[9,12] XII. <1> Τῶν δὲ προειρημένων τὰ μὲν ἐκ τριβῆς, τὰ δ᾽ ἐξ ἱστορίας, τὰ δὲ
κατ᾽ ἐμπειρίαν μεθοδικὴν θεωρεῖται. <2> Κάλλιστον μὲν οὖν τὸ γινώσκειν
αὐτὸν καὶ τὰς ὁδοὺς καὶ τὸν τόπον, ἐφ᾽ ὃν δεῖ παραγενέσθαι, καὶ τὴν φύσιν
τοῦ τόπου, πρὸς δὲ τούτοις, δι᾽ ὧν μέλλει καὶ μεθ᾽ ὧν πράττειν. <3>
Δεύτερον δ᾽ ἱστορεῖν ἐπιμελῶς καὶ μὴ πιστεύειν τοῖς τυχοῦσι: τὴν δὲ τῶν
καθηγουμένων πίστιν ἐπί τι τῶν τοιούτων ἐν τοῖς ἑπομένοις ἀεὶ δεῖ κεῖσθαι.
<4> Ταῦτα μὲν οὖν καὶ τὰ τούτοις παραπλήσια δυνατὸν ἴσως καὶ δι᾽ αὐτῆς
τῆς στρατιωτικῆς τριβῆς περιγίνεσθαι τοῖς ἡγουμένοις, τὰ μὲν ἐξ
αὐτουργίας, τὰ δ᾽ ἐξ ἱστορίας: <5> τὰ δ᾽ ἐκ τῆς ἐμπειρίας προσδεῖται
μαθήσεως καὶ θεωρημάτων, καὶ μάλιστα τῶν ἐξ ἀστρολογίας καὶ
γεωμετρίας, ὧν τὸ μὲν ἔργον οὐ μέγα πρός γε ταύτην τὴν χρείαν, τὸ δὲ
χρῆμα μέγα καὶ μεγάλα συνεργεῖν δυνάμενον πρὸς τὰς προειρημένας
ἐπιβολάς. <6> Ἀναγκαιότατον δ᾽ αὐτοῦ τὸ περὶ τὰς νυκτερινὰς θεωρίας καὶ
τὰς ἡμερινάς. Εἰ μὲν γὰρ ἴσας εἶναι συνέβαινεν ἀεὶ ταύτας, οὐδ᾽ ἧστινος ἂν
ἀσχολίας τὸ πρᾶγμα προσεδεῖτο, κοινὴ δ᾽ ἂν ἦν ἁπάντων ἡ γνῶσις: <7>
ἐπεὶ δ᾽ οὐ μόνον ἔχει τὰ προειρημένα πρὸς ἄλληλα διαφοράν, ἀλλὰ καὶ
πρὸς αὑτά, δῆλον ὡς ἀνάγκη γινώσκειν τὰς αὐξήσεις καὶ μειώσεις
ἑκατέρων. <8> Πῶς γὰρ ἄν τις εὐστοχήσειε πορείας καὶ διανύσματος
ἡμερησίου, πῶς δὲ νυκτερινοῦ, μὴ κατανοήσας τὰς τῶν προειρημένων
διαφοράς; <9> καὶ μὴν οὐδὲν πρὸς τὸν δέοντα καιρὸν ἐξικέσθαι δυνατὸν
ἄνευ τῆς τούτων ἐμπειρίας, ἀλλὰ ποτὲ μὲν ὑστερεῖν, ποτὲ δὲ προτερεῖν
ἀνάγκη. <10> Μεῖζον δὲ τὸ προτερεῖν ἐν μόνοις τούτοις ἁμάρτημα τοῦ
καθυστερεῖν: <11> ὁ μὲν γὰρ ὑπεράρας τὸν ὡρισμένον καιρὸν αὐτῆς
ἀποτυγχάνει τῆς ἐλπίδος — τὸ γὰρ γεγονὸς ἐξ ἀποστήματος ἐπιγνοὺς
αὖθις ἀπολύεται μετ᾽ ἀσφαλείας — ὁ δὲ προλαβὼν τὸν καιρόν, <12>
ἐγγίσας καὶ γνωρισθεὶς οὐ μόνον ἀποτυγχάνει τῆς ἐπιβολῆς, ἀλλὰ καὶ
κινδυνεύει τοῖς ὅλοις.
| [9,12] XII. <1> Parmi toutes ces notions, les unes sont fournies soit par la
pratique, soit par des questions faites à propos, les autres par des études
spéciales et raisonnées. <2> Le meilleur est de connaître par soi-même les
routes et les lieux où il faut se rendre, la nature de ces lieux, et les gens
qu'on doit prendre ou pour agents ou pour auxiliaires. <3> Mais on a pour
seconde ressource d'interroger, pourvu toutefois qu'on n'ajoute pas foi au
premier venu. Il est bon que la loyauté des personnes servant de guides
en ces circonstances soit constatée auprès de celles qui les suivent. <4>
Ces notions et d'autres semblables qui reposent sur l'expérience ou sur le
témoignage d'autrui sont de celles qu'un général peut tirer sans peine
d'une certaine habitude des camps. <5> Mais les connaissances qui sont
dues à l'étude demandent un enseignement théorique, et avant tout
quelques idées en astronomie et en géométrie; l'acquisition n'en est pas
fort difficile en ce qui est de l'art militaire et l'application de ces quelques
idées est d'une grande utilité et contribue puissamment au succès. <6> La
partie la plus essentielle à étudier est celle qui concerne la durée des
jours et des nuits. <7> Si cette durée était uniforme il n'y aurait pas
d'embarras, et ce serait un fait à la portée de tous, mais comme les jours
et les nuits ne diffèrent pas seulement de longueur entre eux à certaines
époques, et que cette différence existe pour tel ou tel jour, telle ou telle
nuit, il est indispensable évidemment d'apprécier quand ils augmentent ou
décroissent. <8> Comment en effet réussir dans une marche de nuit ou de
jour si on ne connaît pas ces variations? <9> Sans cette notion, il est
impossible de parvenir à temps au but qu'on se propose : on sera toujours
ou en avance ou en retard. <10> Or, arriver trop tôt est une circonstance
beaucoup plus à craindre que la faute contraire. <11> Celui qui a dépassé
le temps qu'il s'était marqué voit seulement son projet ajourné;
reconnaissant son erreur encore loin de l'ennemi, il se retire sans danger.
Mais quand on devance le moment déterminé, on risque de se laisser
reconnaître en approchant, <12> et, reconnu, de faire plus qu'échouer
dans sa tentative : on court les plus grands hasards.
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