[2,60] διόπερ οὐκ εἴ τινι τῶν ὁμοίων περιέπεσε δεινὸν ἡγητέον,
πολὺ δὲ δεινότερον, εἰ μηδενὸς τούτων πεῖραν λαβὼν
ἀθῷος ἀπέθανεν. οὐδ´ Ἀντιγόνῳ προσαπτέον οὐδ´
Ἀράτῳ παρανομίαν, ὅτι λαβόντες κατὰ πόλεμον
ὑποχείριον τύραννον στρεβλώσαντες ἀπέκτειναν, ὅν
γε καὶ κατ´ αὐτὴν τὴν εἰρήνην τοῖς ἀνελοῦσι καὶ
τιμωρησαμένοις ἔπαινος καὶ τιμὴ συνεξηκολούθει
παρὰ τοῖς ὀρθῶς λογιζομένοις. ὅτε δὲ χωρὶς τῶν
προειρημένων καὶ τοὺς Ἀχαιοὺς παρεσπόνδησεν, τί
παθεῖν ἦν ἄξιος; ἐκεῖνος γὰρ ἀπέθετο μὲν τὴν τυραννίδα
χρόνοις οὐ πολλοῖς πρότερον, ὑπὸ τῶν καιρῶν
συγκλειόμενος διὰ τὸν Δημητρίου θάνατον,
ἀνελπίστως δὲ τῆς ἀσφαλείας ἔτυχε περισταλεὶς ὑπὸ
τῆς τῶν Ἀχαιῶν πρᾳότητος καὶ καλοκἀγαθίας· οἵτινες
οὐ μόνον αὐτὸν τῶν ἐκ τῆς τυραννίδος ἀσεβημάτων
ἀζήμιον ἐποίησαν, ἀλλὰ καὶ προσλαβόντες
εἰς τὴν πολιτείαν τὴν μεγίστην τιμὴν περιέθεσαν,
ἡγεμόνα καὶ στρατηγὸν καταστήσαντες σφῶν αὐτῶν.
ὁ δ´ ἐπιλαθόμενος τῶν προειρημένων φιλανθρώπων
παρὰ πόδας, ἐπεὶ μικρὸν ἐπικυδεστέρας ἔσχε τὰς
ἐλπίδας ὑπὲρ τοῦ μέλλοντος ἐν Κλεομένει, τήν τε
πατρίδα καὶ τὴν ἑαυτοῦ προαίρεσιν ἀποσπάσας ἀπὸ
τῶν Ἀχαιῶν ἐν τοῖς ἀναγκαιοτάτοις καιροῖς προσένειμε
τοῖς ἐχθροῖς. ὃν ὑποχείριον γενόμενον οὐκ
ἐν Κεγχρεαῖς ἔδει τὴν νύκτα στρεβλούμενον ἀποθανεῖν,
ὡς Φύλαρχός φησιν, περιαγόμενον δ´ εἰς
τὴν Πελοπόννησον καὶ μετὰ τιμωρίας παραδειγματιζόμενον
οὕτως ἐκλιπεῖν τὸ ζῆν. ἀλλ´ ὅμως τοιοῦτος ὢν οὐδενὸς
ἔτυχε δεινοῦ πλὴν τοῦ καταποντισθῆναι διὰ τῶν
ἐπὶ ταῖς Κεγχρεαῖς τεταγμένων.
| [2,60] En somme, il n'y a pas lieu de crier à l'injustice
si Aristomachos a souffert quelques-uns des
maux qu'il avait infligés à ses semblables ; il serait
bien plus fâcheux qu'il fût mort dans l'impunité, sans
en avoir fait l'épreuve à son tour. Il ne faut pas non
plus accuser d'inhumanité Antigone et Aratos, pour
avoir fait périr dans les supplices le tyran qu'ils avaient
pris par la force des armes : ils l'auraient arrêté et
frappé en temps de paix, que les esprits droits n'auraient
pour eux que de l'estime et des éloges. Que ne
méritait-il pas, lui qui venait d'ajouter à la liste de
ses forfaits une nouvelle perfidie à l'égard des Achéens?
Peu de temps auparavant, réduit à la dernière extrémité
par la mort de Démétrios, il s'était démis du
pouvoir et avait trouvé auprès des Achéens un accueil
d'une douceur et d'une bienveillance inespérées : loin
de lui faire payer les crimes qu'il avait commis pendant
sa tyrannie, ils l'avaient admis dans leur confédération
et lui avaient conféré leur plus haute dignité, en le
mettant à la tête de leurs troupes avec le titre de
stratège. Mais il oublia aussitôt tous ces bienfaits, et
dès qu'il vit briller l'espérance de se rétablir par le
moyen de Cléomène, il quitta le parti des Achéens et
le fit quitter à sa patrie pour passer à l'ennemi au
moment où l'on avait le plus grand besoin de son concours.
Quand on l'eut pris, ce n'était pas à Cenchrées,
ce n'était pas pendant la nuit qu'on aurait dû le
torturer et le tuer, comme Phylarchos le raconte : il
fallait le traîner à travers tout le Péloponnèse, pour
donner à chacun son châtiment et sa mort en exemple.
Mais en réalité, on se contenta de le faire jeter à la
mer par les soins des autorités de Cenchrées.
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