HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre I

Chapitre 51

  Chapitre 51

[1,51] ἐπειδὴ δὲ σύνεγγυς αὑτῶν ἦσαν, ἀρθέντων τῶν συνθημάτων ἐφ´ ἑκατέρας τῆς ναυαρχίδος συνέβαλλον ἀλλήλοις. τὸ μὲν οὖν πρῶτον ἰσόρροπος ἦν κίνδυνος, ὡς ἂν ἀμφοτέρων τοῖς ἀρίστοις ἐκ τῆς πεζικῆς δυνάμεως ἐπιβάταις χρωμένων· ἀεὶ δὲ μᾶλλον ὑπερεῖχον οἱ Καρχηδόνιοι διὰ τὸ πολλὰ προτερήματα παρ´ ὅλον ἔχειν τὸν ἀγῶνα. τῷ τε γὰρ ταχυναυτεῖν πολὺ περιῆσαν διὰ τὴν διαφορὰν τῆς ναυπηγίας καὶ τὴν τῶν πληρωμάτων ἕξιν, τε χώρα μεγάλα συνεβάλλετ´ αὐτοῖς, ἅτε πεποιημένων τὴν ἔκταξιν ἀπὸ τῶν κατὰ τὸ πέλαγος τόπων. εἴτε γὰρ πιέζοιντό τινες ὑπὸ τῶν πολεμίων, κατόπιν ἀνεχώρουν ἀσφαλῶς διὰ τὸ ταχυναυτεῖν εἰς τὸν ἀναπεπταμένον τόπον· κἄπειτ´ ἐκ μεταβολῆς τοῖς προπίπτουσι τῶν διωκόντων, τοτὲ μὲν περιπλέοντες τοτὲ δὲ πλάγιοι προσπίπτοντες στρεφομένοις καὶ δυσχρηστοῦσι διὰ τὸ βάρος τῶν πλοίων καὶ διὰ τὴν ἀπειρίαν τῶν πληρωμάτων, ἐμβολάς τε συνεχεῖς ἐδίδοσαν καὶ πολλὰ τῶν σκαφῶν ἐβάπτιζον· εἴτε κινδυνεύοι τις τῶν συμμάχων, ἑτοίμως παρεβοήθουν ἔξω τοῦ δεινοῦ καὶ μετ´ ἀσφαλείας, παρὰ τὰς πρύμνας κατὰ τὸ πέλαγος ποιούμενοι τὸν πλοῦν. τοῖς γε μὴν Ῥωμαίοις τἀναντία τούτων συνέβαινε· τοῖς τε γὰρ πιεζομένοις οὐκ ἦν εἰς τοὔπισθεν δυνατὸν ἀποχωρεῖν, πρὸς τῇ γῇ ποιουμένοις τὸν κίνδυνον, ἀεὶ δὲ τὸ θλιβόμενον ὑπὸ τῶν κατὰ πρόσωπον σκάφος τοῖς βραχέσι περιπῖπτον ἐκάθιζε κατὰ πρύμναν πρὸς τὴν γῆν φερόμενον ἐπώκελλε. διεκπλεῖν μὲν οὖν διὰ τῶν πολεμίων νεῶν καὶ κατόπιν ἐπιφαίνεσθαι τοῖς ἤδη πρὸς ἑτέρους διαμαχομένοις, ὅπερ ἐν τῷ ναυμαχεῖν ἐστι πρακτικώτατον, ἀδυνάτως εἶχον διά τε τὴν βαρύτητα τῶν πλοίων, προσέτι δὲ καὶ τὴν ἀπειρίαν τῶν πληρωμάτων. οὐδὲ μὴν ἐπιβοηθεῖν τοῖς δεομένοις κατὰ πρύμναν ἐδύναντο διὰ τὸ συγκεκλεῖσθαι πρὸς τῇ γῇ καὶ μηδὲ μικρὸν ἀπολείπεσθαι τόπον τοῖς βουλομένοις ἐπαρκεῖν τῷ δεομένῳ. τοιαύτης δὲ δυσχρηστίας ὑπαρχούσης περὶ τὸν ὅλον ἀγῶνα, καὶ τῶν μὲν καθιζόντων ἐν τοῖς βράχεσι, τῶν δ´ ἐκπιπτόντων σκαφῶν, κατιδὼν στρατηγὸς τῶν Ῥωμαίων τὸ συμβαῖνον ὥρμησε πρὸς φυγήν, ἀπὸ τῶν εὐωνύμων παρὰ τὴν γῆν ἐξελίξας, καὶ σὺν αὐτῷ περὶ τριάκοντα νῆας, αἵπερ ἔτυχον ἐγγὺς οὖσαι. τῶν δὲ λοιπῶν σκαφῶν, ὄντων ἐνενήκοντα καὶ τριῶν, ἐκυρίευσαν οἱ Καρχηδόνιοι καὶ τῶν πληρωμάτων, ὅσοι μὴ τῶν ἀνδρῶν τὰς ναῦς εἰς τὴν γῆν ἐκβαλόντες ἀπεχώρησαν. [1,51] Quand les deux flottes furent en contact, un signal s'éleva de part et d'autre sur le vaisseau amiral, et des deux côtés on se rua à l'attaque. La bataille fut d'abord indécise, parce que c'était l'élite des deux armées de terre qui donnait ; mais les Carthaginois prenaient de plus en plus le dessus. Toutes les chances étaient en effet de leur côté, pour diverses raisons : leurs navires étant mieux construits et leurs équipages mieux exercés, leurs mouvements étaient beaucoup plus rapides; de plus, comme ils avaient pris position du côté du large, ils avaient l'avantage de la situation. S'ils étaient pressés par l'ennemi, leur légèreté leur permettait de se retirer en toute sûreté vers la haute mer : puis, quand on les poursuivait trop avant, ils faisaient volte-face, tournaient leur adversaire ou tombaient sur lui de flanc. Les Romains avaient peine à virer, avec leurs pesantes embarcations et leurs rameurs trop novices ; aussi leurs vaisseaux étaient-ils sans cesse abordés, et un grand nombre d'entre eux furent coulés. Si un navire carthaginois était en danger, ceux de son parti pouvaient venir à son secours sans courir aucun risque, en passant au large derrière les autres bâtiments. La situation des Romains était exactement inverse ; s'ils étaient pressés, ils n'avaient pas la place de reculer, puisque le champ de bataille touchait à la côte ; quand un des leurs vaisseaux était menacé de front, il allait échouer sa poupe sur des bancs de sable ou la briser contre les falaises. La manoeuvre la plus efficace qu'on puisse faire dans un combat naval, celle de se glisser au travers des ennemis et de prendre à revers un bâtiment déjà aux prises avec un premier adversaire, leur était impossible en raison des défauts signalés plus haut, la lourdeur de leurs embarcations et l'inexpérience de leurs rameurs. Bloqués contre la terre, ne s'étant pas réservé derrière eux le moindre espace, ils ne pouvaient évoluer pour se porter mutuellement secours en cas de besoin. Au milieu de cet embarras général, les navires s'enlisaient dans les bas-fonds ou étaient jetés à la côte. A cette vue, le consul, qui était à l'aile gauche, prit la fuite en se glissant le long du rivage avec une trentaine de bâtiments qui se trouvaient auprès de lui ; tous les autres, au nombre de quatre-vingt-treize, furent pris par les Carthaginois avec leur équipage, à l'exception de quelques hommes, qui s'échappèrent des navires échoués.


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Dernière mise à jour : 2/03/2006