[5] V. ὅρα δὴ πρῶτον μὲν οἷα ποιοῦσι,
τὴν εἴθ´ ἡδονὴν ταύτην εἴτ´ ἀπονίαν ἢ εὐστάθειαν ἄνω καὶ
κάτω μετερῶντες ἐκ τοῦ σώματος εἰς τὴν ψυχήν, εἶτα
πάλιν ἐκ ταύτης εἰς ἐκεῖνο τῷ μὴ στέγειν ἀπορρέουσαν
καὶ διολισθάνουσαν ἀναγκαζόμενοι τῇ ἀρχῇ συνάπτειν, καί
’τὸ μὲν ἡδόμενον‘, ὥς φησι, ’τῆς σαρκὸς τῷ χαίροντι
τῆς ψυχῆς ὑπερείδοντες, αὖθις δ´ ἐκ τοῦ χαίροντος εἰς
τὸ ἡδόμενον τῇ ἐλπίδι τελευτῶντες.‘ καὶ πῶς οἷόν τε τῆς
βάσεως τινασσομένης μὴ συντινάσσεσθαι τὸ ἐπὸν ἢ βέβαιον
ἐλπίδα καὶ χαρὰν ἀσάλευτον εἶναι περὶ πράγματος
σάλον ἔχοντος τοσοῦτον καὶ μεταβολάς, ὅσαι σφάλλουσι τὸ
σῶμα, πολλαῖς μὲν ἔξωθεν ὑποκείμενον ἀνάγκαις καὶ πληγαῖς
ἐν αὑτῷ δ´ ἔχον ἀρχὰς κακῶν, ἃς οὐκ ἀποτρέπει λογισμός;
οὐδὲ γὰρ ἂν προσέπιπτεν ἀνδράσι νοῦν ἔχουσι
στραγγουρικὰ πάθη καὶ δυσεντερικὰ καὶ φθίσεις καὶ
ὕδρωπες, ὧν τοῖς μὲν αὐτὸς Ἐπίκουρος συνηνέχθη τοῖς δὲ
Πολύαινος τὰ δὲ Νεοκλέα καὶ Ἀγαθόβουλον ἐξήγαγε. καὶ
ταῦτ´ οὐκ ὀνειδίζομεν, εἰδότες καὶ Φερεκύδην καὶ
Ἡράκλειτον ἐν νόσοις χαλεπαῖς γενομένους, ἀλλ´ ἀξιοῦμεν
αὐτούς, εἰ τοῖς πάθεσι βούλονται τοῖς ἑαυτῶν ὁμολογεῖν |
καὶ μὴ κεναῖς φωναῖς θρασυνόμενοι καὶ δημαγωγοῦντες
ἀλαζονείαν προσοφλισκάνειν, ἢ μὴ λαμβάνειν χαρᾶς ἀρχὴν
ἁπάσης 〈τὴν〉 τῆς σαρκὸς εὐστάθειαν ἢ μὴ φάναι χαίρειν
καὶ ὑβρίζειν τοὺς ἐν πόνοις ὑπερβάλλουσι καὶ νόσοις γινομένους.
κατάστημα μὲν γὰρ εὐσταθὲς σαρκὸς γίνεται
πολλάκις, ἔλπισμα δὲ πιστὸν ὑπὲρ σαρκὸς καὶ βέβαιον οὐκ
ἔστιν ἐν ψυχῇ νοῦν ἐχούσῃ γενέσθαι· ἀλλ´ ὥσπερ ἐν θαλάσσῃ
κατ´ Αἰσχύλον ’ὠδῖνα τίκτει νὺξ κυβερνήτῃ
σοφῷ‘ καὶ γαληνή (τὸ γὰρ μέλλον ἄδηλον), οὕτως
ἐν σώματι ψυχὴν εὐσταθοῦντι καὶ ταῖς περὶ σώματος
ἐλπίσι τἀγαθὸν θεμένην οὐκ ἔστιν ἄφοβον καὶ ἀκύμονα
διεξαγαγεῖν. οὐ γὰρ ἔξωθεν μόνον, ὥσπερ ἡ θάλασσα,
χειμῶνας ἴσχει καὶ καταιγισμοὺς τὸ σῶμα, πλείονας δὲ
ταραχὰς ἐξ ἑαυτοῦ καὶ μείζονας ἀναδίδωσιν· εὐδίαν δὲ
χειμερινὴν μᾶλλον ἄν τις ἢ σαρκὸς ἀβλάβειαν ἐλπίσειεν
αὑτῷ παραμενεῖν βεβαίως. τὸ γὰρ ἐφήμερα 〈τὰ ἡμέτερα〉
καλεῖν καὶ ἀβέβαια καὶ ἀστάθμητα φύλλοις τε γινομένοις
ἔτους ὥρᾳ καὶ φθίνουσιν εἰκάζειν τὸν βίον τί παρέσχηκεν
ἄλλο τοῖς ποηταῖς ἢ τὸ τῆς σαρκὸς ἐπίκηρον καὶ πολυβλαβὲς
καὶ νοσῶδες, ἧς δὴ καὶ τὸ ἄκρον ἀγαθὸν δεδιέναι
καὶ κολούειν παρεγγυῶσι· ’σφαλερὸν γὰρ αἱ εἰς ἄκρον
εὐεξίαι‘ φησὶν Ἱπποκράτης, ’ὁ δ´ ἄρτι θάλλων
σαρκὶ διοπετὴς ὅπως ἀστὴρ ἀπέσβη‘ κατὰ τὸν Εὐριπίδην·
ὑπὸ δὲ βασκανίας καὶ φθόνου βλάπτεσθαι
προσορωμένους οἴονται τοὺς καλούς, ὅτι τάχιστα τὸ ἀκμάζον
ἴσχει μεταβολὴν τοῦ σώματος δι´ ἀσθένειαν.
| [5] Mais voyez d'abord comme procèdent les Epicuriens.
Cette disposition, que ce soit ou volupté, ou exemption de
maux, ou équilibre parfait, ils la promènent en haut et en
bas. Ils la font passer du corps dans l'âme, puis de l'âme
dans le corps, parce qu'elle ne peut être maintenue ni par
l'une ni par l'autre, parce qu'elle s'écoule, qu'elle glisse; et
sont forcés d'en revenir "au principe du plaisir de la chair"
duquel Epicure, (il le dit lui-même), fait la base de tout
bonheur pour l'âme. Réciproquement, ils sont forcés aussi
de donner pour terme à ce bonheur l'espérance des plaisirs
sensuels. Mais comment se peut-il que si la base est
ébranlée, l'édifice ne le soit pas eu même temps? Un espoir
solide, une joie inaltérable ne sauraient être le résultat d'une
chose si agitée et si changeante qu'est le corps: machine
exposée à tant de nécessités et d'attaques extérieures, machine
renfermant en soi des causes de maux contre lesquels
la raison est impuissante. S'il en était ainsi, les gens
sensés ne se verraient pas assaillis par des rétentions d'urine,
des dysenteries, des consomptions, des hydropisies,
comme ont souffert des unes ou des autres et Epicure, et
Polyène, ou comme en sont morts Néoclès et Agathobule.
Aux Dieux ne plaise que nous leur en fassions des reproches,
sachant que Phérécyde et Héraclite ont été en proie à des
maladies cruelles. Mais nous pensons, que si les Epicuriens
veulent être d'accord avec leurs propres sentiments et ne
pas s'exposer, par des discours vains et par une recherche
impudente de la popularité, à passer pour des arrogants,
nous pensons, dis-je, qu'ils doivent renoncer ou à présenter
la bonne disposition du corps comme principe de toute joie,
ou à prétendre que ceux qui éprouvent des fatigues excessives
et des maladies sont dans l'allégresse et se rient de
leurs propres souffrances. Car souvent l'équilibre de la
chair est parfait, mais un espoir constant et assuré de la
prolongation de cet état ne saurait naître dans l'esprit d'une
personne sensée. Comme sur mer, suivant Eschyle,
"Un pilote prudent s'effraye de la nuit,"
et s'inquiète même du temps calme, attendu que l'avenir
est inconnu; de même une âme qui place le bonheur dans le
parfait équilibre du corps et dans les espérances fondées
par elle sur ce corps, ne saurait vivre sans craintes et sans
agitations. Car ce n'est pas du dehors seulement, comme il
arrive pour la mer, que des orages et des tempêtes viennent
assaillir le corps : c'est du milieu de lui-même que s'élèvent
les plus nombreux, les plus graves désordres. On compterait
bien plus justement et bien plus solidement sur le calme au
milieu de la tempête que sur la persistance d'une santé
inaltérable. Pourquoi ces épithètes a d'éphémères», de
"passagers", de "périssables", données aux humains? Pourquoi
ces comparaisons de la vie avec des feuilles qui naissent
dans certaines saisons de l'année et se flétrissent dans
certaines autres'? Qui en a inspiré la pensée aux poètes, sinon
cette certitude où nous sommes que la chair est mortelle,
exposée à mille accidents, à mille maladies ? Et l'excès
du bien être est une situation que l'on engage à craindre
et à éviter. «Car, dit Hippocrate, la trop bonne santé
est un état qui a son péril.»
"Tel brillait de santé, qui succombe à nos yeux,
Comme un astre s'éclipse et disparaît des cieux."
Pourquoi suppose-t-on que les regards envieux et jaloux
fassent perdre la beauté à ceux sur qui ils se portent?
Parce que cette beauté est une fleur, que la faiblesse des
corps altère et détruit en un instant.
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