HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre VI

Chapitre 9

  Chapitre 9

[6,9] ἐπειδὰν γάρ τις συνθεασάμενος τὸν φθόνον καὶ τὸ μῖσος κατ´ αὐτῶν τὸ παρὰ τοῖς πολίταις ὑπάρχον, κἄπειτα θαρρήσῃ λέγειν πράττειν τι κατὰ τῶν προεστώτων, πᾶν ἕτοιμον καὶ συνεργὸν λαμβάνει τὸ πλῆθος. λοιπὸν οὓς μὲν φονεύσαντες, (οὓς δὲ φυγαδεύσαντες,) οὔτε βασιλέα προΐστασθαι τολμῶσιν, ἔτι δεδιότες τὴν τῶν πρότερον ἀδικίαν, οὔτε πλείοσιν ἐπιτρέπειν τὰ κοινὰ θαρροῦσι, παρὰ πόδας αὐτοῖς οὔσης τῆς πρότερον ἀγνοίας, μόνης δὲ σφίσι καταλειπομένης ἐλπίδος ἀκεραίου τῆς ἐν αὑτοῖς ἐπὶ ταύτην καταφέρονται, καὶ τὴν μὲν πολιτείαν ἐξ ὀλιγαρχικῆς δημοκρατίαν ἐποίησαν, τὴν δὲ τῶν κοινῶν πρόνοιαν καὶ πίστιν εἰς σφᾶς αὐτοὺς ἀνέλαβον. καὶ μέχρι μὲν ἂν ἔτι σῴζωνταί τινες τῶν ὑπεροχῆς καὶ δυναστείας πεῖραν εἰληφότων, ἀσμενίζοντες τῇ παρούσῃ καταστάσει περὶ πλείστου ποιοῦνται τὴν ἰσηγορίαν καὶ τὴν παρρησίαν· ὅταν δ´ ἐπιγένωνται νέοι καὶ παισὶ παίδων πάλιν δημοκρατία παραδοθῇ, τότ´ οὐκέτι διὰ τὸ σύνηθες ἐν μεγάλῳ τιθέμενοι τὸ τῆς ἰσηγορίας καὶ παρρησίας ζητοῦσι πλέον ἔχειν τῶν πολλῶν· μάλιστα δ´ εἰς τοῦτ´ ἐμπίπτουσιν οἱ ταῖς οὐσίαις ὑπερέχοντες. λοιπὸν ὅταν ὁρμήσωσιν ἐπὶ τὸ φιλαρχεῖν καὶ μὴ δύνωνται δι´ αὑτῶν καὶ διὰ τῆς ἰδίας ἀρετῆς τυγχάνειν τούτων, διαφθείρουσι τὰς οὐσίας, δελεάζοντες καὶ λυμαινόμενοι τὰ πλήθη κατὰ πάντα τρόπον. ἐξ ὧν ὅταν ἅπαξ δωροδόκους καὶ δωροφάγους κατασκευάσωσι τοὺς πολλοὺς διὰ τὴν ἄφρονα δοξοφαγίαν, τότ´ ἤδη πάλιν τὸ μὲν τῆς δημοκρατίας καταλύεται, μεθίσταται δ´ εἰς βίαν καὶ χειροκρατίαν δημοκρατία. συνειθισμένον γὰρ τὸ πλῆθος ἐσθίειν τὰ ἀλλότρια καὶ τὰς ἐλπίδας ἔχειν τοῦ ζῆν ἐπὶ τοῖς τῶν πέλας, ὅταν λάβῃ προστάτην μεγαλόφρονα καὶ τολμηρόν, ἐκκλειόμενον δὲ διὰ πενίαν τῶν ἐν τῇ πολιτείᾳ τιμίων, τότε δὴ χειροκρατίαν ἀποτελεῖ, καὶ τότε συναθροιζόμενον ποιεῖ σφαγάς, φυγάς, γῆς ἀναδασμούς, ἕως ἂν ἀποτεθηριωμένον πάλιν εὕρῃ δεσπότην καὶ μόναρχον. Αὕτη πολιτειῶν ἀνακύκλωσις, αὕτη φύσεως οἰκονομία, καθ´ ἣν μεταβάλλει καὶ μεθίσταται καὶ πάλιν εἰς αὑτὰ καταντᾷ τὰ κατὰ τὰς πολιτείας. ταῦτά τις σαφῶς ἐπεγνωκὼς χρόνοις μὲν ἴσως διαμαρτήσεται λέγων ὑπὲρ τοῦ μέλλοντος περὶ πολιτείας, τὸ δὲ ποῦ τῆς αὐξήσεως ἕκαστόν ἐστιν τῆς φθορᾶς ποῦ μεταστήσεται σπανίως ἂν διασφάλλοιτο, χωρὶς ὀργῆς φθόνου ποιούμενος τὴν ἀπόφασιν. καὶ μὴν περί γε τῆς Ῥωμαίων πολιτείας κατὰ ταύτην τὴν ἐπίστασιν μάλιστ´ ἂν ἔλθοιμεν εἰς γνῶσιν καὶ τῆς συστάσεως καὶ τῆς αὐξήσεως καὶ τῆς ἀκμῆς, ὁμοίως δὲ καὶ τῆς εἰς τοὔμπαλιν ἐσομένης ἐκ τούτων μεταβολῆς· εἰ γάρ τινα καὶ ἑτέραν πολιτείαν, ὡς ἀρτίως εἶπα, καὶ ταύτην συμβαίνει, κατὰ φύσιν ἀπ´ ἀρχῆς ἔχουσαν τὴν σύστασιν καὶ τὴν αὔξησιν, κατὰ φύσιν ἕξειν καὶ τὴν εἰς τἀναντία μεταβολήν. σκοπεῖν δ´ ἐξέσται διὰ τῶν μετὰ ταῦτα ῥηθησομένων. [6,9] IX. — Il suffit en effet qu'un citoyen se rende compte de la jalousie et de la haine qu'inspirent les grands, puis qu'il ait le courage de les attaquer par ses paroles ou par ses actes, pour que tous se rangent à ses côtés et lui accordent leur concours. Mais une fois que le peuple a massacré ou exilé ses oppresseurs, il hésite soit à nommer un roi, parce qu'il craindrait de voir renaître les crimes de la monarchie, soit à déléguer le pouvoir à quelques hommes, parce qu'il a encore devant les yeux les désordres récents. Il ne lui reste donc plus d'espoir qu'en lui-même. Il s'y livre; à l'oligarchie succède la démocratie et ce sont les citoyens eux-mêmes qui se chargent d'administrer les affaires publiques. Tant qu'il y en a encore parmi eux qui savent par expérience ce qu'est le despotisme d'une autorité absolue, on est satisfait de la situation présente, on ne voit rien de préférable à l'égalité et à la liberté ; mais quand arrive une génération nouvelle, puis que la démocratie tombe aux mains des petits-enfants de ses fondateurs, ceux-ci, trop accoutumés à l'égalité et à la liberté, n'apprécient plus ces biens à la même valeur; chacun cherche à dominer les autres. Ceux qui sont les plus riches, surtout, tombent dans cet excès : ils ambitionnent le pouvoir et, ne pouvant y arriver par leur propre mérite, ils dissipent toute leur fortune pour séduire ou corrompre le peuple par tous les moyens. Quand, par leur absurde passion des honneurs, ils ont rendu le peuple avide et insatiable de largesses, c'est la ruine de la démocratie, c'est l'avènement de la violence et de la force brutale. Car lorsque la foule est habituée à vivre sur le bien d'autrui et à s'en remettre au prochain du soin d'assurer sa subsistance, il suffit qu'elle trouve un chef ambitieux et audacieux, mais que sa pauvreté exclut des hautes fonctions publiques ; et c'est le triomphe de la force, c'est la lutte des partis, avec ses massacres, ses proscriptions, ses partages de terres, jusqu'à ce que, dans ce règne de la terreur, le peuple trouve de nouveau un maître, qui rétablira la monarchie. Tel est le cycle complet des régimes politiques, telle est la succession naturelle qui les modifie, qui les transforme, qui en amène le retour. Si l'on possède bien ces notions, on peut se tromper sur le temps, quand on veut prédire l'avenir d'un état ; mais quand il s'agit de déterminer à quel point de développement ou de décadence il est parvenu, ou quels changements il doit subir, il est rare qu'on commette une erreur, pourvu qu'on juge sans passion et sans préjugé. C'est surtout en étudiant suivant cette méthode la constitution de Rome que nous arriverons à en connaître les origines, les progrès, l'apogée, et aussi les transformations éventuelles ; car plus que toute autre, comme je l'ai dit un peu plus haut, elle s'est toujours formée et développée selon les lois de la nature, et c'est selon ces mêmes lois que s'opéreront ses révolutions futures. On le verra mieux par ce qui va suivre.


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Dernière mise à jour : 2/05/2006