| [6,11] Ὅτι ἀπὸ τῆς Ξέρξου διαβάσεως εἰς τὴν Ἑλλάδα
 - - - καὶ τριάκοντα ἔτεσιν ὕστερον ἀπὸ τούτων τῶν
 καιρῶν ἀεὶ τῶν κατὰ μέρος προδιευκρινουμένων ἦν
 καὶ κάλλιστον καὶ τέλειον ἐν τοῖς Ἀννιβιακοῖς καιροῖς, 
 ἀφ´ ὧν ἡμεῖς εἰς ταῦτα τὴν ἐκτροπὴν ἐποιησάμεθα. 
 διὸ καὶ τὸν ὑπὲρ τῆς συστάσεως αὐτοῦ
 λόγον ἀποδεδωκότες πειρασόμεθα νῦν ἤδη διασαφεῖν
 ὁποῖόν τι κατ´ ἐκείνους ὑπῆρχε τοὺς καιρούς, ἐν οἷς
 λειφθέντες τῇ περὶ Κάνναν μάχῃ τοῖς ὅλοις ἔπταισαν 
 πράγμασιν. οὐκ ἀγνοῶ δὲ διότι τοῖς ἐξ αὐτῆς
 τῆς πολιτείας ὁρμωμένοις ἐλλιπεστέραν φανησόμεθα 
 ποιεῖσθαι τὴν ἐξήγησιν, ἔνια παραλιπόντες τῶν κατὰ
 μέρος· πᾶν γὰρ ἐπιγινώσκοντες καὶ παντὸς πεῖραν
 εἰληφότες διὰ τὴν ἐκ παίδων τοῖς ἔθεσι καὶ νομίμοις 
 συντροφίαν οὐ τὸ λεγόμενον θαυμάσουσιν ἀλλὰ
 τὸ παραλειπόμενον ἐπιζητήσουσιν, οὐδὲ κατὰ πρόθεσιν 
 ὑπολήψονται τὸν γράφοντα παραλιπεῖν τὰς
 μικρὰς διαφοράς, ἀλλὰ κατ´ ἄγνοιαν παρασιωπᾶν
 τὰς ἀρχὰς καὶ τὰ συνέχοντα τῶν πραγμάτων. καὶ
 ῥηθέντα μὲν οὐκ ἂν ἐθαύμαζον ὡς ὄντα μικρὰ καὶ
 πάρεργα, παραλειπόμενα δ´ ἐπιζητοῦσιν ὡς ἀναγκαῖα,
 βουλόμενοι δοκεῖν αὐτοὶ πλέον εἰδέναι τῶν συγγραφέων. 
 δεῖ δὲ τὸν ἀγαθὸν κριτὴν οὐκ ἐκ τῶν
 παραλειπομένων δοκιμάζειν τοὺς γράφοντας, ἀλλ´
 ἐκ τῶν λεγομένων, κἂν μὲν ἐν τούτοις τι λαμβάνῃ
 ψεῦδος, εἰδέναι διότι κἀκεῖνα παραλείπεται δι´ ἄγνοιαν, 
 ἐὰν δὲ πᾶν τὸ λεγόμενον ἀληθὲς ᾖ, συγχωρεῖν διότι κἀκεῖνα 
 παρασιωπᾶται κατὰ κρίσιν, οὐ κατ´ ἄγνοιαν. 
{lacune}
 Ἦν μὲν δὴ τρία μέρη τὰ κρατοῦντα τῆς πολιτείας, 
 ἅπερ εἶπα πρότερον ἅπαντα· οὕτως δὲ πάντα 
 κατὰ μέρος ἴσως καὶ πρεπόντως συνετέτακτο καὶ
 διῳκεῖτο διὰ τούτων ὥστε μηδένα ποτ´ ἂν εἰπεῖν
 δύνασθαι βεβαίως μηδὲ τῶν ἐγχωρίων πότερ´ ἀριστοκρατικὸν 
 τὸ πολίτευμα σύμπαν ἢ δημοκρατικὸν
 ἢ μοναρχικόν. καὶ τοῦτ´ εἰκὸς ἦν πάσχειν. ὅτε
 μὲν γὰρ εἰς τὴν τῶν ὑπάτων ἀτενίσαιμεν ἐξουσίαν,
 τελείως μοναρχικὸν ἐφαίνετ´ εἶναι καὶ βασιλικόν, ὅτε
 δ´ εἰς τὴν τῆς συγκλήτου, πάλιν ἀριστοκρατικόν·
 καὶ μὴν εἰ τὴν τῶν πολλῶν ἐξουσίαν θεωροίη τις,
 ἐδόκει σαφῶς εἶναι δημοκρατικόν. ὧν δ´ ἕκαστον
 εἶδος μερῶν τῆς πολιτείας ἐπεκράτει, καὶ τότε καὶ
 νῦν ἔτι πλὴν ὀλίγων τινῶν ταῦτ´ ἐστίν.
 | [6,11] XI. A partir de l'époque où Xerxès envahit la 
Grèce, c'est-à-dire une trentaine d'années après la 
crise qui divise l'histoire romaine en deux grandes 
périodes, la constitution de Rome fut admirable ; 
elle atteignit sa perfection du temps d'Hannibal, d'où 
nous sommes partis pour faire cette digression. Aussi, 
après en avoir étudié le développement, allons-nous 
essayer de la décrire telle qu'elle était au moment où 
les Romains furent écrasés à la bataille de Cannes. Je 
ne dissimule pas que les hommes nés sous ce régime
trouveront mon exposé très incomplet, parce que 
j'aurai omis quelques détails ; ces gens, qui le connaissent 
à fond et qui ont l'expérience de ses moindres 
dispositions, puisque dès leur enfance ils ont été élevés 
au sein des institutions et des lois de leur pays, ne songeront 
pas à admirer ce que j'en aurai dit, mais à 
rechercher ce que j'aurai pu en oublier ; ils ne supposeront 
pas que l'auteur a négligé à dessein les questions 
secondaires, mais ils l'accuseront d'avoir, par ignorance, 
passé sous silence les origines et les liaisons des 
faits. Pour paraître en savoir plus que l'historien, ils 
regarderont comme insignifiants et sans importance 
les points qu'il aura traités, mais ils déclareront essentiels 
ceux qu'il aura laissés de côté. Un bon juge, 
cependant, doit apprécier un écrivain non d'après ce 
qu'il a omis, mais d'après ce qu'il a dit; si l'on relève 
chez lui des erreurs, on est en droit d'attribuer à son 
ignorance les lacunes de ses ouvrages ; mais si tout 
ce qu'il avance est exact, on doit reconnaître que c'est 
à bon escient qu'il a négligé certains détails, et non par ignorance.
{lacune}
Les trois formes de gouvernement dont j'ai parlé 
plus haut se trouvaient amalgamées dans la constitution 
romaine, et la part de chacune était si exactement calculée, 
tout y était si équitablement combiné, 
que personne, même parmi les Romains, n'aurait pu 
déclarer si c'était une aristocratie, une démocratie ou 
une monarchie. Cette indécision était d'ailleurs très 
naturelle : à examiner les pouvoirs des consuls, on eût 
dit un régime monarchique, une royauté ; à en juger 
par ceux du Sénat, c'était une aristocratie ; enfin, si 
l'on considérait les droits du peuple, il semblait bien 
que ce fût une démocratie. Voici quelles étaient les 
prérogatives dont jouissait alors chacun de ces trois 
ordres et qu'ils ont, à peu de chose près, conservées 
jusqu'à nos jours.
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