| [4,35] οἱ δ´ ἐξ ἀρχῆς αἴτιοι γεγονότες τῆς
 κινήσεως, οὐδαμῶς εἶξαι δυνάμενοι τοῖς παροῦσιν,
 αὖτις ἐπεβάλοντο πρᾶγμα ποιεῖν πάντων ἀσεβέστατον, 
 φθείραντές τινας τῶν νέων. κατὰ γάρ τινα
 θυσίαν πάτριον ἔδει τοὺς μὲν ἐν ταῖς ἡλικίαις μετὰ
 τῶν ὅπλων πομπεύειν ἐπὶ τὸν τῆς Ἀθηνᾶς τῆς
 Χαλκιοίκου νεών, τοὺς δ´ ἐφόρους συντελεῖν τὰ
 περὶ τὴν θυσίαν, αὐτοῦ περὶ τὸ τέμενος διατρίβοντας. 
 ἐν τούτῳ τῷ καιρῷ τῶν πομπευόντων ἐν τοῖς
 ὅπλοις τινὲς νεανίσκων ἄφνω προσπεσόντες θύουσι
 τοῖς ἐφόροις ἀπέσφαξαν αὐτούς. καίτοι πᾶσι τοῖς
 καταφυγοῦσι τὴν ἀσφάλειαν παρεσκεύαζε τὸ ἱερόν,
 κἂν θανάτου τις ᾖ κατακεκριμένος· τότε δὲ διὰ
 τὴν ὠμότητα τῶν τολμώντων εἰς τοῦτ´ ἦλθε καταφρονήσεως 
 ὥστε περὶ τὸν βωμὸν καὶ τὴν τράπεζαν
 τῆς θεοῦ κατασφαγῆναι τοὺς ἐφόρους ἅπαντας. ἑξῆς
 δὲ τούτου τἀκόλουθον τῇ προθέσει ποιοῦντες ἀνεῖλον 
 μὲν τοὺς περὶ Γυρίδαν τῶν γερόντων, ἐφυγάδευσαν 
 δὲ τοὺς ἀντειπόντας τοῖς Αἰτωλοῖς, εἵλοντο
 δ´ ἐξ αὑτῶν ἐφόρους, συνέθεντο δὲ πρὸς τοὺς Αἰτωλοὺς 
 τὴν συμμαχίαν. ἐποίουν δὲ ταῦτα, καὶ τήν τε
 πρὸς Ἀχαιοὺς ἀπέχθειαν καὶ τὴν πρὸς Μακεδόνας
 ἀχαριστίαν καὶ καθόλου τὴν πρὸς πάντας ἀλογίαν
 ὑπέμενον—οὐχ ἥκιστα δὲ διὰ Κλεομένη καὶ τὴν
 πρὸς ἐκεῖνον εὔνοιαν—ἐπελπίζοντες ἀεὶ καὶ προσδοκίαν 
 ἔχοντες τῆς ἐκείνου παρουσίας ἅμα καὶ
 σωτηρίας. οὕτως οἱ δυνάμενοι τῶν ἀνθρώπων ἐπιδεξίως 
 ὁμιλεῖν τοῖς συμπεριφερομένοις οὐ μόνον
 παρόντες, ἀλλὰ καὶ μακρὰν ἀφεστῶτες ἐγκαταλείπουσί 
 τινα καὶ λίαν ἰσχυρὰ τῆς πρὸς αὑτοὺς εὐνοίας
 αἰθύγματα. οἵ γε χωρὶς τῶν ἄλλων καὶ τότε, πολιτευόμενοι 
 κατὰ τὰ πάτρια σχεδὸν ἤδη τρεῖς ἐνιαυτοὺς 
 μετὰ τὴν Κλεομένους ἔκπτωσιν, οὐδ´ ἐπενόησαν
 οὐδέποτε βασιλεῖς καταστῆσαι τῆς Σπάρτης· ἅμα 
 δὲ τῷ τὴν φήμην ἀφικέσθαι περὶ τῆς Κλεομένους
 τελευτῆς εὐθέως ὥρμησαν ἐπὶ τὸ βασιλεῖς καθιστάναι
 τά τε πλήθη καὶ τὸ τῶν ἐφόρων ἀρχεῖον. καὶ κατέστησαν 
 οἱ κοινωνοῦντες ἔφοροι τῆς αἱρέσεως τοῖς
 στασιώταις, οἱ καὶ τὴν πρὸς Αἰτωλοὺς συνθέμενοι
 συμμαχίαν, ὑπὲρ ὧν τὸν ἄρτι λόγον ἐποιησάμην,
 τὸν μὲν ἕνα νομίμως καὶ καθηκόντως, Ἀγησίπολιν,
 ὄντα μὲν παῖδα τὴν ἡλικίαν, υἱὸν δ´ Ἀγησιπόλιδος
 τοῦ Κλεομβρότου· τὸν δὲ συνέβαινε βεβασιλευκέναι 
 καθ´ οὓς καιροὺς ἐξέπεσε Λεωνίδης ἐκ τῆς
 ἀρχῆς, διὰ τὸ κατὰ γένος ὑπάρχειν ἔγγιστα τῆς
 οἰκίας ταύτης. ἐπίτροπον δὲ τοῦ παιδὸς εἵλοντο
 Κλεομένη, Κλεομβρότου μὲν υἱόν, Ἀγησιπόλιδος δ´
 ἀδελφόν. ἀπὸ δὲ τῆς ἑτέρας οἰκίας, ὄντων ἐκ τῆς
 Ἱππομέδοντος θυγατρὸς Ἀρχιδάμῳ δυεῖν παίδων,
 ὃς ἦν υἱὸς Εὐδαμίδου, ζῶντος δὲ καὶ Ἱππομέδοντος
 ἀκμήν, ὃς ἦν υἱὸς Ἀγησιλάου τοῦ Εὐδαμίδου, καὶ
 ἑτέρων δὲ πλειόνων ἀπὸ τῆς οἰκίας ὑπαρχόντων,
 ἀπωτέρω μὲν τῶν προειρημένων, προσηκόντων δὲ
 κατὰ γένος, τούτους μὲν ἅπαντας ὑπερεῖδον, Λυκοῦργον 
 δὲ βασιλέα κατέστησαν, οὗ τῶν προγόνων
 οὐδεὶς ἐτετεύχει τῆς προσηγορίας· ὃς δοὺς ἑκάστῳ
 τῶν ἐφόρων τάλαντον Ἡρακλέους ἀπόγονος καὶ
 βασιλεὺς ἐγεγόνει τῆς Σπάρτης. οὕτως εὔωνα πανταχῇ 
 τὰ καλὰ γέγονε. τοιγαροῦν οὐ παῖδες παίδων,
 ἀλλ´ αὐτοὶ πρῶτοι τῆς ἀνοίας ἀπέτισαν τοὺς μισθοὺς
 οἱ καταστήσαντες.
 | [4,35] Les premiers fauteurs de cette agitation, 
ne pouvant se résigner à leur échec, corrompirent de 
nouveau quelques jeunes gens et tramèrent le plus 
abominable de tous les attentats. A l'occasion d'un 
sacrifice solennel, la jeunesse en armes devait se rendre 
en procession au temple d'Athéna Chalcioecos, et c'était 
là que les éphores devaient accomplir la cérémonie. 
Le moment venu, quelques-uns des jeunes processionnaires 
en armes se jetèrent brusquement sur les éphores 
qui célébraient le sacrifice et les massacrèrent. Ce 
sanctuaire était cependant un asile inviolable pour 
quiconque s'y réfugiait, fût-ce un condamné à mort ; 
mais rien ne put arrêter la cruauté et l'impiété de ces 
audacieux criminels : ils égorgèrent tous les éphores 
au pied de l'autel, devant la table sacrée. Pour achever 
l'exécution de leur complot, ils tuèrent ensuite Gyridas 
et d'autres sénateurs, forcèrent les adversaires des 
Étoliens à s'exiler, choisirent dans leur faction de nou-
veaux éphores et firent alliance avec les Étoliens. Ce 
qui les poussa à de tels excès, ce fut leur haine contre les 
Achéens, leur ingratitude à l'endroit des Macédoniens 
et leur mépris insensé pour tout l'univers ; un autre 
mobile fut leur dévouement à Cléomène, qu'ils s'attendaient 
toujours à voir revenir et espéraient retrouver 
sain et sauf. Cela montre à quel point les hommes qui 
ont su plaire à leur entourage laissent dans tous les 
coeurs, en dépit même d'une longue absence, la flamme 
vivace de l'affection qu'ils ont inspirée. Pour m'en 
tenir à l'exemple qu'en donnèrent alors les Lacédémoniens, 
près de trois ans s'étaient écoulés depuis la 
chute de Cléomène ; ils étaient gouvernés selon les lois 
de leurs ancêtres et n'avaient plus jamais songé à 
nommer des rois, mais dès qu'on apprit à Sparte la 
mort de Cléomène, le peuple aussi bien que le conseil 
des éphores voulurent immédiatement rétablir la 
royauté. Ceux des éphores qui étaient d'accord avec 
les séditieux, c'est-à-dire les partisans de l'alliance 
étolienne, dont j'ai parlé tout à l'heure, nommèrent 
un des rois en observant toutes les formes légales ; 
c'était Agésipolis, qui était encore enfant, mais qui 
était le fils d'Agésipolis et le petit-fils de Cléombrotos ; 
ce dernier était monté sur le trône quand Léonidas en 
avait été renversé, parce qu'il était son plus proche 
parent. On donna pour tuteur au jeune roi Cléomène, 
fils de Cléombrotos et frère d'Agésipolis. Dans la seconde 
maison royale, il y avait deux fils d'Archidamos, 
fils d'Eudamidas, et de la fille d'Hippomédon ; cet
Hippomédon, fils d'Agésilas et petit-fils d'Eudamidas, 
était lui-même bien vivant; et il restait encore plusieurs 
membres de la famille, parents des anciens rois à un 
degré plus éloigné que les précédents, mais enfin toujours 
de la même lignée. On les évinça tous et l'on 
nomma roi Lycurgue, dont aucun ancêtre n'avait porté 
ce titre : il n'eut qu'à donner un talent à chacun des 
éphores pour être proclamé descendant d'Héraclès et 
roi de Sparte. Tant les honneurs s'achètent partout à 
vil prix. Aussi, ce ne furent pas les enfants de leurs 
enfants, mais ceux-là mêmes qui s'étaient laissé égarer 
au point de faire un pareil choix, qui furent les premiers 
à en porter la peine.
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