[4,32] Οἱ δὲ τῶν Μεσσηνίων προεστῶτες ὀλιγαρχικοί,
{καὶ} στοχαζόμενοι τοῦ παραυτὰ κατ´ ἰδίαν λυσιτελοῦς,
φιλοτιμότερον τοῦ δέοντος ἀεὶ διέκειντο πρὸς τὴν
εἰρήνην. διὸ πολλὰς μὲν περιστάσεις καὶ καιροὺς
ἔχοντες, ἐνίοτε δὲ φόβους καὶ κινδύνους διωλίσθανον·
ἡθροίζετο δὲ κατὰ τὴν πρόθεσιν ταύτην
ἀεὶ τὸ κεφάλαιον αὐτοῖς καὶ μεγίσταις ἐποίουν παλαίειν
τὴν πατρίδα συμφοραῖς. δοκῶ δ´ ἔγωγε τὴν
αἰτίαν εἶναι ταύτην, ὅτι δυσὶ γειτνιῶντες ἔθνεσι
τοῖς μεγίστοις τῶν κατὰ Πελοπόννησον, μᾶλλον δὲ
σχεδὸν καὶ τῶν Ἑλληνικῶν, λέγω δὲ τῷ τε τῶν
Ἀρκάδων καὶ τῷ τῶν Λακώνων, καὶ τοῦ μὲν ἐχθρῶς
καὶ ἀκαταλλάκτως ἀεί ποτε πρὸς αὐτοὺς ἔχοντος, ἐξ
οὗ καὶ κατέσχον τὴν χώραν, τοῦ δὲ φιλικῶς καὶ
κηδεμονικῶς, οὔτε τὴν πρὸς Λακεδαιμονίους ἔχθραν
εὐγενῶς ἀνελάμβανον οὔτε τὴν πρὸς Ἀρκάδας φιλίαν.
λοιπὸν ὅταν μὲν οὗτοι πρὸς ἀλλήλους ἢ πρὸς
ἑτέρους πολεμοῦντες ἐν περισπασμοῖς ἦσαν, ἐγίνετο
τὸ δέον αὐτοῖς· ἦγον γὰρ τὴν εἰρήνην ἀεὶ παρευδιαζόμενοι
διὰ τὴν τοῦ τόπου παράπτωσιν· ὅταν δ´
εὔσχολοι καὶ ἀπερίσπαστοι Λακεδαιμόνιοι γενηθέντες
ἐτράπησαν πρὸς τὸ βλάπτειν αὐτούς, οὔτ´ αὐτοὶ
δι´ αὑτῶν ἀντοφθαλμεῖν ἐδύναντο πρὸς τὸ βάρος
τὸ Λακεδαιμονίων οὔτε προκατεσκευασμένοι φίλους
τοὺς ἀληθινῶς αὐτοῖς πάντα συνυποστησομένους
ἢ δουλεύειν ἠναγκάζοντο τούτοις ἀχθοφοροῦντες ἢ
φεύγοντας τὴν δουλείαν ἀναστάτους γίνεσθαι, λείποντας
τὴν χώραν μετὰ τέκνων καὶ γυναικῶν· ὅπερ
ἤδη πλεονάκις αὐτοῖς συνέβη παθεῖν οὐ πάνυ πολλοῖς
χρόνοις. εἴη μὲν οὖν οἷον εἰ συμφῦναι τὴν
νῦν ὑπάρχουσαν κατάστασιν Πελοποννησίοις, ἵνα
μηδενὸς δέῃ τῶν λέγεσθαι μελλόντων· ἐὰν δέ ποτε
κίνησιν καὶ μετάστασιν σχῇ ταῦτα, μίαν ὁρῶ Μεσσηνίοις
καὶ Μεγαλοπολίταις ἐλπίδα τοῦ δύνασθαι
νέμεσθαι τὴν αὑτῶν χώραν τὸν πλείω χρόνον, ἐὰν
συμφρονήσαντες κατὰ τὴν Ἐπαμινώνδου γνώμην
παντὸς καιροῦ καὶ πράγματος ἕλωνται κοινωνεῖν
ἀλλήλοις ἀληθινῶς.
| [4,32] Mais les chefs de l'aristocratie messénienne,
incapables de rien voir en dehors de leur intérêt
immédiat et personnel, montraient toujours pour la
paix un attachement excessif. Sans doute, dans les
circonstances difficiles qu'ils ont traversées, ce principe
leur a permis d'échapper parfois aux dangers les plus
redoutables ; mais ils en ont poussé si loin l'application
qu'ils ont exposé leur patrie aux pires calamités. Voici,
je crois, l'explication de ce fait : les Messéniens avaient
pour voisins les deux peuples les plus considérables du
Péloponèse, peut-être même de toute la Grèce, je veux
dire les Arcadiens et les Laconiens ; ceux-ci s'étaient
toujours montrés leurs ennemis irréconciliables, depuis
qu'ils s'étaient installés dans leur pays ; ceux-là au
contraire avaient toujours manifesté beaucoup de
bienveillance et de sollicitude à leur égard ; or ils n'ont
jamais témoigné ni une haine généreuse contre les
Lacédémoniens, ni la moindre reconnaissance envers
les Arcadiens. Au reste, tant que Laconiens et Arcadiens
se battaient entre eux ou allaient faire la guerre
à d'autres peuples, leur attention se trouvait détournée
et les Messéniens étaient heureux ; car ils jouissaient,
dans leur pays écarté, d'une paix que rien ne venait
jamais troubler. Mais quand les Lacédémoniens,
chez eux, n'avaient plus d'autres préoccupations, ils
se remettaient à les tourmenter ; comme, d'autre part,
ils n'étaient pas en mesure de résister par eux-mêmes
à la puissance des Lacédémoniens et qu'ils n'avaient
pas su se ménager des amis assez dévoués pour partager
avec eux tous les périls, ils étaient contraints soit de se
soumettre à l'esclavage et de s'astreindre à des besognes
de manoeuvres, soit, pour fuir la servitude, de s'exiler
hors de leur patrie avec leurs femmes et leurs enfants ;
c'est ce qui leur est arrivé déjà bien des fois, et encore
tout récemment. Je souhaite que la situation actuelle du
Péloponèse s'affermisse assez pour que ses habitants
n'aient jamais besoin du conseil que je vais leur donner;
mais si jamais des désordres ou une révolution y éclataient,
je ne vois qu'une ligne de conduite qui puisse
permettre aux Messéniens et aux Mégalopolitains de
rester par la suite en possession de leur pays : c'est,
selon le précepte d'Épaminondas, de demeurer d'accord
et sincèrement unis en toute occasion, en tout etat de cause.
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