| [3,65] Τῇ δὲ κατὰ πόδας ἡμέρᾳ προῆγον ἀμφότεροι
 παρὰ τὸν ποταμὸν ἐκ τοῦ πρὸς τὰς Ἄλπεις μέρους,
 ἔχοντες εὐώνυμον μὲν οἱ Ῥωμαῖοι, δεξιὸν δὲ τὸν
 ῥοῦν οἱ Καρχηδόνιοι. γνόντες δὲ τῇ δευτέρᾳ διὰ
 τῶν προνομευόντων ὅτι σύνεγγύς εἰσιν ἀλλήλων,
 τότε μὲν αὐτοῦ καταστρατοπεδεύσαντες ἔμειναν. τῇ
 δ´ ἐπαύριον πᾶσαν τὴν ἵππον ἀναλαβόντες ἀμφότεροι, 
 Πόπλιος δὲ καὶ τῶν πεζῶν τοὺς ἀκοντιστάς,
 προῆγον διὰ τοῦ πεδίου, σπεύδοντες κατοπτεῦσαι
 τὰς ἀλλήλων δυνάμεις. ἅμα δὲ τῷ πλησιάζειν αὑτοῖς 
 καὶ συνιδεῖν τὸν κονιορτὸν ἐξαιρόμενον εὐθέως 
 συνετάττοντο πρὸς μάχην. ὁ μὲν οὖν Πόπλιος 
 προθέμενος τοὺς ἀκοντιστὰς καὶ τοὺς ἅμα
 τούτοις Γαλατικοὺς ἱππεῖς, τοὺς δὲ λοιποὺς ἐν μετώπῳ 
 καταστήσας προῄει βάδην. ὁ δ´ Ἀννίβας
 τὴν μὲν κεχαλινωμένην ἵππον καὶ πᾶν τὸ στάσιμον
 αὐτῆς κατὰ πρόσωπον τάξας ἀπήντα τοῖς πολεμίοις,
 τοὺς δὲ Νομαδικοὺς ἱππεῖς ἀφ´ ἑκατέρου τοῦ κέρατος 
 ἡτοιμάκει πρὸς κύκλωσιν. ἀμφοτέρων δὲ καὶ
 τῶν ἡγεμόνων καὶ τῶν ἱππέων φιλοτίμως διακειμένων 
 πρὸς τὸν κίνδυνον, τοιαύτην συνέβη γενέσθαι 
 τὴν πρώτην σύμπτωσιν ὥστε τοὺς ἀκοντιστὰς
 μὴ φθάσαι τὸ πρῶτον ἐκβαλόντας βέλος, φεύγειν
 δ´ ἐγκλίναντας εὐθέως διὰ τῶν διαστημάτων ὑπὸ
 τὰς παρ´ αὑτῶν ἴλας, καταπλαγέντας τὴν ἐπιφορὰν 
 καὶ περιδεεῖς γενομένους μὴ συμπατηθῶσιν ὑπὸ
 τῶν ἐπιφερομένων ἱππέων. οἱ μὲν οὖν κατὰ πρόσωπον 
 ἀλλήλοις συμπεσόντες ἐπὶ πολὺν χρόνον ἐποίουν 
 ἰσόρροπον τὸν κίνδυνον· ὁμοῦ γὰρ ἦν ἱππομαχία 
 καὶ πεζομαχία διὰ τὸ πλῆθος τῶν παρακαταβαινόντων 
 ἀνδρῶν ἐν αὐτῇ τῇ μάχῃ. τῶν δὲ
 Νομάδων κυκλωσάντων καὶ κατόπιν ἐπιπεσόντων,
 οἱ μὲν πεζακοντισταὶ τὸ πρῶτον διαφυγόντες τὴν
 σύμπτωσιν τῶν ἱππέων τότε συνεπατήθησαν ὑπὸ
 τοῦ πλήθους καὶ τῆς ἐπιφορᾶς τῶν Νομάδων· οἱ
 δὲ κατὰ πρόσωπον ἐξ ἀρχῆς διαμαχόμενοι πρὸς
 τοὺς Καρχηδονίους, πολλοὺς μὲν αὑτῶν ἀπολωλεκότες, 
 ἔτι δὲ πλείους τῶν Καρχηδονίων διεφθαρκότες, 
 συνεπιθεμένων ἀπ´ οὐρᾶς τῶν Νομάδων,
 ἐτράπησαν, οἱ μὲν πολλοὶ σποράδες, τινὲς δὲ περὶ
 τὸν ἡγεμόνα συστραφέντες.
  | [3,65] Le lendemain, les deux adversaires marchèrent l'un 
contre l'autre sur la rive du Tessin la plus 
proche des Alpes ; les Romains avaient la rivière 
à leur gauche, les Carthaginois à leur droite. Le jour 
suivant, quand on apprit de part et d'autre, par les 
fourrageurs, qu'on était tout près de l'ennemi, les 
deux armées s'arrêtèrent et campèrent à l'endroit où 
elles se trouvaient. Le troisième jour, les deux généraux 
firent avancer toute leur cavalerie dans la plaine, 
chacun voulant reconnaître les forces de l'autre : 
Scipion avait également pris avec lui ses fantassins 
armés de javelots. Quand ils virent, à la poussière qui 
s'élevait, qu'ils étaient tout près l'un de l'autre, tous 
deux rangèrent aussitôt leurs troupes en bataille : 
Scipion plaça en première ligne ses tirailleurs avec ses 
cavaliers gaulois, forma son front avec le reste et marcha 
à l'ennemi au petit pas ; Hannibal vint à sa rencontre, 
ayant au centre l'élite de ses cavaliers à chevaux 
bridés et la cavalerie numide sur les deux ailes, pour 
envelopper l'ennemi. Les deux généraux et leurs soldats 
ne demandaient qu'à combattre. L'effet du premier 
choc fut que les tirailleurs, effrayés par la charge des
cavaliers ennemis et craignant d'être foulés aux pieds 
par les chevaux qui fonçaient sur eux, s'enfuirent dès 
qu'ils eurent lancé leur premier javelot et se faufilèrent 
entre les escadrons romains, derrière lesquels 
ils s'abritèrent. Les deux centres s'élancèrent alors 
l'un sur l'autre. La lutte resta longtemps indécise. 
Beaucoup d'hommes sautaient à bas de leurs montures, 
si bien que ce même engagement était tour à tour un 
combat de cavalerie et d'infanterie. Pendant ce temps, 
les Numides tournaient les Romains et venaient tomber 
sur eux par derrière ; les fantassins qui avaient 
échappé une première fois à l'élan de la cavalerie 
ennemie furent alors écrasés sous le nombre et la 
violence de l'attaque. Quant au corps qui combattait 
de front contre la cavalerie carthaginoise, il avait 
perdu beaucoup de monde, tout en infligeant à l'adversaire 
des pertes encore plus considérables ; les 
Numides le prirent en queue et le mirent en déroute : 
la plupart des Romains se dispersèrent; quelques-uns 
restèrent groupés autour de leur général.
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