| [3,36] Ἵνα δὲ μὴ τῶν τόπων ἀγνοουμένων παντάπασιν
 ἀσαφῆ γίνεσθαι συμβαίνῃ τὴν διήγησιν, ῥητέον ἂν 
 εἴη πόθεν ὁρμήσας Ἀννίβας καὶ τίνας καὶ πόσους
 διελθὼν τόπους εἰς ποῖα μέρη κατῆρε τῆς Ἰταλίας.
 ῥητέον (δ´) οὐκ αὐτὰς τὰς ὀνομασίας τῶν τόπων καὶ
 ποταμῶν καὶ πόλεων, ὅπερ ἔνιοι ποιοῦσι τῶν συγγραφέων, 
 ὑπολαμβάνοντες ἐν παντὶ πρὸς γνῶσιν
 καὶ σαφήνειαν αὐτοτελὲς εἶναι τοῦτο τὸ μέρος. οἶμαι 
 δ´, ἐπὶ μὲν τῶν γνωριζομένων τόπων οὐ μικρὰ
 μεγάλα δὲ συμβάλλεσθαι πεποίηκε πρὸς ἀνάμνησιν
 ἡ τῶν ὀνομάτων παράθεσις· ἐπὶ δὲ τῶν ἀγνοουμένων 
 εἰς τέλος ὁμοίαν ἔχει τὴν δύναμιν ἡ τῶν ὀνομάτων 
 ἐξήγησις ταῖς ἀδιανοήτοις καὶ κρουσματικαῖς
 λέξεσι. τῆς γὰρ διανοίας ἐπ´ οὐδὲν ἀπερειδομένης
 οὐδὲ δυναμένης ἐφαρμόττειν τὸ λεγόμενον ἐπ´ οὐδὲν 
 γνώριμον, ἀνυπότακτος καὶ κωφὴ γίνεθ´ ἡ διήγησις. 
 διόπερ ὑποδεικτέος ἂν εἴη τρόπος, δι´ οὗ
 δυνατὸν ἔσται περὶ τῶν ἀγνοουμένων λέγοντας κατὰ
 ποσὸν εἰς ἀληθινὰς καὶ γνωρίμους ἐννοίας ἄγειν
 τοὺς ἀκούοντας.
 Πρώτη μὲν οὖν καὶ μεγίστη γνῶσις, ἔτι δὲ κοινὴ
 πᾶσιν ἀνθρώποις ἐστὶν ἡ τοῦ περιέχοντος ἡμᾶς
 διαίρεσις καὶ τάξις, καθ´ ἣν πάντες, ὧν καὶ μικρὸν
 ὄφελος, ἀνατολάς, δύσεις, μεσημβρίαν, ἄρκτον
 γνωρίζομεν· δευτέρα δέ, καθ´ ἣν ἑκάστῃ διαφορᾷ
 τῶν προειρημένων τοὺς ἐπὶ τῆς γῆς τόπους ὑποτάττοντες 
 καὶ φέροντες ἀεὶ τῇ διανοίᾳ τὸ λεγόμενον ἐπί (τι) τῶν 
 προειρημένων εἰς γνωρίμους καὶ συνήθεις ἐπινοίας 
 ἐμπίπτομεν ὑπὲρ τῶν ἀγνώστων καὶ ἀοράτων τόπων. 
 | [3,36] Pour que l'ignorance des lieux ne rende 
pas mon récit tout à fait obscur, il est bon que j'indique 
l'endroit d'où Hannibal est parti, toutes les 
régions par où il est passé et la partie de l'Italie par 
où il est entré. Il ne s'agit pas de nommer simplement 
les contrées, les rivières et les villes, comme font quelques 
historiens, qui s'imaginent que cela suffit pour les 
faire connaître et en donner une idée claire. En ce qui 
concerne les endroits connus, je crois que l'indication des 
noms est un excellent moyen de nous les remettre en 
mémoire ; mais pour ceux que nous ne connaissons 
pas du tout, cette énumération n'a pas plus de valeur 
que des vocables dénués de toute signification : ce 
n'est qu'un son qui frappe notre oreille ; l'esprit n'a 
aucun point d'appui, il ne peut faire aucun rapprochement 
entre ce qu'on lui dit et les connaissances 
qu'il possède déjà ; si bien que le récit devient confus 
et inintelligible. Il faudrait donc trouver une méthode 
qui permît, tout en parlant de choses inconnues, de 
les rattacher, dans une certaine mesure, à des concepts 
bien établis et familiers aux lecteurs. La première de 
ces notions, la plus importante et la plus universelle, 
accessible à tous ceux qui ont une lueur d'intelligence, 
est celle de la division de l'espace en quatre parties et 
de la répartition des lieux par leur position relative à
l'un des quatre points cardinaux: l'Orient, le Couchant, 
le Midi, le Nord. La seconde est celle par laquelle, en 
distribuant ainsi les diverses régions terrestres et en 
plaçant toujours par la pensée les endroits dont on 
nous parle dans une des zones ainsi déterminées, nous 
rapportons aux sites inconnus et nouveaux pour nous 
des images déjà acquises et familières.
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