[4,3] Αἰτωλοὶ πάλαι μὲν δυσχερῶς ἔφερον τὴν εἰρήνην
καὶ τὰς ἀπὸ τῶν ἰδίων ὑπαρχόντων δαπάνας,
ὡς ἂν εἰθισμένοι μὲν ζῆν ἀπὸ τῶν πέλας, δεόμενοι
δὲ πολλῆς χορηγίας διὰ τὴν ἔμφυτον ἀλαζονείαν, ᾗ
δουλεύοντες ἀεὶ πλεονεκτικὸν καὶ θηριώδη ζῶσι βίον,
οὐδὲν οἰκεῖον, πάντα δ´ ἡγούμενοι πολέμια. οὐ μὴν
ἀλλὰ τὸν πρὸ τοῦ χρόνον, ἕως Ἀντίγονος ἔζη, δεδιότες
Μακεδόνας ἦγον ἡσυχίαν. ἐπειδὴ δ´ ἐκεῖνος
μετήλλαξε τὸν βίον, παῖδα καταλιπὼν Φίλιππον,
καταφρονήσαντες ἐζήτουν ἀφορμὰς καὶ προφάσεις
τῆς εἰς Πελοπόννησον ἐπιπλοκῆς, ἀγόμενοι κατὰ
τὸ παλαιὸν ἔθος ἐπὶ τὰς ἐκ ταύτης ἁρπαγάς, ἅμα
δὲ καὶ νομίζοντες ἀξιόχρεως εἶναι σφᾶς πρὸς τὸ
πολεμεῖν αὐτοῖς Ἀχαιοῖς. ὄντες δ´ ἐπὶ ταύτης τῆς
προθέσεως, βραχέα ταὐτομάτου σφίσι συνεργήσαντος
ἔλαβον ἀφορμὰς πρὸς τὴν ἐπιβολὴν τοιαύτας.
Δωρίμαχος ὁ Τριχωνεὺς ἦν μὲν υἱὸς Νικοστράτου
τοῦ παρασπονδήσαντος τὴν τῶν Παμβοιωτίων πανήγυριν,
νέος δ´ ὢν καὶ πλήρης Αἰτωλικῆς ὁρμῆς
καὶ πλεονεξίας ἐξαπεστάλη κατὰ κοινὸν εἰς τὴν
τῶν Φιγαλέων πόλιν, ἥτις ἐστὶ μὲν ἐν Πελοποννήσῳ,
κεῖται δὲ πρὸς τοῖς τῶν Μεσσηνίων ὅροις,
ἐτύγχανε δὲ τότε συμπολιτευομένη τοῖς Αἰτωλοῖς,
λόγῳ μὲν παραφυλάξων τήν τε χώραν καὶ τὴν πόλιν
τῶν Φιγαλέων, ἔργῳ δὲ κατασκόπου τάξιν ἔχων
τῶν ἐν Πελοποννήσῳ πραγμάτων. συνδραμόντων
δὲ πειρατῶν, καὶ παραγενομένων πρὸς αὐτὸν εἰς
τὴν Φιγάλειαν, οὐκ ἔχων τούτοις ἀπὸ τοῦ δικαίου
συμπαρασκευάζειν ὠφελείας, διὰ τὸ μένειν ἔτι τότε
τὴν κοινὴν εἰρήνην τοῖς Ἕλλησι τὴν ὑπ´ Ἀντιγόνου
συντελεσθεῖσαν, τέλος ἀπορούμενος ἐπέτρεψε τοῖς
πειραταῖς λῄζεσθαι τὰ τῶν Μεσσηνίων θρέμματα,
φίλων ὄντων καὶ συμμάχων. τὸ μὲν οὖν πρῶτον
ἠδίκουν τὰ περὶ τὰς ἐσχατιὰς ποίμνια, μετὰ δὲ
ταῦτα, προβαινούσης τῆς ἀπονοίας, ἐνεχείρησαν καὶ
τὰς ἐπὶ τῶν ἀγρῶν οἰκίας ἐκκόπτειν, ἀνυπονοήτως
τὰς νύκτας ἐπιφαινόμενοι. τῶν δὲ Μεσσηνίων ἐπὶ
τούτοις ἀγανακτούντων καὶ διαπρεσβευομένων πρὸς
τὸν Δωρίμαχον, τὰς μὲν ἀρχὰς παρήκουε, βουλόμενος
τὰ μὲν ὠφελεῖν τοὺς ὑπ´ αὐτὸν ταττομένους,
τὰ δ´ αὐτὸς ὠφελεῖσθαι, μερίτης γινόμενος τῶν
λαμβανομένων. πλεοναζούσης δὲ τῆς παρουσίας τῶν
πρεσβειῶν διὰ τὴν συνέχειαν τῶν ἀδικημάτων, αὐτὸς
ἥξειν ἐπὶ τὴν Μεσσήνην ἔφη, δικαιολογησόμενος
πρὸς τοὺς ἐγκαλοῦντας τοῖς Αἰτωλοῖς. ἐπειδὴ
δὲ παρεγένετο, προσπορευομένων αὐτῷ τῶν ἠδικημένων,
τοὺς μὲν διέσυρε χλευάζων, τῶν δὲ κατανίστατο,
τοὺς δ´ ἐξέπληττε λοιδορῶν.
| [4,3] Il y avait longtemps que les Étoliens étaient
las d'une paix qui les forçait à se contenter de leurs
propres ressources, eux qui étaient accoutumés à vivre
aux dépens de leurs voisins ; leur vanité naturelle,
par laquelle ils se laissent gouverner, leur crée de nombreux
besoins ; toujours animés du même esprit de
convoitise, ils mènent une existence de bêtes sauvages,
ne contractent aucune amitié, ne voient qu'ennemis
autour d'eux. Néanmoins, tant que vécut Antigone, ils
s'étaient tenus en repos par crainte des Macédoniens.
Mais quand ce roi fut mort, ne laissant comme héritier
qu'un enfant, Philippe, rien ne les arrêta plus et ils
ne cherchèrent qu'une occasion ou un prétexte pour
se jeter sur le Péloponèse. C'était chez eux une vieille
coutume que d'aller y exercer leurs ravages, et d'ailleurs
ils se croyaient en situation de faire la guerre aux
Achéens, si ces derniers étaient seuls. Comme ils songeaient
à exécuter ce projet, le hasard leur vint en aide
et leur fournit l'occasion qu'ils attendaient. Dorimachos
de Trichonion, fils de ce Nicostratos qui s'était rendu
coupable de trahison envers l'assemblée générale des
Béotiens, jeune homme ambitieux et cupide comme
il convenait à un Étolien, avait été délégué officiellement
à Phigalie; cette ville du Péloponèse, située sur les
frontières de la Messénie, appartenait alors à la confédération
étolienne ; l'objet avoué de sa mission était
de garder la ville et son territoire, mais en réalité c'était
un espion, qu'on envoyait observer ce qui se passait
dans le Péloponèse. Des pirates, arrivant de divers
côtés, vinrent le trouver à Phigalie ; il ne pouvait, en
bonne justice, les autoriser à piller, car la paix établie
par Antigone dans toute la Grèce n'avait pas été rompue;
mais, à défaut d'autre expédient, il finit par leur
permettre d'enlever les troupeaux des Messéniens,
bien que ce fût un peuple ami et allié. Les pirates dérobèrent
d'abord du bétail dans les régions voisines de
la frontière ; mais ensuite leur audace augmenta et ils
vinrent à l'improviste, pendant la nuit, s'attaquer aux
maisons de campagne, où ils pénétraient de vive force.
Les Messéniens, indignés, envoyèrent porter leurs
plaintes à Dorimachos, qui commença par les éconduire:
comme il avait sa part du butin, il préférait laisser ses
satellites s'enrichir, car il s'enrichissait en même temps.
Mais les réclamations devenaient de plus en plus nombreuses,
car les dépréciations ne cessaient pas ; Dorimachos
promit alors de venir en personne à Messène,
pour examiner les griefs formulés contre les Étoliens.
Il y vint en effet; mais, quand les gens lésés se présentèrent
devant lui, ils n'obtinrent de lui que des railleries mordantes,
des menaces ou des insultes, par lesquelles il espérait les intimider.
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