HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre IV

Chapitre 41

  Chapitre 41

[4,41] τοῦ γὰρ Ἴστρου πλείοσι στόμασιν ἀπὸ τῆς Εὐρώπης εἰς τὸν Πόντον εἰσβάλλοντος, συμβαίνει πρὸς τοῦτον σχεδὸν ἐπὶ χίλια στάδια συνεστάναι ταινίαν ἡμέρας δρόμον ἀπέχουσαν τῆς γῆς {ἥτις νῦν συνέστηκεν} ἐκ τῆς τοῖς στόμασιν εἰσφερομένης ἰλύος· ἐφ´ ἣν ἔτι πελάγιοι τρέχοντες οἱ πλέοντες τὸν Πόντον λανθάνουσιν ἐποκέλλοντες νυκτὸς ἐπὶ τοὺς τόπους. καλοῦσι δ´ αὐτοὺς οἱ ναυτικοὶ Στήθη. τοῦ δὲ μὴ παρ´ αὐτὴν συνίστασθαι τὴν γῆν, ἀλλ´ ἐπὶ τὸ πολὺ προωθεῖσθαι τὸν χοῦν, ταύτην νομιστέον εἶναι τὴν αἰτίαν. ἐφ´ ὅσον μὲν γὰρ αἱ ῥύσεις τῶν ποταμῶν διὰ τὴν βίαν τῆς φορᾶς ἐπικρατοῦσι καὶ διωθοῦνται τὴν θάλατταν, ἐπὶ τοσοῦτο καὶ τὴν γῆν καὶ πάντα τὰ φερόμενα τοῖς ῥεύμασιν ἀνάγκη προωθεῖσθαι καὶ μὴ λαμβάνειν μονὴν μηδὲ στάσιν ἁπλῶς· ὅταν δὲ διὰ τὸ βάθος ἤδη καὶ πλῆθος τῆς θαλάττης ἐκλύηται τὰ ῥεύματα, τότ´ εἰκὸς ἤδη κατὰ φύσιν φερόμενον κάτω μονὴν καὶ στάσιν λαμβάνειν τὸν χοῦν. δι´ δὴ τῶν μὲν λάβρων καὶ μεγάλων ποταμῶν τὰ μὲν χώματα μακρὰν συνίσταται, τὰ δὲ παρὰ τὴν χέρσον ἐστὶν ἀγχιβαθῆ, τῶν δ´ ἐλαττόνων καὶ πρᾴως ῥεόντων παρ´ αὐτὰς τὰς εἰσβολὰς οἱ θῖνες συνίστανται. μάλιστα δ´ ἔκδηλον γίνεται τοῦτο κατὰ τὰς τῶν ὄμβρων ἐπιφοράς· καὶ γὰρ τὰ τυχόντα τότε τῶν ῥείθρων, ἐπειδὰν ἐπικρατήσωσι τοῦ κύματος κατὰ τὴν εἰσβολήν, προωθοῦσι τὸν χοῦν εἰς θάλατταν ἐπὶ τοσοῦτον ὥστε πρὸς λόγον ἑκάστου γίνεσθαι τὴν ἀπόστασιν τῇ βίᾳ τῶν ἐμπιπτόντων ῥευμάτων. τῷ δὲ μεγέθει τῆς προειρημένης ταινίας καὶ καθόλου τῷ πλήθει τῶν εἰσφερομένων λίθων καὶ ξύλων καὶ γῆς ὑπὸ τῶν ποταμῶν οὐδαμῶς ἀπιστητέονεὔηθες γάρθεωροῦντας ὑπὸ τὴν ὄψιν τὸν τυχόντα χειμάρρουν ἐν βραχεῖ χρόνῳ πολλάκις ἐκχαραδροῦντα μὲν καὶ διακόπτοντα τόπους ἠλιβάτους, φέροντα δὲ πᾶν γένος ὕλης καὶ γῆς καὶ λίθων, ἐπιχώσεις δὲ ποιούμενον τηλικαύτας ὥστ´ ἀλλοιοῦν ἐνίοτε καὶ μηδὲ γινώσκειν ἐν βραχεῖ χρόνῳ τοὺς αὐτοὺς τόπους. [4,41] C'est ainsi qu'aux bouches de l'Ister (le Danube), qui vient d'Europe se jeter dans le Pont-Euxin par plusieurs branches, les alluvions apportées par le fleuve ont formé sur près de mille stades d'étendue un banc de sable situé à une journée de navigation de la côte ; les mariniers, qui se croient encore en pleine mer, viennent donner contre cet obstacle et s'y échouent à l'improviste pendant la nuit ; ils l'appellent le Dos. Pourquoi cette barre ne se forme-t-elle pas près de la terre, mais se trouve-t-elle repoussée aussi loin ? Cela tient sans doute à la raison suivante. Tant que le courant des fleuves conserve toute sa force et reste assez violent pour refouler les eaux de la mer, il entraîne forcément vers le large la terre et tout ce qu'ils roulent dans leurs flots ; et il est impossible que ce mouvement s'arrête. Mais une fois que la profondeur et le volume de l'eau de mer ont brisé la puissance du courant, c'est alors que, logiquement et naturellement, ces dépôts tombent au fond et s'y fixent. Voilà pourquoi la barre des fleuves considérables et impétueux est éloignée de la côte, tandis qu'entre elle et le rivage se rencontrent de grandes profondeurs ; au contraire, les cours d'eau plus petits et plus lents forment des bancs de sable à leur embouchure même. On s'en aperçoit surtout au moment des fortes pluies ; alors en effet les moindres rivières arrivent à refouler les flots de la mer à leur embouchure et entraînent leurs alluvions au large jusqu'à une distance qui varie proportionnellement à la rapidité de leur courant. Les fortes dimensions de ces bancs de sable, l'énorme quantité de pierres, de bois et de terre que refoulent les fleuves n'ont rien d'incroyable ; ce serait de la naïveté de s'en étonner ; on voit bien des fois en effet les moindres torrents se frayer un chemin de vive force à travers les hauteurs les plus escarpées, rouler avec eux toute sorte de matériaux, bois, terre ou pierres, et former de tels barrages qu'ils changent parfois l'aspect des lieux et les rendent en très peu de temps méconnaissables.


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Dernière mise à jour : 21/04/2006