HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre VI

Chapitre 10

  Chapitre 10

[6,10] Νῦν δ´ ἐπὶ βραχὺ ποιησόμεθα μνήμην ὑπὲρ τῆς Λυκούργου νομοθεσίας· ἔστι γὰρ οὐκ ἀνοίκειος λόγος τῆς προθέσεως. ἐκεῖνος γὰρ ἕκαστα τῶν προειρημένων συννοήσας ἀναγκαίως καὶ φυσικῶς ἐπιτελούμενα καὶ συλλογισάμενος ὅτι πᾶν εἶδος πολιτείας ἁπλοῦν καὶ κατὰ μίαν συνεστηκὸς δύναμιν ἐπισφαλὲς γίνεται διὰ τὸ ταχέως εἰς τὴν οἰκείαν καὶ φύσει παρεπομένην ἐκτρέπεσθαι κακίαν· καθάπερ γὰρ σιδήρῳ μὲν ἰός, ξύλοις δὲ θρῖπες καὶ τερηδόνες συμφυεῖς εἰσι λῦμαι, δι´ ὧν, κἂν πάσας τὰς ἔξωθεν διαφύγωσι βλάβας, ὑπ´ αὐτῶν φθείρονται τῶν συγγενομένων, τὸν αὐτὸν τρόπον καὶ τῶν πολιτειῶν συγγεννᾶται κατὰ φύσιν ἑκάστῃ καὶ παρέπεταί τις κακία, βασιλείᾳ μὲν μοναρχικὸς λεγόμενος τρόπος, ἀριστοκρατίᾳ δ´ τῆς ὀλιγαρχίας, δημοκρατίᾳ δ´ θηριώδης καὶ χειροκρατικός, εἰς οὓς οὐχ οἷόν τε μὴ οὐ πάντα τὰ προειρημένα σὺν χρόνῳ ποιεῖσθαι τὰς μεταστάσεις κατὰ τὸν ἄρτι λόγον. προϊδόμενος Λυκοῦργος οὐχ ἁπλῆν οὐδὲ μονοειδῆ συνεστήσατο τὴν πολιτείαν, ἀλλὰ πάσας ὁμοῦ συνήθροιζε τὰς ἀρετὰς καὶ τὰς ἰδιότητας τῶν ἀρίστων πολιτευμάτων, ἵνα μηδὲν αὐξανόμενον ὑπὲρ τὸ δέον εἰς τὰς συμφυεῖς ἐκτρέπηται κακίας, ἀντισπωμένης δὲ τῆς ἑκάστου δυνάμεως ὑπ´ ἀλλήλων μηδαμοῦ νεύῃ μηδ´ ἐπὶ πολὺ καταρρέπῃ μηδὲν αὐτῶν, ἀλλ´ ἰσορροποῦν καὶ ζυγοστατούμενον ἐπὶ πολὺ διαμένῃ κατὰ τὸν τῆς ἀντιπλοίας λόγον ἀεὶ τὸ πολίτευμα, τῆς μὲν βασιλείας κωλυομένης ὑπερηφανεῖν διὰ τὸν ἀπὸ τοῦ δήμου φόβον, δεδομένης καὶ τούτῳ μερίδος ἱκανῆς ἐν τῇ πολιτείᾳ, τοῦ δὲ δήμου πάλιν μὴ θαρροῦντος καταφρονεῖν τῶν βασιλέων διὰ τὸν ἀπὸ τῶν γερόντων φόβον, οἳ κατ´ ἐκλογὴν ἀριστίνδην κεκριμένοι πάντες ἔμελλον ἀεὶ τῷ δικαίῳ προσνέμειν ἑαυτούς, ὥστε τὴν τῶν ἐλαττουμένων μερίδα διὰ τὸ τοῖς ἔθεσιν ἐμμένειν, ταύτην ἀεὶ γίνεσθαι μείζω καὶ βαρυτέραν τῇ τῶν γερόντων προσκλίσει καὶ ῥοπῇ. τοιγαροῦν οὕτως συστησάμενος πλεῖστον ὧν ἡμεῖς ἴσμεν χρόνον διεφύλαξε τοῖς Λακεδαιμονίοις τὴν ἐλευθερίαν. Ἐκεῖνος μὲν οὖν λόγῳ τινὶ προϊδόμενος πόθεν ἕκαστα καὶ πῶς πέφυκε συμβαίνειν, ἀβλαβῶς συνεστήσατο τὴν προειρημένην πολιτείαν· Ῥωμαῖοι δὲ τὸ μὲν τέλος ταὐτὸ πεποίηνται τῆς ἐν τῇ πατρίδι καταστάσεως, οὐ μὴν διὰ λόγου, διὰ δὲ πολλῶν ἀγώνων καὶ πραγμάτων, ἐξ αὐτῆς ἀεὶ τῆς ἐν ταῖς περιπετείαις ἐπιγνώσεως αἱρούμενοι τὸ βέλτιον, οὕτως ἦλθον ἐπὶ ταὐτὸ μὲν Λυκούργῳ τέλος, κάλλιστον δὲ σύστημα τῶν καθ´ ἡμᾶς πολιτειῶν. {lacune} [6,10] X. — Il nous faut maintenant dire quelques mots de la législation de Lycurgue ; car cette question n'est pas étrangère à notre sujet. Il avait remarqué que l'évolution dont j'ai fait l'exposé s'accomplissait naturellement, nécessairement, et considérait que tout régime simple, fondé sur un seul principe, était instable, parce qu'il tombe rapidement dans l'excès qui lui est particulier et inhérent. Il est fatal que la rouille attaque le fer et les vers le bois ; on a beau les préserver de tous les agents nuisibles du dehors, ils sont détruits par ceux qu'ils portent en eux-mêmes. Or il en est de même pour les formes de gouvernement : chacune contient en soi un germe corrupteur que la nature y a placé ; pour la royauté, c'est la monarchie ; pour l'aristocratie, l'oligarchie; pour la démocratie, la démagogie et ses fureurs ; et il est impossible, dans chacun de ces cas, que la première forme ne finisse pas par dégénérer en la seconde, comme je l'ai montré précédemment. C'est ce qu'avait vu Lycurgue ; aussi n'a-t-il pas établi une constitution simple et uniforme ; mais il a combiné toutes les qualités et les propriétés des meilleurs régimes, pour qu'aucun d'eux, prenant une prépondérance excessive, ne tombât dans le défaut qui lui est inhérent il a voulu compenser l'action de chacun par celle des autres, pour éviter que l'un d'eux ne rompît l'équilibre et ne fît pencher la balance de son côté ; cet équilibre, il l'a établi et maintenu par le jeu des forces contraires il a gouverné l'État comme un navire que des mouvements en sens divers tiennent d'aplomb sur l'eau. Une chose empêchait la royauté d'abuser de son autorité, c'était la crainte du peuple, qui détenait aussi une part du pouvoir ; le peuple, de son côté, était retenu dans le respect qu'il devait aux rois par la crainte du Sénat, qui, composé d'une élite soigneusement choisie, ne pouvait manquer d'embrasser la cause de la justice de sorte que le parti qui était le plus faible, mais qui avait su rester dans sa légalité, redevenait toujours le plus fort et le plus puissant, grâce à l'appui du Sénat, qui faisait pencher la balance en sa faveur. Telles sont les dispositions par lesquelles Lycurgue a assuré à Lacédémone une liberté plus durable que celle dont aucun peuple a jamais joui à notre connaissance. C'est en découvrant par le raisonnement les sources d'où naît chaque régime et la manière dont il se forme qu'il a pu établir sa constitution sans faire aucune expérience coûteuse. Quant aux Romains, s'ils ont fini par réaliser le même idéal dans le gouvernement de leur patrie, ce n'est pas par un simple raisonnement qu'ils y sont arrivés ; c'est au milieu des combats et des difficultés qu'ils ont appris, par expérience et à leurs dépens, quel était le meilleur parti à suivre; c'est ainsi qu'ils sont parvenus au même résultat que Lycurgue et qu'ils ont établi la constitution la plus parfaite qui nous soit connue. {lacune}


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Dernière mise à jour : 2/05/2006