐ γὰρ ἔτι τοὺς πέλας ἐλεεῖν συμβαίνει τοὺς θεωμένους, ἀλλὰ σφᾶς αὐτούς, ἀναμιμνησκομένους τῶν οἰκείων συμπτωμάτων. <10> Ἐξ ὧν οὐ μόνον φθόνος, ἀλλοἷον ὀργή τις ἐκκαίεται πρὸς τοὺς εὐτυχοῦντας: γὰρ τῶν ἰδίων περιπετειῶν ἀνάμνησις ὡς ἂν εἰ προτροπή τις ἐστι πρὸς τὸ κατὰ τῶν πραξάντων μῖσος. <11> Τὸ μὲν οὖν τὸν χρυσὸν καὶ τὸν ἄργυρον ἁθροίζειν πρὸς αὑτοὺς ἴσως ἔχει τινὰ λόγον: οὐ γὰρ οἷόν τε τῶν καθόλου πραγμάτων ἀντιποιήσασθαι μὴ οὐ τοῖς μὲν ἄλλοις ἀδυναμίαν ἐνεργασαμένους, σφίσι δὲ τὴν τοιαύτην δύναμιν ἑτοιμάσαντας. <12> Τὰ δἐκτὸς ὑπάρχοντα τῆς προειρημένης δυνάμεως ἦν ἐν τοῖς ἐξ ἀρχῆς τόποις ἅμα τῷ φθόνῳ καταλιπόντας ἐνδοξοτέραν ποιεῖν τὴν σφετέραν πατρίδα, μὴ γραφαῖς καὶ τύποις, ἀλλὰ σεμνότητι καὶ μεγαλοψυχίᾳ κοσμοῦντας αὐτήν. <13> Οὐ μὴν ἀλλὰ ταῦτα μὲν εἰρήσθω μοι χάριν τῶν μεταλαμβανόντων ἀεὶ τὰς δυναστείας, ἵνα μὴ σκυλεύοντες τὰς πόλεις κόσμον ὑπολαμβάνωσιν εἶναι ταῖς ἑαυτῶν πατρίσι τὰς ἀλλοτρίας συμφοράς: Ῥωμαῖοι δὲ μετακομίσαντες τὰ προειρημένα ταῖς μὲν ἰδιωτικαῖς κατασκευαῖς τοὺς αὑτῶν ἐκόσμησαν βίους, ταῖς δὲ δημοσίαις τὰ κοινὰ τῆς πόλεως. Οὐκ ἐκ τῶν ἔξω κοσμεῖται πόλις, ἀλλἐκ τῆς τῶν οἰκούντων ἀρετῆς. [9,20] XX a. Les Atellans se livrèrent aux Romains. Tandis que les Romains assiégeaient Tarente, Amilcar, amiral carthaginois, parti de Sicile avec de nombreux vaisseaux, pour prêter main-forte à cette ville, ne put réussir dans son entreprise, en présence de l'ennemi fortement retranché dans son camp; il épuisa peu à peu les vivres de la place. Aussi ce général, dont on avait sollicité la venue et acheté le secours par de grandes promesses, se vit ensuite forcé, par les prières mêmes des Tarentins, de s'éloigner. XX b. <2> Les Romains, après la prise de Syracuse, résolurent de transporter à Rome les plus beaux ornements de cette ville sans exception. <3> Cette résolution fut-elle sage? fut-elle avantageuse ou non? C'est une question qu'on pourrait longuement discuter ; mais il est bien des raisons pour conclure que ce fut une mesure mauvaise alors, comme elle le serait encore aujourd'hui. <4> Si c'est en effet en partant de ces idées de luxe que les Romains ont porté si haut la puissance de leur patrie, il est clair qu'ils eurent raison d'accumuler chez eux ces éléments de grandeur. <5> Mais si, au contraire, c'est au moment même où ils vivaient avec une grande simplicité, où ils ignoraient ce superflu et cette magnificence aujourd'hui en honneur, qu'ils triomphèrent des nations qui en jouissaient, comment ne pas croire que leur décision au sujet de Syracuse fut une faute? <6> Abandonner ses habitudes, quand on est vainqueur, pour prendre celles des vaincus, s'exposer, par des spoliations, à l'envie, qui en est inséparable et qui est le plus redoutable fléau de la grandeur, est toujours une faute incontestable. <7> Celui qui voit enlever le bien d'autrui vante moins la fortune du ravisseur qu'il ne lui porte envie, et de plus, il a pitié des malheureux qui ont été ses victimes. <8> Que si, par de continuels succès, le peuple conquérant ramasse en son sein les richesses des autres nations; si, de plus, il invite, pour ainsi parler, au spectacle de ses dépouilles ceux-là mêmes à qui jadis elles appartenaient, le mal est double : <9> ce ne sont plus alors des étrangers qui s'apitoient sur le sort d'autrui, mais des infortunés qui, au souvenir de leurs malheurs, gémissent sur eux-mêmes, <10> et la colère, non pas seulement l'envie, s'allume en leur âme contre le vainqueur. La pensée d'un malheur personnel amène toujours avec elle la haine de celui qui l'a causé. <11> Que les Romains donc transportent chez eux l'or et l'argent étrangers dans leur trésor, c'est une chose qu'on peut facilement expliquer : ils ne pourraient jamais prétendre à l'empire du monde, s'ils ne réduisaient par de telles mesures les peuples rivaux à l'impuissance, et n'augmentaient d'autant leurs propres forces. <12> Mais en laissant là où il était, avec l'envie qu'il engendre, tout ce luxe dont leur puissance n'a que faire, en donnant à leur ville pour ornement bien moins des statues et des tableaux que des mœurs sévères et des sentiments généreux, ils pouvaient, par ce désintéressement, rendre Rome encore plus illustre que par ces rapts. <13> Je dis cela pour les peuples conquérants en général, afin qu'ils ne croient pas, quand ils dépouillent une cité ennemie, que les malheurs de cette triste ville tournent à leur gloire. Les Romains, après avoir transporté à Rome les dépouilles que j'ai dites, embellirent leurs maisons particulières des mille choses enlevées dans celles de Syracuse, et leurs édifices des ornements qui la décoraient en public. Mais ce ne sont pas les richesses dérobées à l'étranger qui parent une ville, c'est la vertu de ses habitants.


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Dernière mise à jour : 17/02/2009