HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre VI

Chapitre 56

  Chapitre 56

[6,56] Καὶ μὴν τὰ περὶ τοὺς χρηματισμοὺς ἔθη καὶ νόμιμα βελτίω παρὰ Ῥωμαίοις ἐστὶν παρὰ Καρχηδονίοις παρ´ οἷς μὲν γὰρ οὐδὲν αἰσχρὸν τῶν ἀνηκόντων πρὸς κέρδος, παρ´ οἷς δ´ οὐδὲν αἴσχιον τοῦ δωροδοκεῖσθαι καὶ τοῦ πλεονεκτεῖν ἀπὸ τῶν μὴ καθηκόντων καθ´ ὅσον γὰρ ἐν καλῷ τίθενται τὸν ἀπὸ τοῦ κρατίστου χρηματισμόν, κατὰ τοσοῦτο πάλιν ἐν ὀνείδει ποιοῦνται τὴν ἐκ τῶν ἀπειρημένων πλεονεξίαν. σημεῖον δὲ τοῦτο· παρὰ μὲν Καρχηδονίοις δῶρα φανερῶς διδόντες λαμβάνουσι τὰς ἀρχάς, παρὰ δὲ Ῥωμαίοις θάνατός ἐστι περὶ τοῦτο πρόστιμον. ὅθεν τῶν ἄθλων τῆς ἀρετῆς ἐναντίων τιθεμένων παρ´ ἀμφοῖν, εἰκὸς ἀνόμοιον εἶναι καὶ τὴν παρασκευὴν ἑκατέρων πρὸς ταῦτα. Μεγίστην δέ μοι δοκεῖ διαφορὰν ἔχειν τὸ Ῥωμαίων πολίτευμα πρὸς βέλτιον ἐν τῇ περὶ θεῶν διαλήψει. καί μοι δοκεῖ τὸ παρὰ τοῖς ἄλλοις ἀνθρώποις ὀνειδιζόμενον, τοῦτο συνέχειν τὰ Ῥωμαίων πράγματα, λέγω δὲ τὴν δεισιδαιμονίαν· ἐπὶ τοσοῦτον γὰρ ἐκτετραγῴδηται καὶ παρεισῆκται τοῦτο τὸ μέρος παρ´ αὐτοῖς εἴς τε τοὺς κατ´ ἰδίαν βίους καὶ τὰ κοινὰ τῆς πόλεως ὥστε μὴ καταλιπεῖν ὑπερβολήν. καὶ δόξειεν ἂν πολλοῖς εἶναι θαυμάσιον. ἐμοί γε μὴν δοκοῦσι τοῦ πλήθους χάριν τοῦτο πεποιηκέναι. εἰ μὲν γὰρ ἦν σοφῶν ἀνδρῶν πολίτευμα συναγαγεῖν, ἴσως οὐδὲν ἦν ἀναγκαῖος τοιοῦτος τρόπος· ἐπεὶ δὲ πᾶν πλῆθός ἐστιν ἐλαφρὸν καὶ πλῆρες ἐπιθυμιῶν παρανόμων, ὀργῆς ἀλόγου, θυμοῦ βιαίου, λείπεται τοῖς ἀδήλοις φόβοις καὶ τῇ τοιαύτῃ τραγῳδίᾳ τὰ πλήθη συνέχειν. διόπερ οἱ παλαιοὶ δοκοῦσί μοι τὰς περὶ θεῶν ἐννοίας καὶ τὰς ὑπὲρ τῶν ἐν ᾅδου διαλήψεις οὐκ εἰκῇ καὶ ὡς ἔτυχεν εἰς τὰ πλήθη παρεισαγαγεῖν, πολὺ δὲ μᾶλλον οἱ νῦν εἰκῇ καὶ ἀλόγως ἐκβάλλειν αὐτά. τοιγαροῦν χωρὶς τῶν ἄλλων οἱ τὰ κοινὰ χειρίζοντες παρὰ μὲν τοῖς Ἕλλησιν, ἐὰν ταλάντου μόνον πιστευθῶσιν, ἀντιγραφεῖς ἔχοντες δέκα καὶ σφραγῖδας τοσαύτας καὶ μάρτυρας διπλασίους οὐ δύνανται τηρεῖν τὴν πίστιν· παρὰ δὲ Ῥωμαίοις κατά τε τὰς ἀρχὰς καὶ πρεσβείας πολύ τι πλῆθος χρημάτων χειρίζοντες δι´ αὐτῆς τῆς κατὰ τὸν ὅρκον πίστεως τηροῦσι τὸ καθῆκον. καὶ παρὰ μὲν τοῖς ἄλλοις σπάνιόν ἐστιν εὑρεῖν ἀπεχόμενον ἄνδρα τῶν δημοσίων καὶ καθαρεύοντα περὶ ταῦτα· παρὰ δὲ τοῖς Ῥωμαίοις σπάνιόν ἐστι τὸ λαβεῖν τινα πεφωραμένον ἐπὶ τοιαύτῃ πράξει. [6,56] LVI. — En ce qui concerne les moyens de s'enrichir, les moeurs et les lois de Rome sont encore préférables à celles de Carthage. Les Carthaginois ne regardent. jamais comme honteuse une action qui rapporte de l'argent; les Romains, au contraire, ne voient rien de plus vil que de se laisser corrompre ou de faire un gain illicite ; autant ils estiment la richesse honnêtement acquise, autant ils trouvent déshonorants les profits illégitimes. En voici une preuve : à Carthage, les dignités s'achètent ouvertement; à Rome, c'est là un crime qui entraîne la peine de mort. Comme chez les deux peuples les récompenses qu'on décerne au mérite sont de nature toute contraire, il est logique qu'on use, pour les obtenir, de procédés très différents. Une des plus grandes supériorités de la constitution romaine, c'est sa conception de la divinité. Une chose qu'on blâme chez les autres hommes, je veux dire la superstition, fait la force de l'empire romain. Cette forme de la religion a pris à Rome, dans la vie privée et publique, l'importance et l'influence les plus considérables qu'on puisse imaginer. Bien des gens pourront s'en étonner ; mais je crois, pour ma part, qu'en développant ce sentiment on songeait surtout au peuple. Dans un état qui ne serait composé que de sages, cette précaution ne serait peut-être pas nécessaire ; mais comme toute foule est pleine d'inconstance, de passions déréglées, de colères violentes et irréfléchies, on ne peut la tenir que par la crainte d'êtres invisibles et par toute espèce de fictions. Aussi n'est-ce pas à la légère et sans raison, à mon avis, que les anciens ont répandu parmi le peuple toutes ces idées sur les dieux et ces croyances relatives aux enfers ; c'est plutôt de nos jours qu'on manque de discernement et de prudence en les combattant. Voyez, pour nous borner à cet exemple, les gens qui ont à manier les fonds publics; chez les Grecs, si on leur confie seulement un talent, on aura beau faire dix contrôles, exiger dix sceaux, prendre vingt témoins, ils seront incapables de remplir honnêtement leurs fonctions ; chez les Romains, les magistrats ou les ambassadeurs peuvent avoir à leur disposition des sommes considérables : par simple respect de leur serment, ils se montrent d'une parfaite intégrité. Chez les uns, il est rare de trouver un homme assez scru- puleux pour ne pas toucher aux biens de l'État ; chez les autres, il est rare qu'un citoyen soit convaincu d'une pareille indélicatesse.


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Dernière mise à jour : 2/05/2006