HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre IV

Chapitre 38

  Chapitre 38

[4,38] Βυζάντιοι κατὰ μὲν θάλατταν εὐκαιρότατον οἰκοῦσι τόπον καὶ πρὸς ἀσφάλειαν καὶ πρὸς εὐδαιμονίαν πάντη τῶν ἐν τῇ καθ´ ἡμᾶς οἰκουμένῃ, κατὰ δὲ γῆν πρὸς ἀμφότερα πάντων ἀφυέστατον. κατὰ μὲν γὰρ θάλατταν οὕτως ἐπίκεινται τῷ στόματι τοῦ Πόντου κυρίως ὥστε μήτ´ εἰσπλεῦσαι μήτ´ ἐκπλεῦσαι (μηδένα) δυνατὸν εἶναι τῶν ἐμπόρων χωρὶς τῆς ἐκείνων βουλήσεως. ἔχοντος δὲ τοῦ Πόντου πολλὰ τῶν πρὸς τὸν βίον εὐχρήστων τοῖς ἄλλοις ἀνθρώποις, πάντων εἰσὶ τούτων κύριοι Βυζάντιοι. πρὸς μὲν γὰρ τὰς ἀναγκαίας τοῦ βίου χρείας τά τε θρέμματα καὶ τὸ τῶν εἰς τὰς δουλείας ἀγομένων σωμάτων πλῆθος οἱ κατὰ τὸν Πόντον ἡμῖν τόποι παρασκευάζουσι δαψιλέστατον καὶ χρησιμώτατον ὁμολογουμένως· πρὸς δὲ περιουσίαν μέλι, κηρόν, τάριχος ἀφθόνως ἡμῖν χορηγοῦσι. δέχονται γε μὴν τῶν ἐν τοῖς παρ´ ἡμῖν τόποις περιττευόντων ἔλαιον καὶ πᾶν οἴνου γένος· σίτῳ δ´ ἀμείβονται, ποτὲ μὲν εὐκαίρως διδόντες, ποτὲ δὲ λαμβάνοντες. πάντων δὴ τούτων κωλύεσθαι δέον ἦν ὁλοσχερῶς τοὺς Ἕλληνας τελέως ἀλυσιτελῆ γίνεσθαι σφίσι τὴν ἀλλαγὴν αὐτῶν, Βυζαντίων ἤτοι βουλομένων ἐθελοκακεῖν καὶ συνδυάζειν ποτὲ μὲν Γαλάταις, τοτὲ δὲ πλείονα Θρᾳξὶν τὸ παράπαν μὴ κατοικούντων τοὺς τόπους· διά τε γὰρ τὴν στενότητα τοῦ πόρου καὶ τὸ παρακείμενον πλῆθος τῶν βαρβάρων ἄπλους ἂν ἡμῖν ἦν ὁμολογουμένως Πόντος. μέγιστα μὲν οὖν ἴσως αὐτοῖς ἐκείνοις περιγίνεται λυσιτελῆ πρὸς τοὺς βίους διὰ τὰς τῶν τόπων ἰδιότητας· ἅπαν γὰρ τὸ μὲν περιττεῦον παρ´ αὐτοῖς ἐξαγωγῆς, τὸ δὲ λεῖπον εἰσαγωγῆς ἑτοίμου τυγχάνει καὶ λυσιτελοῦς ἄνευ πάσης κακοπαθείας καὶ κινδύνου· πολλά γε μὴν καὶ τοῖς ἄλλοις εὔχρηστα δι´ ἐκείνους, ὡς εἰρήκαμεν, ἀπαντᾷ. διὸ καὶ κοινοί τινες ὡς εὐεργέται πάντων ὑπάρχοντες εἰκότως ἂν οὐ μόνον χάριτος, ἀλλὰ καὶ ἐπικουρίας κοινῆς τυγχάνοιεν ὑπὸ τῶν Ἑλλήνων κατὰ τὰς ὑπὸ τῶν βαρβάρων περιστάσεις. ἐπεὶ δὲ παρὰ τοῖς πλείστοις ἀγνοεῖσθαι συνέβαινε τὴν ἰδιότητα καὶ τὴν εὐφυΐαν τοῦ τόπου, διὰ τὸ μικρὸν ἔξω κεῖσθαι τῶν ἐπισκοπουμένων μερῶν τῆς οἰκουμένης, βουλόμεθα δὲ πάντες εἰδέναι τὰ τοιαῦτα, καὶ μάλιστα μὲν αὐτόπται γίνεσθαι τῶν ἐχόντων παρηλλαγμένον τι καὶ διαφέρον τόπων, εἰ δὲ μὴ τοῦτο δυνατόν, ἐννοίας γε καὶ τύπους ἔχειν ἐν αὑτοῖς ὡς ἔγγιστα τῆς ἀληθείας, ῥητέον ἂν εἴη τί τὸ συμβαῖνόν ἐστι καὶ τί τὸ ποιοῦν τὴν τηλικαύτην καὶ τοιαύτην εὐπορίαν τῆς προειρημένης πόλεως. [4,38] Byzance est, du côté de la mer, la ville du monde la mieux placée pour avoir à la fois la sécurité et la prospérité ; mais du côté de la terre, elle est aussi peu favorisée que possible à ces deux points de vue. Pour ce qui est de sa situation maritime, elle se trouve juste au débouché du Pont-Euxin et commande si bien le passage qu'aucun navire marchand ne peut entrer ou sortir sans son autorisation. Les Byzantins sont donc les dispensateurs de toutes les précieuses ressources que les pays riverains peuvent fournir aux autres peuples : comme produits nécessaires à la vie, ces contrées nous envoient des bestiaux et des esclaves, en nombre très considérable et d'une qualité incontestablement excellente ; comme objets de luxe, nous en tirons du miel, de la cire, des salaisons en très grande abondance. En revanche, nous leur expédions de l'huile et des vins de toute espèce, dont nous avons plus qu'il ne faut pour notre consommation. Nous faisons aussi avec eux le commerce du blé; tantôt ils en exportent chez nous, tantôt ils nous en demandent, selon les besoins du moment. Il serait donc fatal soit que les Grecs lussent privés de toutes ces denrées, soit que le négoce en fût pour eux sans aucun profit, si les Byzantins leur voulaient du mal et s'il leur prenait fantaisie de s'allier contre eux avec les Galates ou surtout avec les Thraces, ou simplement de quitter le pays. Le détroit est en effet si resserré et les barbares de ces régions si nombreux qu'il leur serait assurément très facile de nous interdire l'accès du Pont-Euxin. Sans doute, les Byzantins sont les premiers à profiter des avantages matériels que leur vaut leur situation ; ils peuvent exporter ce qu'ils ont de reste et importer ce qui leur manque ; ce trafic est pour eux aisé, lucratif et ne comporte ni peine ni danger. Mais c'est grâce à eux, comme je l'ai dit, que les autres hommes peuvent se procurer bien des ressources précieuses. Il faut donc les considérer comme les bienfaiteurs du monde entier ; et les Grecs ont le devoir non seulement de leur être reconnaissants, mais de les soutenir dans leurs luttes contre les barbares. Comme Byzance est située un peu en dehors des contrées que l'on a l'habitude de visiter, la plupart des gens ignorent ce qu'il y a de particulièrement favorable dans sa situation. Je voudrais bien que tout le monde possédât ce genre de connaissances ; le mieux serait que chacun allât voir de ses propres yeux les endroits qui présentent quelque chose de remarquable ou d'extraordinaire; si ce n'est pas possible, il est à souhaiter qu'on en ait une notion ou une image aussi rapprochée que possible de la réalité. Il ne sera donc pas inutile de décrire cette ville et de montrer à quoi tient la prospérité si considérable dont elle jouit.


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Dernière mise à jour : 21/04/2006