| [1,64] καὶ τί δήποτ´ ἔστι τὸ αἴτιον, ἀπορήσαι τις ἄν, ὅτι κεκρατηκότες 
τῶν ὅλων καὶ πολλαπλασίαν ἔχοντες ὑπεροχὴν νῦν ἢ πρόσθεν
 οὔτ´ ἂν πληρῶσαι τοσαύτας ναῦς οὔτ´ ἀναπλεῦσαι
 τηλικούτοις στόλοις δυνηθεῖεν; οὐ μὴν ἀλλὰ περὶ
 μὲν ταύτης τῆς ἀπορίας σαφῶς ἐξέσται τὰς αἰτίας
 κατανοεῖν, ὅταν ἐπὶ τὴν ἐξήγησιν αὐτῶν τῆς πολιτείας 
ἔλθωμεν· ὑπὲρ ἧς οὔθ´ ἡμῖν ἐν παρέργῳ ῥητέον 
οὔτε τοῖς ἀκούουσιν ἀργῶς προσεκτέον. τὸ
 μὲν γὰρ θέαμα καλόν, σχεδὸν δ´ ὡς ἔπος εἰπεῖν
 ἄγνωστον ἕως τοῦ νῦν χάριν τῶν περὶ αὐτῆς συγγεγραφότων. 
οἱ μὲν γὰρ ἠγνοήκασιν, οἱ δ´ ἀσαφῆ
 καὶ τελέως ἀνωφελῆ πεποίηνται τὴν ἐξήγησιν. πλὴν
 ἔν γε τῷ προειρημένῳ πολέμῳ τὰς μὲν τῶν πολιτευμάτων 
ἀμφοτέρων προαιρέσεις ἐφαμίλλους εὕροι
 τις ἂν γεγενημένας οὐ μόνον ταῖς ἐπιβολαῖς ἀλλὰ
 καὶ ταῖς μεγαλοψυχίαις, μάλιστα δὲ τῇ περὶ τῶν
 πρωτείων φιλοτιμίᾳ, τούς γε μὴν ἄνδρας οὐ μικρῷ
 πολλῷ δὲ γενναιοτέρους ἐν παντὶ Ῥωμαίους· ἡγεμόνα
 δὲ καὶ γνώμῃ καὶ τόλμῃ θετέον ἄριστον Ἀμίλκαν
 τῶν τότε γεγονέναι τὸν Βάρκαν ἐπικαλούμενον, πατέρα 
δὲ κατὰ φύσιν Ἀννίβου τοῦ μετὰ ταῦτα πολεμήσαντος Ῥωμαίοις.
 | [1,64]  Mais comment se fait-il, me demandera-t-on, 
que Rome, maîtresse aujourd'hui du monde entier 
et beaucoup plus puissante qu'elle ne l'était alors, ne 
soit plus en état d'équiper et de mettre en mer des 
flottes aussi nombreuses ? Le problème s'éclaircira 
quand nous en viendrons à l'examen de sa constitution 
politique ; or cette question n'est pas de celles qu'un 
historien puisse traiter en passant et auxquelles les 
lecteurs ne doivent accorder qu'une attention superficielle ; 
c'est une matière très intéressante, mais pour 
ainsi dire inexplorée jusqu'à présent, et cela par la 
faute des écrivains qui l'ont abordée : les uns ignoraient 
la question, les autres l'ont exposée avec tant 
d'obscurité qu'il n'y a absolument rien à tirer de leur 
lecture. Du reste, au cours de la première guerre 
punique, on peut constater d'une part que les deux 
nations étaient animées d'une égale ardeur, qui se 
manifestait non seulement dans leurs décisions, mais 
dans leurs sentiments, surtout dans leur ambition 
d'obtenir la suprématie ; d'autre part, en ce qui 
concerne les soldats, on verra qu'en toute circonstance 
ceux de Rome se montraient bien supérieurs ; mais 
celui de tous les généraux qui se distingua le plus par
son génie et son courage fut Hamilcar, surnommé 
Barca, le père de cet Hannibal qui plus tard fit la 
guerre aux Romains.
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