HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre I

Chapitre 14

  Chapitre 14

[1,14] Οὐχ ἧττον δὲ τῶν προειρημένων παρωξύνθην ἐπιστῆσαι τούτῳ τῷ πολέμῳ καὶ διὰ τὸ τοὺς ἐμπειρότατα δοκοῦντας γράφειν ὑπὲρ αὐτοῦ, Φιλῖνον καὶ Φάβιον, μὴ δεόντως ἡμῖν ἀπηγγελκέναι τὴν ἀλήθειαν. ἑκόντας μὲν οὖν ἐψεῦσθαι τοὺς ἄνδρας οὐχ ὑπολαμβάνω, στοχαζόμενος ἐκ τοῦ βίου καὶ τῆς αἱρέσεως αὐτῶν· δοκοῦσι δέ μοι πεπονθέναι τι παραπλήσιον τοῖς ἐρῶσι. διὰ γὰρ τὴν αἵρεσιν καὶ τὴν ὅλην εὔνοιαν Φιλίνῳ μὲν πάντα δοκοῦσιν οἱ Καρχηδόνιοι πεπρᾶχθαι φρονίμως, καλῶς, ἀνδρωδῶς, οἱ δὲ Ῥωμαῖοι τἀναντία, Φαβίῳ δὲ τοὔμπαλιν τούτων. ἐν μὲν οὖν τῷ λοιπῷ βίῳ τὴν τοιαύτην ἐπιείκειαν ἴσως οὐκ ἄν τις ἐκβάλλοι· καὶ γὰρ φιλόφιλον εἶναι δεῖ τὸν ἀγαθὸν ἄνδρα καὶ φιλόπατριν καὶ συμμισεῖν τοῖς φίλοις τοὺς ἐχθροὺς καὶ συναγαπᾶν τοὺς φίλους· ὅταν δὲ τὸ τῆς ἱστορίας ἦθος ἀναλαμβάνῃ τις, ἐπιλαθέσθαι χρὴ πάντων τῶν τοιούτων καὶ πολλάκις μὲν εὐλογεῖν καὶ κοσμεῖν τοῖς μεγίστοις ἐπαίνοις τοὺς ἐχθρούς, ὅταν αἱ πράξεις ἀπαιτῶσι τοῦτο, πολλάκις δ´ ἐλέγχειν καὶ ψέγειν ἐπονειδίστως τοὺς ἀναγκαιοτάτους, ὅταν αἱ τῶν ἐπιτηδευμάτων ἁμαρτίαι τοῦθ´ ὑποδεικνύωσιν. ὥσπερ γὰρ ζῴου τῶν ὄψεων ἀφαιρεθεισῶν ἀχρειοῦται τὸ ὅλον, οὕτως ἐξ ἱστορίας ἀναιρεθείσης τῆς ἀληθείας τὸ καταλειπόμενον αὐτῆς ἀνωφελὲς γίνεται διήγημα. διόπερ οὔτε τῶν φίλων κατηγορεῖν οὔτε τοὺς ἐχθροὺς ἐπαινεῖν ὀκνητέον, οὔτε δὲ τοὺς αὐτοὺς ψέγειν, ποτὲ δ´ ἐγκωμιάζειν εὐλαβητέον, ἐπειδὴ τοὺς ἐν πράγμασιν ἀναστρεφομένους οὔτ´ εὐστοχεῖν αἰεὶ δυνατὸν οὔθ´ ἁμαρτάνειν συνεχῶς εἰκός. ἀποστάντας οὖν τῶν πραττόντων αὐτοῖς τοῖς πραττομένοις ἐφαρμοστέον τὰς πρεπούσας ἀποφάσεις καὶ διαλήψεις ἐν τοῖς ὑπομνήμασιν. [1,14] Une autre raison m'a encore poussé à insister sur cette guerre : c'est que les écrivains qui passent pour en avoir parlé avec le plus de compétence, Philinos et Fabius, n'en ont pas fait, à mon avis, une relation suffisamment véridique. Je ne pense pas qu'ils aient menti sciemment : leur vie, leur caractère font écarter cette supposition ; mais leur jugement s'est trouvé faussé, je crois, tout comme celui des amoureux. L'inclination, la vive sympathie de Philinos pour les Carthaginois lui font trouver toutes leurs actions judicieuses, admirables, héroïques, et celles des Romains absolument opposées ; pour Fabius, c'est l'inverse. En toute autre circonstance, on pourrait admettre cette partialité : c'est un devoir pour un homme de bien d'aimer sa patrie et ses amis, de haïr leurs ennemis, de chérir ceux qui les aiment ; mais ces dispositions sont incompatibles avec l'esprit historique : l'historien a souvent à faire le plus vif éloge de ses ennemis, quand leur conduite le mérite, et non moins souvent à critiquer sans ménagement ses amis les plus chers, quand leurs fautes le comportent. Un animal privé de la vue n'est plus bon à rien; de même, si une histoire n'est pas véridique, elle se réduit à une narration sans valeur. Il ne faut donc pas hésiter à blâmer ses amis ou à louer ses ennemis, ni à distribuer tour à tour le blâme et l'éloge aux mêmes personnes ; car il est impossible qu'un homme qui agit ne s'écarte jamais du droit chemin et invraisemblable qu'il s'en tienne toujours éloigné. Quand l'historien veut porter un jugement, il doit fonder son appréciation sur les actions elles-mêmes, en faisant abstraction de la personnalité de leurs auteurs.


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Dernière mise à jour : 2/03/2006