[25] XXV. Καὶ ὁ Θέων ὥσπερ ἐκβιασθείς ‘ἀλλ´ εἰ δοκεῖ ταῦτα’
ἔφη ‘ποιεῖν, οὐ μιμήσομαί σε, ὦ Ἀριστόδημε. σὺ μὲν γὰρ
ἐφοβήθης τὰ τούτου λέγειν, ἐγὼ δὲ χρήσομαι τοῖς σοῖς.
ὀρθῶς γάρ μοι διαιρεῖν ἔδοξας εἰς τρία γένη τοὺς ἀνθρώπους,
τὸ τῶν ἀδίκων καὶ πονηρῶν, δεύτερον δὲ τὸ τῶν
πολλῶν καὶ ἰδιωτῶν, τρίτον δὲ τὸ τῶν ἐπιεικῶν καὶ νοῦν
ἐχόντων. οἱ μὲν οὖν ἄδικοι καὶ πονηροὶ τὰς καθ´ Ἅιδου
δίκας καὶ τιμωρίας δεδιότες καὶ φοβούμενοι κακουργεῖν
καὶ διὰ τοῦτο μᾶλλον ἡσυχίαν ἄγοντες ἥδιον βιώσονται
καὶ ἀταρακτότερον. οὐ γὰρ Ἐπίκουρος ἄλλῳ τινὶ τῆς
ἀδικίας οἴεται δεῖν ἀπείργειν ἢ φόβῳ κολάσεων. ὥστε καὶ
προσεμφορητέον ἐκείνοις τῆς δεισιδαιμονίας καὶ κινητέον
ἐπ´ αὐτοὺς ἅμα τὰ ἐξ οὐρανοῦ καὶ γῆς δείματα καὶ χάσματα
καὶ φόβους καὶ ὑπονοίας, εἰ μέλλουσιν ἐκπλαγέντες ὑπὸ
τούτων ἐπιεικέστερον ἔχειν καὶ πραότερον. λυσιτελεῖ γὰρ
αὐτοῖς τὰ μετὰ τὸν θάνατον φοβουμένοις μὴ ἀδικεῖν ἢ
ἀδικοῦσιν ἐπισφαλῶς ἐν τῷ βίῳ διάγειν καὶ περιφόβως.
| [25] Alors Théon, comme forcé : «Au moins, reprit-il, si
l'on juge que je doive parler encore, je ne ferai pas comme
vous, Aristodème. Vous avez craint de reproduire les arguments
de Plutarque. Moi, je me servirai des vôtres. Très
judicieusement, à mon sens, vous avez partagé l'espèce humaine
en trois catégories : ceux qui sont injustes et pervers ;
puis le vulgaire et les ignorants; enfin les hommes bons et sensés.
Ceux qui sont pervers et injustes, par crainte des condamnations
et des châtiments de l'Enfer n'oseront point faire
le mal; et, cette crainte les déterminant surtout à rester
tranquilles, ils mèneront une existence plus agréable et plus
exempte de trouble. Car, d'après Épicure, il ne faut pas
d'autre frein pour arrêter l'injustice que la crainte des châtiments.
Si bien que l'on devrait même saturer ces gens-là de
superstition, et brandir contre eux à la fois les terreurs du
ciel et celles de la terre, multiplier devant eux les gouffres
béants, les sujets d'effroi et de méfiance, puisque c'est à
condition de trembler devant une telle perspective qu'ils
deviendront plus modérés et plus sages. Mieux vaut pour
eux, par crainte de ce qui arrivera après la mort, ne pas
commettre d'injustice, que s'ils passaient leur existence dans
l'anxiété et les alarmes.
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