[6,50] Τίνος οὖν χάριν εἰς ταῦτα παρεξέβην; ἵνα γένηται
δι´ αὐτῶν τῶν πραγμάτων συμφανὲς ὅτι πρὸς
μὲν τὸ τὰ σφέτερα βεβαίως διαφυλάττειν καὶ πρὸς
τὸ τὴν ἐλευθερίαν τηρεῖν αὐτάρκης ἐστὶν ἡ Λυκούργου
νομοθεσία, καὶ τοῖς γε τοῦτο τὸ τέλος ἀποδεχομένοις
τῆς πολιτείας συγχωρητέον ὡς οὔτ´ ἔστιν
οὔτε γέγονεν οὐδὲν αἱρετώτερον τοῦ Λακωνικοῦ
καταστήματος καὶ συντάγματος. εἰ δέ τις μειζόνων
ἐφίεται, κἀκείνου κάλλιον καὶ σεμνότερον εἶναι νομίζει
τὸ πολλῶν μὲν ἡγεῖσθαι, πολλῶν δ´ ἐπικρατεῖν
καὶ δεσπόζειν, πάντας δ´ εἰς αὐτὸν ἀποβλέπειν
καὶ νεύειν πρὸς αὐτόν, τῇδέ πῃ συγχωρητέον τὸ
μὲν Λακωνικὸν ἐνδεὲς εἶναι πολίτευμα, τὸ δὲ Ῥωμαίων
διαφέρειν καὶ δυναμικωτέραν ἔχειν τὴν σύστασιν.
δῆλον δὲ τοῦτ´ ἐξ αὐτῶν γέγονε τῶν πραγμάτων.
Λακεδαιμόνιοι μὲν γὰρ ὁρμήσαντες ἐπὶ τὸ
κατακτᾶσθαι τὴν τῶν Ἑλλήνων ἡγεμονίαν, ταχέως
ἐκινδύνευσαν καὶ περὶ τῆς σφετέρας ἐλευθερίας·
Ῥωμαῖοι δὲ τῆς Ἰταλιωτῶν αὐτῶν ἐπιλαβόμενοι δυναστείας,
ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ πᾶσαν ὑφ´ ἑαυτοὺς ἐποιήσαντο
τὴν οἰκουμένην, οὐ μικρὰ πρὸς τὸ καθικέσθαι
τῆς πράξεως ταύτης συμβαλλομένης αὐτοῖς
τῆς εὐπορίας καὶ τῆς ἑτοιμότητος τῆς κατὰ τὰς χορηγίας.
| [6,50] L. — Pourquoi ai-je fait cette digression ? C'est
pour bien montrer, par les faits eux-mêmes, les avantages
et les lacunes de la législation de Lycurgue. Elle
ne laisse rien à désirer, tant qu'il ne s'agit que de
conserver ce qu'on possède et de sauvegarder sa liberté;
et il faut concéder à ceux qui se contenteraient de cet
idéal pour une constitution qu'il n'y a pas et qu'il n'y
a jamais eu de système de gouvernement préférable à
celui de Lacédémone. Mais si l'on porte plus loin ses
désirs, si l'on trouve encore plus beau et plus noble de
fonder un vaste empire, de ranger une foule de peuples
sous son autorité, d'attirer sur soi les regards et ia
pensée de tous les hommes, il faut avouer alors que
la constitution de Sparte est très imparfaite et que celle
de Rome lui est bien supérieure à ce point de vue. C'est
ce qui résulte, disais-je, des faits eux-mêmes: les
Lacédémoniens ont essayé d'établir leur hégémonie en
Grèce, et bientôt ils ont tremblé pour leur propre
indépendance ; les Romains au contraire, une fois maîtres
de l'Italie, ont en peu de temps étendu leur domination
sur la terre entière, puissamment secondés dans l'exécution
de leurs projets par l'abondance de leurs ressources
et par l'avantage de les avoir à leur portée.
|