HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre IV

Chapitre 39

  Chapitre 39

[4,39] δὴ καλούμενος Πόντος ἔχει τὴν μὲν περίμετρον ἔγγιστα τῶν δισμυρίων καὶ δισχιλίων σταδίων, στόματα δὲ διττὰ κατὰ διάμετρον ἀλλήλοις κείμενα, τὸ μὲν ἐκ τῆς Προποντίδος, τὸ δ´ ἐκ τῆς Μαιώτιδος λίμνης, ἥτις αὐτὴ καθ´ αὑτὴν ὀκτακισχιλίων ἔχει σταδίων τὴν περιγραφήν. εἰς δὲ τὰ προειρημένα κοιλώματα πολλῶν μὲν καὶ μεγάλων ποταμῶν ἐκ τῆς Ἀσίας ἐκβαλλόντων, ἔτι δὲ μειζόνων καὶ πλειόνων ἐκ τῆς Εὐρώπης, συμβαίνει τὴν μὲν Μαιῶτιν ἀναπληρουμένην ὑπὸ τούτων ῥεῖν εἰς τὸν Πόντον διὰ τοῦ στόματος, τὸν δὲ Πόντον εἰς τὴν Προποντίδα. καλεῖται δὲ τὸ μὲν τῆς Μαιώτιδος στόμα Κιμμερικὸς Βόσπορος, τὸ μὲν πλάτος ἔχει περὶ τριάκοντα στάδια, τὸ δὲ μῆκος ἑξήκοντα, πᾶν δ´ ἐστὶν ἁλιτενές· τὸ δὲ τοῦ Πόντου παραπλησίως ὀνομάζεται μὲν Βόσπορος Θρᾴκιος, ἔστι δὲ τὸ μὲν μῆκος ἐφ´ ἑκατὸν καὶ εἴκοσι στάδια, τὸ δὲ πλάτος οὐ πάντη ταὐτόν. ἄρχει δὲ τοῦ στόματος ἀπὸ μὲν τῆς Προποντίδος τὸ κατὰ Καλχηδόνα διάστημα καὶ Βυζάντιον, δεκατεττάρων ἐστὶ σταδίων, ἀπὸ δὲ τοῦ Πόντου τὸ καλούμενον Ἱερόν, ἐφ´ οὗ τόπου φασὶ κατὰ τὴν ἐκ Κόλχων ἀνακομιδὴν Ἰάσονα θῦσαι πρῶτον τοῖς δώδεκα θεοῖς· κεῖται μὲν ἐπὶ τῆς Ἀσίας, ἀπέχει δὲ τῆς Εὐρώπης ἐπὶ δώδεκα στάδια πρὸς τὸ καταντικρὺ κείμενον Σαραπιεῖον τῆς Θρᾴκης. τοῦ δὲ ῥεῖν ἔξω κατὰ τὸ συνεχὲς τήν τε Μαιῶτιν καὶ τὸν Πόντον εἰσὶν αἰτίαι διτταί, μία μὲν αὐτόθεν καὶ πᾶσι προφανής, καθ´ ἥν, πολλῶν εἰσπιπτόντων ῥευμάτων εἰς περιγραφὴν ἀγγείων ὡρισμένων, πλεῖον ἀεὶ καὶ πλεῖον γίνεται τὸ ὑγρόν, μηδεμιᾶς μὲν ὑπαρχούσης ἐκρύσεως δέον ἂν ἦν προσαναβαῖνον ἀεὶ μείζω καὶ πλείω τοῦ κοιλώματος περιλαμβάνειν τόπον, ὑπαρχουσῶν δ´ ἐκρύσεων ἀνάγκη τὸ προσγινόμενον καὶ πλεονάζον ὑπερπῖπτον ἀπορρεῖν καὶ φέρεσθαι συνεχῶς διὰ τῶν ὑπαρχόντων στομάτων· δευτέρα δέ, καθ´ ἥν, πολὺν καὶ παντοδαπὸν χοῦν εἰσφερόντων εἰς τὰ προειρημένα κοιλώματα τῶν ποταμῶν κατὰ τὰς τῶν ὄμβρων ἐπιτάσεις, ἐκπιεζόμενον τὸ ὑγρὸν ὑπὸ τῶν συνισταμένων ἐγχωμάτων ἀεὶ προσαναβαίνει καὶ φέρεται κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον διὰ τῶν ὑπαρχουσῶν ἐκρύσεων. τῆς δ´ ἐγχώσεως καὶ τῆς ἐπιρρύσεως ἀδιαπαύστου καὶ συνεχοῦς γινομένης ἐκ τῶν ποταμῶν, καὶ τὴν ἀπόρρυσιν ἀδιάπαυστον καὶ συνεχῆ γίνεσθαι διὰ τῶν στομάτων ἀναγκαῖον. Αἱ μὲν οὖν ἀληθεῖς αἰτίαι τοῦ ῥεῖν ἔξω τὸν Πόντον αἵδ´ εἰσίν, οὐκ ἐξ ἐμπορικῶν ἔχουσαι διηγημάτων τὴν πίστιν, ἀλλ´ ἐκ τῆς κατὰ φύσιν θεωρίας, ἧς ἀκριβεστέραν εὑρεῖν οὐ ῥᾴδιον· [4,39] La mer qu'on appelle le Pont-Euxin a un périmètre d'environ vingt-deux mille stades ; elle a deux bouches, diamétralement opposées l'une à l'autre, qui la font communiquer avec la Propontide et avec le Palus-Méotide, golfe qui mesure lui-même huit mille stades de tour. Beaucoup de grands fleuves d'Asie vont se jeter dans ces mers ; ceux qui viennent d'Europe sont encore plus grands et plus nombreux ; il s'ensuit que le Palus-Méotide, rempli par leurs eaux, se déverse par l'une des bouches dans le Pont-Euxin, de même que le Pont dans la Propontide. La bouche du Palus-Méotide s'appelle le Bosphore Ciminérien ; elle a une trentaine de stades de largeur, une soixantaine de longueur ; elle offre, sur toute son étendue, une très faible profondeur. La bouche du Pont porte un nom similaire : c'est le Bosphore de Thrace ; elle a cent vingt stades de longueur; sa largeur n'est pas partout la même. Quand on vient de la Propontide, elle commence à la hauteur de Byzance et de Chalcédoine, qui sont situées vis-à-vis l'une de l'autre à quatorze stades de distance; pour qui arrive du Pont, elle prend naissance à l'endroit qu'on appelle le Temple, parce que c'est là, dit-on, que Jason fit à son retour de Colchide son premier sacrifice aux douze divinités; ce point est situé en Asie, à douze stades environ de la côte d'Europe, où se dresse, juste en face, en territoire thrace, le temple de Sérapis. Les eaux du Palus-Méotide et du Pont-Euxin s'écoulent continuellement au dehors. Cela tient à deux causes. La première est facile à constater et n'échappe à personne : c'est que beaucoup de fleuves viennent se déverser dans une cavité dont le pourtour est nettement délimité; le volume de l'eau augmente alors de plus en plus ; si elle ne rencontre aucune issue, il est fatal que son niveau s'élève progressivement et couvre un espace de plus en plus considérable ; mais si elle peut trouver un passage, c'est nécessairement par là que le superflu s'écoule et fuit constamment. La seconde cause est la grande quantité de limon de toute espèce que les fleuves apportent dans le lit des mers, sous l'action de la violence des pluies ; l'eau s'élève sous la pression des alluvions qui s'accumulent ; son niveau monte sans cesse et elle s'écoule, de la manière indiquée plus haut, par les issues qui s'offrent à elle ; or, comme les `fleuves ne cessent jamais d'apporter à la mer leurs eaux et leurs dépôts, il s'ensuit nécessairement que l'écoulement continuel des eaux par les bouches ne cesse pas non plus. Voilà les véritables raisons pour lesquelles le Pont-Euxin déverse ses eaux hors de son lit ; cette explication n'est pas fondée sur des racontars de marchands, mais sur l'observation la plus exacte de la nature.


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Dernière mise à jour : 21/04/2006